ROBERT VALLERY-RADOT: L'AMI DE MAURIAC ET DE BERNANOS .
Robert Vallery-Radot ,Huile de son fils Jacques Vallery-Radot en 1934.
Robert Vallery-Radot
" Mon grand-père ce moine au sourire si doux ":<<....Je fonde beaucoup d'espoirs sur toi dans l'avenir de la famille et je compte beaucoup sur toi ,tu le sais , pour faire honneur à notre famille dans laquelle "Les goûts littéraires"sont un héritage ; je crois bien que tu sauras écrire ....>>
Lettre de Robert Vallery-Radot 1968 à Anne ,sa petite fille, (fille ainée de Jacques )
Père Irénée ,en religion .L'Abbaye Notre-Dame De Grâce de Bricquebec ou vécut Père Irénée de 1953 à 1970 année de sa mort .
Robert Vallery-Radot ,Père Irénée :Huile de son fils Jacques Vallery-Radot , tableau fait en 1953 .
Père Irénée avec le Père Abbé Dom Marie-Joseph Marquis (qui était Abbé à l'abbaye depuis 1940)
Messe du Père Albéric à la Crypte de L'abbaye
Portail de l'église Notre Dame de Grâce
Le Préau de l'abbaye
Porterie de l'abbaye
Carte de voeux du Père Nivard ,adressée à mon père Jacques Vallery-Radot , le fils ainé de Robert
L'abbaye,fondée en 1824 abrite une communauté d'une vingtaine de moines cisterciens. À la fin du XIXème siècle, l'abbaye Notre-Dame de Grâce a été à l'origine des fondations cisterciennes au Japon. Les hôtes sont bienvenus à l'hôtellerie, qu'ils soient seuls, en famille ou en groupe, hommes et femmes.
Pour moi, Robert Vallery-Radot est tout simplement "Mon grand-père" ,un moine doux et aimant vivant à L'Abbaye "Notre-Dame de Grâce"de Bricquebec dans la manche puisque je ne l'ai connu qu'en tant que "moine" et que je croyais que tous les grands-pères étaient moines ...Ce couvent fait partie de l'ordre des Cisterciens , un des ordres les plus stricts .Pas question d'y laisser entrer les femmes ,ce qui était incompréhensible pour la petite fille que j'étais , je ne pouvais donc voir mon grand-père qu'en face du couvent , à l'Hôtellerie des Dames .J'étais très proche de cet homme vêtu de blanc , qui me protégeait en m'enveloppant dans les manches de sa robe blanche.
Mes premiers souvenirs remontent à un Noël de 1956 , j'avais quatre ans ;Les moines avaient préparé un arbre de Noël éclairé de Bougies , et à ses pieds des cadeaux contenant une batterie de cuisine pour moi, des avions et des voitures, des toupies pour mes frères ,Pascal, Bernard et Benoit.
Pour moi ce couvent était "la maison de Dieu" et mon grand-Père était "Dieu" , dès que je le voyais , je courais vers lui , je l'aimais infiniment. Avant de partir , nous le raccompagnions à la porte du couvent et lorsque celle-ci se refermait je donnais des coups de pieds ,en vain ,pour rentrer dans la maison de "Dieu".
Le 2 Mai 1964 , le jour de ma communion Solennelle, alors que j'étais triste que mon grand-père ne puisse pas venir , il m'a écrit :
<<......lorsque tu tournes le bouton de la radio pour entendre l 'Afrique ou l'Asie , une voix parcourt des millions de lieus pour que la petite Anne l'entende ,comme si cette voix était dans la pièce pour qu'elle écoute de toutes ses oreilles .Le 2 mai ton grand-père sera près de toi , invisible mais très réellement présent , parce que ,ni le temps, ni l'espace, n'empêcheront son Âme de rejoindre sa petite Anne qu'il aime tant ........>>
Par ces mots je venais de comprendre qu'il existe un monde invisible , dans une ou plusieurs dimensions ,dans un autre espace ou des âmes vivent en paix . Mon grand-père était d'un autre monde , pour lui la vie était "Un Songe" pas un rêve mais un songe .Le Rêve a-t-il écrit ,dissout nos forces , tandis que le songe les concentre ;le rêve n'est qu'une évasion dans l'irréel ; le songe est une pénétration prophétique à l'intérieur de l'événement:"Terre s'écriait Rilke ce que tu veux, n'est-ce pas de naître ,invisible en nous ? quelle mission nous imposes -tu sinon ta transformation ?" Le songe est cette transformation .Tant que l'amour comme l'amitié n'a pas franchi cet univers du songe que les Celtes appelaient "L'Autre Monde",elle ne connait à peu près rien des richesses dont Dieu veut ainsi la combler ."Ainsi parlait Robert Vallery-Radot .
Ma correspondance avec lui était régulière .
Anne Vallery-Radot avec Joseph de Chanterac
et Ci-dessous avec son grand-père
Par ailleurs J'allais souvent le voir avec la fille de son ami Eusebe de Bremond d'Ars, Guyonne de Chanterac ,son mari Joseph et leurs enfants , Isabelle , Mathide , Héliette et François . Nous y allions , dans les années 60,pendant les vacances d'été .
Robert Vallery-Radot et sa petite fille Anne Vallery-Radot à Bricquebec avec la famille de Chanterac
(Sur le traité de Paix de Trianon)
Mais avant d'être mon grand-père ce moine a été un enfant ,un jeune homme , un homme marié et un père de famille ; Sa vie a presque été contradictoire ; Poète, homme de lettre, écrivain catholique et journaliste , héros de la première guerre mondiale ,engagé politiquement ,condamné pour ses idées et réhabilité pendant la deuxième guerre mondiale .
La vie de Robert Vallery-Radot est loin d'être banale .
C'est dans la propriété de famille nommée les Alleux (qui signifie terre franche terre libre ) que Robert Vallery-Radot est né le 31 juillet 1885. Située sur une colline en face de la vieille ville d'Avallon , la maison domine la vallée du cousin: elle est à vingt kilomètres de Vézelay ou Saint Bernard prêcha la croisade .
Par sa mère , Robert Vallery-Radot remonte à l'époque féodale,Son arrière-grand’mère était née de Bonnevie de Poignat.(Guillaume de Bonnevie de Poignat fût chevalier croisé en 1250 et Antoine de Bonnevie de Poignat fût prieur de la Chartreuse du Port de Sainte Marie .)Par elle, il avait une petite goutte du sang des croisés.
