ALBERTO GIACOMETTI : SILHOUETTES LONGILIGNES
Alberto Giacometti est né en Suisse, dans le canton des Grisons en 1901
Son père,Giovanni Giacometti, lui-même peintre, le pousse à s'intéresser à l'art. Il peint ses premières œuvres dans le domicile familial, essentiellement des portraits des membres de sa famille ou de ses condisciples, reprenant le style postimpressionniste paternel. Au terme de ses écoles obligatoires, Alberto part étudier à l'École des beaux-arts de Genève avant d’arriver à Paris en janvier 1922.
Il découvre le cubisme, l’art africain et la statuaire grecque et s'en inspire dans ses premières œuvres à l'Académie de La Grande Chaumière .
Ses sculptures sont en plâtre, ensuite parfois peintes ou coulées en bronze, technique qu'il pratiquera jusqu'à la fin de sa vie.
L'Académie de la Grande Chaumière est une école d'art privée située à Paris au 14, rue de la Grande-Chaumière. Bien que non situé stricto sensu au sein du quartier du Montparnasse, célèbre foyer historique de la vie artistique et intellectuelle de la capitale, le nom de cette institution y est souvent associé. Fondée en 1904 par la Suissesse Martha Stettler.
En 1926, il emménage d’un atelier minuscule, d’à peine 23m2, au 46 de la rue Hyppolite-Maindron, dans le quartier du Montparnasse=
Étrangement, il ne quittera jamais les lieux : ni sa carrière couronnée de succès ni son mariage avec Annette Arm ne le feront déménager, malgré l’inconfort du lieu. Alberto, qui est très proche de Diego, son cadet de 13 mois, accueille son frère dans ce même atelier à partir de 1927.
Il annexera ensuite l’atelier en face du sien pour l’y installer.
Alberto, Diego et Annette
Comme lui, Diego est un artiste : leur collaboration était d’ailleurs tellement étroite qu’il fut parfois difficile de dissocier leurs travaux. On ne connait pas exactement la répartition exacte du travail entre les deux frères, mais il est presque certain que Diego s’occupait de la réalisation des œuvres qu’Alberto créait. Il fut aussi et surtout son modèle masculin le plus récurrent, et c’est bien souvent son visage qui se cache derrière les têtes énigmatiques des sculptures.
Après avoir créé des sculptures « plates » (Femme, 1929) et « ouvertes » (Homme et Femme, 1929), Giacometti se rapproche des surréalistes et expose, à partir de 1930, aux côtés de Joan Miró et Jean Arp, à la galerie Pierre avec laquelle il a passé un contrat en 1929. Il rencontre Tristan Tzara, René Crevel, Louis Aragon, André Breton, Salvador Dalí, André Masson. Il adhère officiellement au groupe surréaliste parisien en 1931.
Il réalise des gravures et des dessins pour illustrer des livres de René Crevel, Tristan Tzara et André Breton. Il participe à la rédaction des revues du groupe.
Avec La Boule suspendue, Giacometti réalise le premier « objet à fonctionnement symbolique » (1930)
Giacometti : « Depuis des années, je n'ai réalisé que des sculptures qui se sont offertes tout achevées à mon esprit ; je me suis borné à les reproduire dans l'espace sans y rien changer, sans me demander ce qu'elles pouvaient signifier. [...] Rien ne m’est jamais apparu sous la forme de tableau, je vois rarement sous la forme de dessin. Les tentatives auxquelles je me suis livré quelquefois, de réalisation consciente d'une table ou même d'une sculpture ont toujours échoué. [...] L’objet une fois construit, j’ai tendance à y retrouver transformés et déplacés des images, des impressions, des faits qui m’ont profondément ému (souvent à mon insu), des formes que je sens m’être très proches, bien que je sois souvent incapable de les identifier, ce qui me les rend toujours plus troublantes... » (Minotaure, 1933).
Il fait une série de sculptures surréalistes qui enchantent Breton dont :
L’Objet invisible (1934),
La plupart de ses œuvres de jeunesse ou surréalistes sont connues par leur édition en bronze faite dans les dix dernières années de la vie de l'artiste=
Cube
Femme qui marche
Femme couchée qui rêve
Femme égorgée
Cage
Fleur en danger
Objet désagréable à jeter
Table
Tête crâne
L'inquiétude, l'onirisme, l'incertitude, la violence sont sont les caractéristiques des sculptures de cette époque.
À partir de 1935, Giacometti délaisse l'anecdote et les titres littéraires pour poursuivre une quête de la représentation de la réalité, produisant des séries de têtes pour lesquelles posent son frère et un modèle.
Giacometti reprend et détruit sans cesse ses sculptures, son sujet semble se dissoudre dans sa tentative réitérée, sans relâche, de « voir » le réel. Tête, buste, en pied, immobile ou en mouvement, la figure est son sujet unique et obsessionnel. Inlassablement, il tente de faire advenir une présence au monde. Jusqu’à la fin de sa vie, il poursuit, en sculpture et en peinture, cette recherche.