Un grand-oncle de sa grand-mère maternelle, Alphonse Royer, fut directeur de l’Opéra sous le second Empire.L’arrière-grand-père de sa grand’mère, l’architecte Bertault, bâtit le Palais-Royal.
Le grand-père paternel de Robert Vallery-Radot fut un littérateur estimé;il publia, durant qu’il était bibliothécaire du Louvre:" Les Chefs-d’OEuvre des classiques français," en collaboration avec A. de Courzon. Il fut chef de cabinet du ministre de l’intérieur Alfred Leroux.
Robert Vallery-Radot descend, du côté paternel, d’une famille de notaires et de juges originaire du Morvan.Sa mère appartenait à une famille, parisienne depuis six générations,de gens de robes ,avoués , notaires et d’architectes,.
L'Abbé Pezé précepteur de Robert et de son frère Georges ;
Les parents de Robert Vallery-Radot.
Médaille du grand-père de Robert
Arrière petit neveu d'Eugène Süe et d'Ernest Legouvé (ascendances et alliances avec les familles : Guiard -Sauvan -Desvallières ) ,Robert Vallery-Radot a pour cousin germain le professeur Pasteur Vallery-Radot .Marie-François ,la mère de Robert eut une grande influence sur son fils. Elle avait pour directeur de conscience l'abbé Huvelin ( de la paroisse St Augustin ) qui marqua d'une façon décisive la vocation du père de Foucault .La grand-mère de Robert habitait le même immeuble que le lieutenant de Foucault, 50 rue de Mirosmenil à Paris .
Robert n'a qu'un frère qui se nomme Georges
En 1907 , Robert publie son premier livre de poèmes ,au moment de la mort de sa mère qui avait accueilli ,à son lit de mort ,Paule Dordet la fiancée de Robert , une cousine éloignée , et béni leur amour naissant .Robert a 22 ans .
Ce premier livre s'appelle
"Les grains de myrrhe"
ou se trouve l'admirable poème sur sa mère =
1907 "Les grains de Myrrhe"
"Les Chants de Chryseis " poème de Robert Vallery-Radot dédié à son cousin Louis Rouart
Voir l'article Rouart /Renoir/Lerolle /Escudier/Vallery-Radot
"Chanson " Poème de Robert Vallery-Radot
Dédié à son cousin Eugène Rouart
"Sur une maquette " poème de Robert Vallery-Radot dédié à son cousin Henry Lerolle
1909/ 1910 François Mauriac/Francis Jammes
Francis Jammes
Dédicace d'Hervé Serry à Jacques Vallery-Radot ,le fils ainé de Robert Valler-Radot.
Hervé Serry dans son livre "Naissance de l'Intellectuel Catholique "écrit : <<les années 1910 , à la suite d'un élan initié par le courant symboliste ,sont le temps d'une intense création de revues par de jeunes auteurs enquête de reconnaissance.
Extraits :
(Pages ci-dessus extraites du livre : "Naissance de L'Intellectuel Catholique " d'Hervé Serry .)
Ainsi tout au long de la" Renaissance littéraire catholique" , certains de ses participants vont tenter de mettre en place un équivalent catholique de "La nouvelle revue Française "qu'André Gide et ses proches fondent en 1909 : Robert Vallery-Radot et François Mauriac dans les années 1910 avec "Les Cahiers" , Jacques Maritain à partir de 1925 avec la collection"Le Roseau d'Or" et enfin ,au début des années 1930 "Vigile" avec à nouveau Mauriac et Maritain associés à Charles Du Bos .(........)Francis James et Paul Claudel sont , dès les premiers pas de la "Nouvelle Revue Française ou NRF " invités à y collaborer .>> Hervé Serry .
Jacques Maritain est un philosophe catholique français (1882-1973)adversaire de Bergson .C'est notamment Maritain qui a inventé le terme "L'Angelisme" pour désigner l'attitude philosophique qui fait de l'homme un ange .
"La Paque " de Robert Vallery-Radot Dédié à son ami Francis James
C'est à l'époque de ses fiançailles que Robert hésita entre la vocation religieuse et le mariage .Il alla trouver l'abbé Huvelin qui lui dit :<<Mon enfant vous ne pouvez pas rompre ses fiançailles.Il faut rester fidèle à la promesse faite à cette jeune fille .Dieu a ses desseins.>>
Et ,en effet , Robert n'aurait sûrement pas été ce qu'il fût sans cet amour passionné qui le marqua à jamais.Le mariage fût célébré le 28 Octobre 1909 ,après quatre années de fiançailles .
C'est à cette époque que Robert publie aussi dans la revue "Les Essais " "Une prière à Sainte Catherine de Sienne " qui lui vaut une dépêche de Francis James << Il y a du génie dans votre prière>>
" Sainte -Catherine de Sienne "
Aux Essais ,premières amitiés avec Jean- louis Vaudoyer , plus tard membre de l'Académie Française, avec Pierre Hepp et Eugène Marsau . Mais il ne pouvait échanger avec eux les lumières de sa foi comme il le fera plus tard avec Mauriac ,Lafon et Eusèbe de Brémond d'Ars .
1909 "L'Eau Du Puits"couronné par l'Académie Française
On y retrouve un autre merveilleux poème sur sa mère .
Lettre de François Mauriac à Robert Vallery-Radot
Lettre de François Mauriac à Robert
PS: les coupures et choix des pages sont voulues .
Les compagnons "amitiés de France " autour de "Paule au front-bombé " la femme de Robert Vallery-Radot ,de droite à gauche :Robert Vallery-Radot ,François Le Grix ,François Mauriac de profil, Georges Vallery-Radot entre Eusèbe et Philippe de Brémond d'Ars .
François Mauriac et Robert Vallery-Radot à L'Échauguette à Avallon en 1910.
Lettre de François Mauriac à Robert Vallery-Radot
1910/1912 "Leur Royaume "
"L'Homme de Désir"
"L'homme de Désir" dont Octave Aubry ,le célèbre historien a écrit que "c'est un des plus beaux livres du début de ce siècle " .François Mauriac vient d'écrire "Les mains jointes" .Robert disait de Mauriac <<C'était le jeune homme riche de l'Évangile, chez Mauriac ,l'amour du Christ a toujours été authentique ; La plus grande gloire humaine l'a laissé pareil au jeune homme de 24 ans qui aimait entendre avec moi la messe chez les Bénédictines de la rue Monsieur .>>
François c'était la seconde amitié de la vie de Robert , la première étant celle d'Eusèbe de Brémond d'Ars.
1909 ,A Robert Vallery-Radot:
<< Je ne veux pas savoir mon ami ce que d'autres penseraient de moi .Ne nous regardons pas dans ces miroirs qui déforment .Il me suffit de quelques âmes se penchant sur la mienne . Vous me parlez de Dieu , j'ai besoin que vous m'en parliez .Je vis depuis quelques jours dans une intimité moins grande avec lui .......>>
François Mauriac 1910:
<< Mon petit Robert,.. non vous n'avez pas manqué votre vocation , et vous savez bien que des âmes vivent dans votre lumière et dans votre foi . Comme vous dites , je m'aime trop , il y a en moi un double .......contradictions douloureuses de mes aspirations et de mes bas désirs! il faudra bien que je choisisse un jour .....Il y a de la lumière en vous ,Robert ,si bien que lorsque j'ai vécu des heures avec vous il me semble que c'est la nuit et que toutes les autres âmes ne sont que d'humbles phares . >> François Mauriac
François Mauriac
"Les mains jointes " livre de Mauriac dédicacé à Robert Vallery-Radot
1911 A Robert Vallery-Radot :
<< Mon cher Robert , mon ami ne vous laissez pas abattre par ces petites contrariétés matérielles et ne me parlez plus de la mort avec cette effrayante joie.Il est vrai que nos pauvres vies tourmentées ne connaissent pas de répit .Ce n'est pas difficile d'être sublime , pendant quelques heures mais il y a toute la vie avec ses tentations horribles , ce besoin de s'avilir ........seulement il y a notre jeunesse .......cette terrible jeunesse ...........cette terrible maitresse qui veut goûter même à ses désillusions et à ses terreurs ...Vous n'êtes pas de ce monde ,Robert ........>>
François Mauriac .
François Mauriac rencontre Jeanne Lafon chez l'écrivain Jeanne Alleman, romancière sous le nom de Jean Balde.
François Mauriac à Jeanne Lafon :
<<Je vous aime parce que vous êtes vous; ne croyez pas que je vous
«embellisse"... Comment le ferais-je puisque vous dépassez tous mes
rêves, puisque vous êtes l'enfant que j'attends depuis toujours?
Il y a de l'ombre en vous, de l'ombre et du silence, et c'est cela que j'ai
cherché, sans le trouver jamais. Dieu ne voulait point qu'une autre que
vous me fît ce don merveilleux. Quand il voyait mes soirs de solitude
et mes larmes secrètes, il savait le bonheur inconnu qui m'attendait
de toute éternité dans un vieux salon de campagne au bord d'un fleuve
triste... >>
«Ma chère petite Jeanne, je vous aime et je pense à vous... Le ciel est triste
aujourd'hui et je le suis aussi sans raison particulière. Cela monte du fond de
moi-même. Ne vous inquiétez pas de connaître l'inconnaissable - je veux dire
cette part de mon coeur dont je vous parlais l'autre jour... Il suffit que comme
je vous aime, vous m'aimiez. Si vous m'aimez, l'amour vous révélera tout ce qu'il
faut que vous sachiez de votre époux. L'amour a de mystérieux moyens de
connaissance et de secrètes révélations.
Il me tarde, mon petit enfant, de vous retrouver. Il y a des heures où je ne vous
«vois» plus - où je n'imagine plus les traits de votre visage. De même, certaines
de vos lettres me comblent de joie, me dévoilent votre coeur - d'autres au contraire,
quoique spontanées et charmantes, me déçoivent. Je n'ai nul besoin de vous raconter
mon enfance.
Elle fut, comme toutes les enfances, mêlée de rire et de larmes. Je l'ai transfigurée,
j'en ai fait un paradis idéal où me réfugier (la nouvelle que j'ai donnée à «la Revue
hebdomadaire» s'appelle «le Paradis» et c'est justement une évocation idéalisée
de mon enfance...). Je m'y réfugie parce que la vie d'un jeune homme catholique
est triste. Il ne s'abandonne pas avec insouciance comme les autres à toute volupté.
Il souffre de ce qui fait sourire avec indulgence le monde. A chaque fois qu'il tombe,
il trahit une cause infinie.
Vous ne connaîtrez jamais le dégoût que j'ai de moi-même! Et puis j'ai souffert d'une
chose aussi, d'autre chose que je n'ai pas encore osé vous dire, quoique je vous doive
cet aveu. J'ai reculé, craignant de vous causer du chagrin. Vous devinez qu'il s'agit d'une
femme, d'une jeune fille, qui a déjà traversé ma vie... Mais dites-vous bien, mon cher
amour, que le jour où j'ai désiré vous épouser, j'avais la certitude absolue, définitive,
qu'il ne restait rien de mon amour mort. Je souris maintenant de relire les vers de
désespoir écrits après cette déception. Votre amour me fortifie et me paye infiniment
de ce que j'ai pu souffrir.
Petite Jeanne, écrivez-moi bien vite que ma confession ne vous a pas blessée.
N'y voyez qu'une preuve de mon amour. Je ne veux pas que plus tard un racontar
mondain vous apprenne cette pauvre histoire. Vous auriez le droit de me reprocher
mon silence. Comprenez-vous qu'au contraire je vous aime infiniment plus parce
que j'ai souffert? Autrefois, ivre de mes petits succès, dévoré d'orgueil, je vous eusse
fait souffrir. Aujourd'hui, blessé par la vie, je me réfugie en vous. Je ne vis que de votre
tendresse. Toute autre femme me paraît inexistante. Je vous aime.»
FRANCOIS
En 1913 François Mauriac épouse Jeanne Lafon ,Robert est un des témoins de François
Mariage de François Mauriac et Jeanne Lafon : Robert Vallery-Radot est sur la photo de droite en haut à gauche
En haut Georges et Robert Vallery-Radot derrière Francois Mauriac.
Puis vient la période "des cahiers de l'Amitié de France" dont Robert Vallery-Radot est rédacteur en chef .La revue est dirigée par Georges Dumesnil , professeur à l'université de Grenoble. La redaction se compose de Paul Claudel ,Francis James ,François Mauriac, Ernest Psichari , Jacques Maritain, Louis le Cardonnel,Georges Goyau, André Lafon et Emile Baumann.