Breton dira : « Au terme de ses nouvelles recherches, j’ai vérifié avec enthousiasme qu’en sculpture, Giacometti était parvenu à faire la synthèse de ses préoccupations antérieures de laquelle m’a toujours paru dépendre la création du style de notre époque. »
Néanmoins, Giacometti décline la proposition de Breton de le rejoindre et de participer activement à l'exposition que Breton prépare à la galerie Maeght : Le Surréalisme en 1947. Certaines de ses œuvres font néanmoins écho au surréalisme
Dans les années 1946/1947 ,le nouveau style de Giacometti, se caractérise par de hautes figures filiformes. Sa production est stimulée par les relations qu'il renoue avec le marchand new-yorkais Pierre Matisse qui accueille sa première exposition personnelle d'après-guerre en .
Grâce à la reconduction des accords passés en 1936 avec le galeriste, Giacometti peut faire fondre en bronze, en 1947, huit de ses nouvelles sculptures:
"L'Homme qui pointe "
le premier "Homme qui marche."
En 1948,
Les Trois Hommes qui marchent
la Place.
Alberto Giacometti épouse Annette Arm en 1949.
C'est pour l'exposition à la galerie Pierre Matisse de que Giacometti produit quelques-unes de ses plus fameuses sculptures dont commence l'édition en bronze :
Quatre femmes sur socle,
Quatre figurines sur piédestal,
La Forêt,
La Clairière,
La Cage,
Le Chariot,
La Femme qui marche entre deux boîtes qui sont des maisons.
En 1948, Jean-Paul Sartre avait signé la préface de sa première exposition à New York, « La Recherche de l'absolu ».
En 1951, ce sont Leiris et Ponge qui accompagnent l'exposition chez Maeght.
En 1954, Sartre écrit un autre texte de référence sur l'artiste. La même année, Giacometti rencontre Jean Genet dont il fait le portrait et c'est pour la publication de la galerie Maeght, Derrière le miroir, que Genet écrit en 1957 un des plus brillants essais sur l'artiste, L'Atelier d'Alberto Giacometti.
Alberto Giacometti meurt à l’hôpital cantonal de Coire, en Suisse, le . Son corps est transféré à Borgonovo et inhumé auprès de la tombe de ses parents.
Sa veuve, qui lui survit jusqu'au , se consacre à la défense de son œuvre et a créé par testament la Fondation Alberto et Annette Giacometti, reconnue d'utilité publique en 2003, dont le siège est à Paris. Elle comprend un grand nombre de tableaux et de sculptures de l'artiste, ainsi qu'un centre de recherche et de documentation.
L'Institut Giacometti qui vient d'ouvrir ses portes à Paris, au coeur de Montparnasse, invite les visiteurs à découvrir les oeuvres du célèbre sculpteur suisse dans l'intimité d'un petit hôtel particulier Art déco. Pièce maîtresse : la reconstitution de son atelier, dans lequel il aura passé près de quarante ans, et dont chaque élément, des murs à son chevalet, ont été soigneusement conservés.
- 5 rue Victor Schoelcher, Paris XIVe
D'un étage à l'autre, on découvre, au plus près, une cinquantaine d'oeuvres, sculptures, peintures ou dessins souvent inédits : du célèbre groupe des "Femmes de Venise", qui n'avaient jamais été exposées ensemble en France, jusqu'à la première version de "La cage" en passant par le portrait de Jean Genet, son ami. L'accent a d'ailleurs été mis sur la relation entre les deux artistes, une réelle relation d'amitié et d'admiration depuis leur rencontre en 1954, grâce à Jean-Paul Sartre. L'écrivain acceptera de poser pour le sculpteur et révèlera les dessous de ces séances dans un livre devenu une référence, "L'atelier de Giacometti". Giacometti, lui, s'essayera à illustrer des oeuvres de Genet, comme "Le balcon", dont l'exposition dévoile les études.
Le Monde:
« Ce lieu est petit , mais il est utilisé au maximum , c’est comme un couteau suisse . » La formule est amusante pour décrire l’écrin offert à l’œuvre de l’artiste suisse, Alberto Giacometti (1901-1966), aux figures fines comme des lames .Elle est de Catherine Grenier , directrice de la Fondation Giacometti et de son institut, qui ouvre au public mardi 26 juin, dans le quartier Montparnasse, à Paris.
L’ensemble avait été archivé à la mort de l’artiste par sa veuve, Annette Giacometti. Même les murs recouverts de dessins de cet exigu studio , dont il n’était pas propriétaire , avaient été démontés. La beauté fantomatique de ces 23 m 2 immortalisés par tant de photographes est intacte. Son mobilier rudimentaire, ses fins pinceaux , les brosses avec lesquelles il enlevait des détails, les bouteilles de térébenthine : tout est là, jusqu’aux mégots dans le cendrier . Et surtout ses pièces en cours . L’ultime , un portrait en terre non cuite du photographe Eli Lotar encore jamais montré et à la dégradation inexorable. Au total , plus de 70 sculptures ,...
Le 6 juin 2018, est sorti au cinéma le nouveau film de Stanley Tucci, « The Final Portrait », dédié aux dernières années de la vie du peintre et sculpteur Alberto Giacometti (1901-1966).
ANNE VR(-_-)xxx
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