Cette jeune revue serait devenue pour la jeunesse chrétienne ce que fût plus tard "La Nouvelle revue française" , si la guerre n'était pas venue tout détruire et tout disperser .André Baunier de "La revue des deux mondes" parlait du "groupe" en étudiant :
"l'Enfant chargé de chaines de Mauriac
"L'Appel des armes de Psichari
" L'Homme de Désir" de Vallery-Radot
A cette époque Robert fait aussi la connaissance du rédacteur en chef de "la revue hebdomadaire ", un certain François Le Grix, avec qui il travaillera et publiera avant de partir "La veillée obscure"
Déclaration de la guerre 1914
Carte de François Mauriac à Robert Vallery-Radot
A Avallon, à L'Echauguette ,propriété de la famille Dordet de gauche à droite Pierre Escudier, Elisabeth (Dordet) et son mari Eugène Magnificat devant madame Léon Dordet (Thérése dite "Baba") ,à droite Robert Vallery-Radot et devant lui sa femme Paule (Dordet) et toute à droite Héléne (Dordet) femme de Pierre Escudier
devant les enfants de gauche à droite :Christiane Magnificat , jacques Vallery-Radot ,Marie Vallery-Radot, Susanne Magnificat et Jean-Philippe Escudier dans les bras et François Vallery-Radot .
Robert s'engage dans l'Infanterie , marié depuis cinq ans ,il est père de trois enfants :Jacques ,François et Marie
Robert est chef de section aspirant ,sous lieutenant et ,après la guerre, capitaine .Il prend part aux Batailles de Vauquois et de Bonchavesnes ou il est blessé à la tête de sa section .
Il a deux citations : Croix de Guerre et Légion d'Honneur .Après sa blessure il est versé dans les services d'Etat-Major.
Lettre de Françoise Fischer-Mauriac , petite fille de François Mauriac à Anne Vallery-Radot , petite fille de Robert Vallery-Radot.
Martial Pièchaud debout et assis à gauche François Mauriac et André Lafon .
Martial Pièchaud :
"Le Retour dans la nuit," publié d'abord dans La Revue hebdomadaire, puis chez Grasset en 1914.Ce premier roman lui assura une grande renommée. Il fut membre de la «Génération Perdue», et ami d'enfance de François Mauriac,d' André Lafon et de Jean de La Ville de Mirmont. Il est lauréat de l'Académie française en 1951 (Prix Narcisse Michaut).
Paule et Robert Vallery-Radot
Robert et Paule Vallery-Radot .
De gauche à droite ,Marie ,François et Jacques
Assis à gauche François ,Marie est dans les bras de son père Robert et Jacques est assis à droite ;
Paule et Robert Vallery-Radot avec leur fils François , Georges le frère de Robert avec Jacques le fils de Paule et Robert et au centre François Mauriac en 1915 .
Carte de François Mauriac à Robert Vallery-Radot
Paule et Robert avec leur fils Jacques
On retrouve Robert en 1917 officier informateur à l'Armée Gouraud ,puis à l'Armée Mangin .Il est chargé, après l'armistice de la liaison avec les journalistes anglais et américains ainsi qu'avec les journalistes rhénans en territoire occupé.
Paule Vallery-Radot avec ses deux fils Jacques et François
Jacques et François Vallery-Radot
Au cours de la guerre deux enfants étaient nés :Sabine et Monique
Jacques avec Sabine et Monique
Paule Vallery-Radot à Riva Bella
Le 30 décembre 1918 Robert est démobilisé comme père de cinq enfants.C'est l'enivrement de la victoire , la fin d'un drame .Mais un autre drame attendait Robert :
<<Le malheur a fondu sur Robert ,a écrit François Mauriac. Sa femme-une des plus attachante que j'ai connue -n'a pu supporter l'angoisse de la guerre et quand lui-même est revenu du front , après quatre ans de séparation ,il leur a fallu se séparer de nouveau et le chemin de croix a commencé ...>>
Robert : (.......) il faut vivre avec cette blessure d'ou s'échappe le meilleur sang de mon coeur (.........) car il est indigne de l'homme de se laisser briser par l'épreuve ; d'ailleurs je ne suis pas de ceux qui désespère et mon espérance n'est pas dans les biens changeants de ce monde . La mort ni la ruine ne peuvent rien contre cette vie que j'ai en moi et qui est la Foi .(..........) Cette croix c'est la seule que j'aurais tremblé d'accepter , la seule pour laquelle j'aurais manqué de courage, si Dieu me l'avais demandé ..et c'est pourquoi c'est celle là précisément qu'il m'a envoyé pour me broyer et faire de moi ce qu'il veut que je fasse sur la terre .La vie sera éternelle et nous retrouverons tous ceux que nous aimons. Je ne vis que dans cet espoir .>>
C'est aussi en 1918 que son ami Eusèbe de Brémond d'Ars publiait "Les tilleuls de juin" à la société littéraire de France , fondée par Guy de Pourtalès et François Le Grix .
Pendant la guerre Robert avait publié :
<<L'Anthologie de la poésie catholique>>
<< Tu pleurais Madeleine ,et ton frère au tombeau
Ne souffrait point de trêve ta douleur fidèle ;
Mais ,à peine on te dit :"viens ,le Maitre t'appelle,"
Que ce mot de tes pleurs fait tarir le ruisseau ;>>
(............)
<< Le Reveil de L'Esprit>> couronné par L'Académie Française
<< "Arthur Rimbaud, a écrit Paul Claudel, fut un mystique à l'état sauvage , une source perdue qui ressort d'un sol saturé .>> Cette source perdue Claudel va la capter ,et elle va devenir un large fleuve qui va féconder tout le lyrisme contemporain .>>
(.............)
<<L'Homme de Douleur>>
Hermann Platz : "c'est le livre le plus étonnant de la guerre" écrit à l'Echauguette en 1917
<< (.......) mais de fiers sourires brillaient dans les yeux de vingt ans ; et les vieux, le regard songeur ,coupaient leur pain en silence. C'est que dans l'air ce soir-là paissait un vol de victoires."La Brigade Messimy a pris Bouchavesnes .. on a fait 12.000 prisonniers ..."
1919 Georges Bernanos
Extrait de la notice biographique de Robert Vallery-Radot ,rédigée par son fils Jacques =
En 1919, il fait la connaissance d'un moine bénédictin, Dom Bess qui essayait de relever le journal "L'Univers "dont il avait pris la direction et il confia la rédaction en chef à Robert ....c'est alors qu'il reçut un article pour l'Univers signé Georges Bernanos , ami de Dom Bess .
<< Je reconnus tout de suite, a écrit Robert , le style de la grande race...... Georges était là, avec toute son âme...je lui écrivis que je désirais le connaitre ........>> Une grande aventure commençait avec cette nouvelle amitié . L'entrevue avec Bernanos eut lieu dans la cour de l'Institut catholique ,après une messe pour les morts de la guerre .
Bernanos a écrit à ce sujet :
<< Vous n'avez pas oublié ,cher Robert ,ce garçon ,un peu étrange avec son chapeau posé sur l'oreille, que vous vites, ce matin là pour la première fois ....Voilà déjà longtemps que nos destins se trouvent liés . Et bien avant que nous nous connûmes ils étaient, sans doute accordés à l'insu de tous , à notre insu, et même, j'ose le dire , en dépit de la logique, qui parait présider, et ne préside jamais aux divers événements de la vie, heureusement- car alors qui voudrait vivre ?>>
1920
Mauriac fait paraitre son livre "De Chair et de Sang "
Durant l'année 1920, le cardinal Mercier invite Robert Vallery-Radot à parler aux grandes conférences catholiques en Belgique en même temps que d'autres personnalités : Poincaré, Cambon, Mangin etc..
C'est l'année où parait:
<<Devant les Idoles >>
livre que Robert Vallery-Radot dédie au révérend Dom Bess de l'ordre de Saint-Benoit:
Robert Vallery-Radot flétrit les dogmes de progrès, de Science et de Démocratie, où il proclame que << le Libéralisme est la mort de l'action>>.
Il est alors président de la Section d'Action Française de Versailles. Il devient l'ami de Jacques Maritain qui lui-même habite Versailles .
Jacques Maritain
Maurice Barrès préside une des conférences et déclare :
<< Nous vous applaudissons , Vallery-Radot, car après avoir contribué à sauver votre pays, il vous appartient, à vous et à vos amis de dégager sa vraie figure et d'augmenter par là encore son prestige dans le monde. Nous attendons le message de ceux, qui après avoir sauvé la France, veulent définir son esprit et parfaire son visage.>>
Maurice Barrès, Écrivain et homme politique français ; l'un des maitres à penser de la droite nationaliste durant l'entre deux guerres.
Robert Vallery-Radot et François Mauriac
En 1922 "Le Baiser au Lépreux " de Mauriac
En 1923, Voyage en Palestine, en Egypte et en Grèce .Robert rapporte un livre : récit de voyage :
<<La Terre de vision>>
Lettres de Georges Bernanos :
A Robert Vallery-Radot :
Fressin le 20 juin 1923.
Mon bien cher ami,
Votre petite carte postale est venue me trouver comme un remord Cependant vous ne songerez point à me blâmer .J'ai glissé, glissé, glissé , mon vieux ........jusqu'au seuil noir .Mais vous savez ,comme moi , que la sollicitation de la mort n'est pas sans douceur. Ne revenons donc pas là -dessus .Malheureusement le drame a eu des longueurs , comme un roman de monsieur Bernard. Perforation intestinale (...............)
Enfin j'ai le ventre entrouvert : mais une ceinture et des compresses me permettent d'aller et venir .Hélas , mon ami , le bon Dieu n'a pas voulu que je dise mon magnificat sans arrières pensées. Ce qui me reste à vous dire est plus cruel .
Ma chère petite femme , épuisée souffre depuis un mois de fièvre continue . Un examen du sang a décelé une tuberculose au début . Elle n'en sait rien , il faut jouer la comédie de la confiance .
(.....................)
Comme nos croix se ressemble mon ami ! Priez, priez . Priez pour nous . Faites priez vos chéris .Claude a reçu votre médaille , qu'elle porte , Jeanne vous en remercie .Votre souvenir de Jérusalem ne me quitte pas .
Quelle illustration en première ligne d' "Une saison en enfer " .
Je vous aime tendrement .
Georges Bernanos
A Robert Vallery-Radot :
Lourdes le 18 juillet 1923.
Mon bien cher ami .
Avez -vous reçu ma dernière lettre ? êtes -vous fâché ?La santé de Jeanne s'est un peu amélioré - un peu , même beaucoup -elle n'a plus de fièvre et le résultat de l'examen radioscopique est bon .
(...............................)
Et maintenant ceci : Je dispose encore de quelques jours ; Êtes -vous présent à Avallon? Pouvez -vous nous y recevoir ? Vous voyez , je ne me gêne pas . Et puis je verrai ma filleule (1). Vous me laisserez peut-être ?
(.................................)
Je sera bienheureux de vous embrasser.
Affectueusement .
Georges Bernanos.
(1) Sabine Vallery-Radot , la deuxième fille de Robert .
A Robert Vallery-Radot :
Rethel le 27 Juin 1924 .
Mon bien cher ami ,
(........................................................................................................................)
(.........................................................................................................................)
Je vous écris dans un ignoble café de Rethel .Il n'y a ici d'humain qu'une souillon qui va de table en table et répète : Un bock, m'sieur?.........voilà , M'sieur ..........d'une voix si douce qu'elle a l'air d'avoir dans la gorge une source. Un voyageur en articles de Paris lui pince les fesses .De quoi le blâme et vitupère <<un voyageur en nouveautés > entièrement saoul .
(........................................)
J'ai reçu votre livre , et je l'ai accueilli comme vous-même .Je ne vous en parlerai pas encore aujourd'hui.Qu'il est plein d'amertume !...Mais je suis sûr que vous ne vous en doutez pas .Nous allons voir de grandes choses , mon ami , qui seront à la mesure de nos coeurs .
A vous pour toujours .
Georges Bernanos
A Robert Vallery-Radot:.
Épernay le 10 décembre 1924.
Mon bien cher ami ,
Pardonnez -moi , c'est tout ce que je peux dire après vous avoir si longtemps et bêtement délaissé . La raison de tout ça n'est pas belle!...On croit faire le sacrifice de ses préférences , dans l'acceptation du devoir quotidien , et des obligations de néant qu'il impose . Mais l'on s'aperçoit tout d'un coup que ce qu'il y a de plus bête dans votre vie vous sollicite invinciblement, que la courbature devient une fin en soi . Car il est absolument impossible de s'abrutir en beauté !
(.......................................................................................................................)
J'attends votre livre faites-m'y une belle dédicace , que nos petits enfants pourront lire quand j'aurai été mangé de la terre , au fond d'un cimetière municipal .
Embrassez vos chéris , particulièrement et nommément ma petite Sabine. Dites à Georges (2)qu'il devrait bien venir nous voir. Les deux dernières semaines de janvier seraient une époque favorable .J'aurai , j'espère , peu de travail , alors . Répondez -moi là-dessus......
Et vous?
De tout coeur , et fidèlement .
Georges Bernanos .
(2) Georges Vallery-Radot , le frère de Robert.
Bernanos à moto
A Robert-Vallery-Radot :
Reims le 25 Février 1925.
Mon bien cher ami ,
Ce matin , dans la précipitation d'un départ au petit jour ,j'ai perdu mon stylographe. Je n'aurais jamais le courage de vous en écrire bien long avec la damnée plume que le Grand Hôtel Continental met à ma disposition.
Dans l'intention de remplacer l'objet perdu , je suis rentré (par mégarde!..) dans la "librairie Catholique" de Reims.Bien entendu , l'espèce de sacristain qui trône au comptoir de sa pieuse droguerie pour âmes pâles , n'a pas été fichu d'en présenter de convenables .
Oui! j'ai terminé mon livre (3) . La dernière lecture m'a écoeuré. Non je n'ai pas délivré mon furieux rêve! On voit sa face passer et repasser derrière les barreaux , ou sa grande ombre sur le mur infranchissable .Fera-t-il peur ou pitié?
Cette rage d'être compris, par quoi seulement nous méritons( Hélas! Hélas! ),vous et moi, le nom d'hommes de lettres, je pense que nous en emporterons la démangeaison dans le purgatoire , pour l'expiation de nos péchés .A quoi se résoudre, Seigneur!
je ne sais seulement que souhaiter .Car s'il est fâcheux de n'être entendu de personne, c'est bien embêtant aussi de se donner tant de mal pour trainer -comme n'importe quel poète lyrique -la pitié des imbéciles ainsi qu'une casserole à la queue .
Si je désirerais vous voir! Mais mon bien cher et véritablement unique ami ,songez combien je dispose peu de mon temps!Vous,au contraire ,vous voilà libre ,ou presque. Pourquoi ne venez -vous point ?je suis à la maison le samedi ,le dimanche et le lundi. Si vous craignez de laisser Georges seul,amenez-le.Vous me trouverez dans une vieille rue d'une vieille ville ,retranché dans une maison du même âge.(.......................................................)
(.......................................................................................................................................)
je vais vivre jusqu'à samedi dans l'espérance de vous voir.
De tout coeur avec vous .
Georges Bernanos .
Je n'ai pas encore reçu votre livre .Pourvu qu'il ne se soit pas égaré !......
(3) Bernanos vient de terminer "Sous le Soleil de Satan" qu'il préface à son ami Robert Vallery-Radot :
<< A Robert Vallery-Radot qui lut le premier ce livre et l'aima >>
Ce livre , ce premier roman , Robert a présidé à sa naissance ...
Bernanos a écrit :<< Par une admirable intuition de l'esprit et du coeur ,Robert a prévu la destinée du livre que je n'aurai sans doute pas écrit sans lui>> G. B.
A Robert Vallery-Radot :<< Dieu vous rende au centuple ce que vous m'avez donné - la certitude qui pour un instant m'a fait tel que votre douce amitié me souhaite et me voit! En pleine tristesse , en plein abandon , en plein dégoût , votre magnifique témoignage m'a littéralement éclaté dans le coeur .....
j'aurais pu vous écrire plus tôt : j'avais peur d'user ma joie ....et quelle joie, mon ami ! car je n'écris que pour vous , et nos frères de race , je n'espérais donc rien de mieux que votre enthousiasme fraternel .Je vous remercie chèrement, naïvement , de toute mon âme .Il est à vous ce livre . Je manquais de courage et de confiance ! Un seul mot de vous m'eût fait tout lâcher .
C'est une autre grande joie de vous le laisser , de vous le confier .Je vous enverrai le second exemplaire , incessamment.Je vous écrirai de nouveau. Bien tendrement vôtre ,>>
Georges Bernanos
A Robert Vallery-Radot :
<<Je vous envoie le second exemplaire du "Soleil de Satan".Sans parler du résultat que j'espère de votre aide fraternelle , il m'est doux de penser que mon livre n'a pas d'autre appui en ce monde que votre amitié , qu'il dépend étroitement d'elle ....
C'est presque à souhaiter qu'il attende son heure (si elle doit sonner jamais ! ) pour que rien ne vienne troubler trop vite la solitude de notre pensée et de notre coeur .
Lorsque mon manuscrit était encore inachevé , j'étais tourmenté de la crainte de mourir en le laissant informe , indéchiffrable .J'avais pris mes dispositions pour qu'il vous fût remis tel quel , afin d'en faire ce que vous auriez jugé bon ...
Vous voyez que vous n'échappiez pas , même dans cette funèbre hypothèse , au parrainage ...
Bien tendrement vôtre .>>
Georges Bernanos .
En 1925 Robert a fini
<< La Clé du Festin >>
A Robert Vallery-Radot :
Bar le 20 Mars 1925,
Mon cher ami ,
Pourquoi ne m'avez -vous pas répondu ? je vais être absent dix ou douze jours . Quand vous verrai-je ? Et je vous attendais , mon pauvre manuscrit à portée de la main , me forgeant des félicités ...Barbare que vous êtes ! Si j'étais aussi féroce qu'on pourrait, à me voir, le supposer , je refuserais de vous écrire , au sujet de "La Clé du Festin" ce que vous ne m'avez pas permis de vous dire . J'en serais , à la réflexion , plus déçu que vous . Il est si difficile d'aimer raisonnablement ! si difficile de ne pas se reconnaitre et se sourire dans une pensée fraternelle !J'aime passionnément votre âme , mon ami . Je sens et souffre trop en elle . J'ai véritablement trop de part avec vous .Comment pourrais-je m'assurer de vous juger fermement ?
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A nous supposer moines , nous n'aurions pas trop d'une triple ration de jeûnes et de verges jusqu'à ce que la divine miséricorde nous ait , par trente ou quarante années de déréliction , assainis et desséchés comme les Marais Pontins. L'air que nous respirons depuis notre premier cri n'est pas pur . Non il n'est pas pur !
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Vous êtes un si étrange docteur-théologien, politique et philosophe -un professeur si singulièrement tourmenté , l'oeil et l'oreille tournés vers la porte ou quelqu'un va frapper trois coups !Vous ne vous êtes pas encore exprimé , mon ami ,je vous le jure ! Vous êtes empoisonné par le livre que vous n'avez pas écrit , que vous n'osez pas écrire !
Vous refusez de vous délivrer. Vous vous refusez .Ainsi laissez à d'autres qui n'ont qu'une partie de vos dons magnifiques ,une place qui vous revient de droit.Ainsi reste à l'écart de vous une génération dont vous devriez être l'un des chefs . La lecture de votre dernier livre m'a confirmé dans cette pensée.
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Voyez Mauriac . Il a fini d'éliminer ses poisons . Imaginez -vous Barbey essayant de digérer ses Diaboliques ?
Chaque vocation suppose une sanctification particulière .Le (biffé : premier ) devoir de l'artiste est de faire son oeuvre .Et la gloire achève de le purifier .J'écris en hâte , sans rature (moi qui les aime !...) et en charabia.
Dites moi là -dessus votre pensée Je n'ai pas fini.J'ai le pressentiment que je puis être pour quelque chose dans le grand livre que vous nous devez .Après tout , c'est peut-être un piège du démon!..
Tendrement vôtre .
Georges Bernanos
En 1928 Robert a terminé
<<Secret de La Nuit >>
un roman auquel Léon Daudet consacre un article dans l'Action Française :<<C'est un de ces ouvrages rarissimes , plein de foi, de passion et d'une douceur grave qui apaise les plaies secrètes et confuses de l'âme>> .
1928 Francis James "Janot - Poète "
<<Lamennais>>
Quand en 1931 parait le livre de Robert"Lamenais où le Prêtre malgré lui ", Bernanos présente ainsi le livre de son ami :
<< Voilà un livre plein de fantômes et pourtant d'une actualité déconcertante , fait pour ébranler des milliers d'âmes >>"Mon âme est un harpe éolienne ; tous les souffles l'ébranlent et en tirent des sons "(Lamennais )
Monique Vallery-Radot , Nita de Pierrefeux , Robert Vallery-Radot ,Marie et Sabine Vallery-Radot , Mr de Pierrefeux et Georges Vallery-Radot ( Le frère de Robert)
.
Chantal Bernanos entre Sabine et Jacques Vallery-Radot aux Alleux ;
Christiane et Susanne Magnificat Sabine et Monique Vallery-Radot,Marie et François Vallery-Radot,Jean-Philippe Escudier ,Jacques Vallery-Radot ,Gérard Escarfail
Christiane Magnificat , François Vallery-Radot et sa soeur Monique.
Jacques VR, Suzanne Escarfail, Gérard Escarfail, Christiane Manificat et Monique VR.
François Vallery-Radot devenu Père du Saint Esprit.avec son Père Robert .
Jacques et son frère François.
<< Le temps de La Colère>>
L'orientation vers la politique et le début des désillusions qu'elle va lui donner Commence en 1932 avec "Le temps de la colère" :
<< Que personne ne vous séduise par de vains discours ; car c'est à cause de ces choses que la colère de Dieu vient sur les fils de l'incrédulité. N'ayez donc rien de commun avec eux>>
(St Paul Epître aux Ephésiens v-1-9.du 3eme dimanche de Carême)
<< Dieu Reconnaitra les Siens >>
<< Vous croyez avoir fait la guerre ;vous n'avez pas fait la guerre vous avez fait une révolution>>( René Viviani , président de la commission de la paix , discours à la chambre ,17 septembre 1919)
<< Ayant exilé les dieux de la cité ,le monde moderne cherche à les remplacer par quelque chose ,il ne sait quoi, qui n'existe nulle part (.......)>> Robert Vallery-Radot.
C'est aussi en 1932 que Mauriac sort son livre:
" Le Noeud de Vipères "
Robert Vallery-Radot aux Alleux
En 1932 Aux Alleux à Avallon
de gauche à droite :Georges Vallery-Radot , Georges Bernanos , Jacques Vallery-Radot , Robert Vallery-Radot et Louis Rouart .
Hélène Dordet -Escudier avec Jeanne Bernanos et Jacques Vallery-Radot
Robert écrit des articles dans "Le Figaro"dont bientôt avec Bernanos ,il va devenir un des chefs de la rédaction .Il écrit les rubriques politiques dans "Le Jour" .Il collabore toujours à "La Revue Hebdomadaire"et à "La Revue Universelle" que dirige Henri Massis .
Ci-dessus François Mauriac
Ci-dessous Robert Vallery-Radot
En 1934 Un nouveau livre :
"Dictature de la Maçonnerie"
François Mauriac a écrit dans "Le Jour":<< Le secret que Robert Vallery-Radot nous révèle dans un livre passionnant , il le détenait déjà en 1910 quand je montais ses cinq étages ,avenue Wagram. A vingt ans Robert savait comment va le monde et le savait une fois pour toutes: c'est le discours sur l'histoire universelle retourné.Le Diable écrit l'histoire en trois points ; il est le metteur en scène du drame humain.Nous voyons maintenant que la grille que nous propose Robert Vallery-Radot depuis des années nous permet de déchiffrer à livre ouvert le destin de la France et du monde . Comme toutes les oeuvres véridiques ,
"Dictature de la Maçonnerie"est un livre profond qui,très vite , nous oblige à affronter le mystère du mal..Voilà ce qui donne à Robert Vallery-Radot parmi les grands écrivains de droite une physionomie particulière .A propos de lui , on peut répéter le fameux mot de Bourget:"Il faut vivre comme on pense si l'on veut finir par penser comme on a vécu" .La vie de Robert a toujours reflété sa pensée ...
Le voici aujourd'hui du très petit nombre de ceux qui ont le droit de parler haut >>
En 1935 Mauriac publie "La Fin de la Nuit"
En 1935 ,Robert devient chef de la rubrique de la politique étrangère à
"L'Ami du Peuple".
Il voyage en Espagne , en Autriche et en Hongrie .Il se lie d'amitié et entre en relation étroite avec l'Archiduc Othon de Hasbourg et le Prince Xavier de Bourbon Parme . Il fait une conférence à Paris, sur <<Le dilemme autrichien>> ,sur << La Hongrie et L'Esprit maçonnique des traités >>.
Robert réclame la révision des traités et montre l'injustice du traité de Trianon.
En Avril 1935 il fait une conférence en Tunisie sur<<Le drame européen et Mussolini >>. Robert Vallery-Radot a écrit sur cette époque :<<Tout me portait , au secret de ma nature , aux illusions fascistes ,en qui je croyais voir l'obscur réveil des fidélités du sang qui s'insurgeaient contre les dictatures de " l'Argent ".
En 1936 parait aux éditions Grasset :
"Les furieux de la Paix "
Robert a écrit cette dédicace à son petit fils et filleul Pascal Vallery-Radot , le fils de Jacques :
<< Ce cauchemar d'une époque insensée où les hommes comme les faits mentaient imperturbablement et préparaient la ruine de l'Occident avec de grands mots libérateurs .>>
<< ....Qui peut s'imaginer lorsqu'il écoute le discours d'un ministre en exercice que cette marionnette électorale parle au nom d'un grand pays millénaire ?Il entend tout au plus le commissaire aux comptes d'un conseil d'administration d'une société anonyme au capital de X milliards (non entièrement versés naturellement) qui s'adresse à une assemblée d'actionnaires . Rien ,absolument rien qui touche le coeur ni l'esprit d'un grand peuple ( ......)>>
dessin de Jacques Vallery-Radot :Bernanos et sa fille Chantal
1936 Georges Bernanos vient de finir "Le journal d'un Curé de Campagne"
Il fait cette magnifique dédicace à Jacques Vallery-Radot :<<Quand je serai mort dites au doux royaume de la terre que je l'aimais plus que je n'ai jamais osé le dire>>
Lettre de François Mauriac à Robert Vallery-Radot
En 1939 "Israël et Nous"
dernier livre avant la guerre , livre prophétique sur les valeurs juives et les valeurs Chrétiennes .Un des derniers chapitres est intitulé :<< Tout Israël sera sauvé >> ( Le livre sera interdit sous l'occupation )
A la déclaration de la guerre de 1940 , Robert Vallery-Radot reprend l'uniforme de Capitaine et, sur sa demande ,est à nouveau mobilisé .Il dirige l'un des services de censure de l'Armée , mais il part bientôt pour l'Etat Major de la 5ème armée où il est chargé des services de liaison et de renseignement en Lorraine . Il voudrait rejoindre un des régiments où se trouvent ses fils :
Jacques est aspirant d'infanterie et François sergent .
Mais il ne le pourra pas , car l'offensive allemande éclate le 10 mai 940. C'est justement ce matin là que sa fille, Monique fait profession sous l'habit des Dominicaines de Béthanie, près de Besançon , à Montferrand . Robert Vallery-Radot est là . Au milieu de la cérémonie L'Évêque de Besançon annonce l'entrée des allemands en Belgique et demande de prier pour les épreuves qui attendent le monde .
François Vallery-Radot
Jacques Vallery-Radot
Et c'est de nouveau le départ pour le front de Lorraine .En Juin 1940 ,Pétain prend le pouvoir , tandis que Robert commande le canton de Corrèze où s'opère la démobilisation de l'armée .Ses deux fils sont prisonniers en Allemagne .
Robert Vallery-Radot et son fils Jacques
Lettre de Robert Vallery-Radot à Jeanne Mauriac
Sa femme Paule meurt , loin de lui , à Caen , le 30 décembre 1940.
Il part pour Vichy où il retrouve ses amis Henri Massis et Bernard Fay, professeur au collège de France . Il participe alors avec Fay à la direction de la revue " Les Documents Maçonniques "
A la fin de la guerre , ne cherchant plus que Dieu seul, après la mort de son épouse et après les épreuves nouvelles qui l'attendent ,il passe quelques jours à Béthanie , au couvent du Plessis- Chênet .
C'est là qu'il songe à devenir un fils de Saint Bernard , il a écrit à ce sujet :
<< On se demande si sans la guerre de 1940, je serai devenu ce que je suis maintenant ;" Certainement Non ". J'ai été mené à Bricquebec et à tout quitter de ce monde par des chemins que je ne pouvais imaginer. Leon Bloy a bien raison de dire : " Tout ce qui arrive est adorable parce que tout événement est une épiphanie du Verbe incarné .Si je n'avais pas été à Vichy , je n'aurais pas rencontré cet ancien chef scout qui voulait fonder " Les Chevaliers de Saint Bernard " et qui m'avait demandé de lui faire un manuel du Chevalier.J'ai accepté et c'est chez lui que j'ai déjeuné avec Dom Alexis Presse ,l'Abbé de Bocquen .Comme j'aime aller au fond des choses , j'ai voulu lire les oeuvres de Saint Bernard et je me suis aperçu que le véritable chevalier de Saint Bernard n'était et ne pouvait être que le Cistercien.
C'est mon culte de la chevalerie que je gardais jalousement au fond de moi-même comme Bernanos , et qui, comme lui , m'inspirait le dégoût du monde moderne .C'est mon culte de la chevalerie qui m'a mené à Citeaux . >>
En septembre 1945 , il se presente donc à l'abbaye Notre-Dame de Grâce à Bricquebec , où il fût accueilli par le Père Prieur d'alors , Dom Colomban Bissey , depuis Abbé de Notre-Dame de Melleray , qui le confia au Père Albéric Delore .
Ainsi débutait sa dernière grande amitié. Dès le 28 Octobre 1945 , il prenait l'habit de novice .
Monsieur Ouine est un roman de Georges Bernanos publié à Rio de Janeiro en 1943, puis aux éditions Plon en avril 1946
Cependant, à la fin de l'année 1948 , des circonstances tragiques - notamment des poursuites intentées contre Robert accusé d'avoir appartenu aux organismes de Vichy , surtout aux services Anti-maçonniques - l'obligèrent à quitter la France et à gagner l'Espagne où il arriva au col de Roncevaux accueilli par le chapelain d'un couvent.
De là il gagna l'abbaye de La Oliva , près de pampelune, non loin de Saragosse .C'est une des plus belles abbayes cisterciennes de Navarre .
Il y fit là sa profession temporaire , le 19 mars 1950 .
Le Père Irénée avec ses deux fils ,à gauche le Révérend Père François Vallery-Radot , à droite Jacques Vallery-Radot
Oncle Grix, Père Irénée ,Jacques VR, Oncle Georges et Jean d'Elbée .
Eugène et Zeth Magnificat et Jacques VR ,Susanne Escarfail ,Père Irénée ,François VR et Christiane Magnificat.
Robert vallery-Radot "Père Irénée" et son fils Jacques Vallery-Radot.
En 1951 naissance de son petit fils et filleul Pascal , le fils de Jacques :
à gauche :Aux Alleux Pascal dans les bras de Jeanine ,sa mère ;en face Jacques ,son père parle avec tante Zeth Magnificat
En 1952 , il revenait en France pour se présenter devant le tribunal militaire de Reuilly ,année de la naissance de sa petite fille Anne (fille de jacques)
« C’était un poète égaré dans la politique »
Témoignage posthume de Georges Bernanos :
<<Mon cher Maître,
Monsieur Vallery-Radot doit passer devant la cour de justice de la Seine lundi prochain. Or j’apprends que son état de santé lui interdit de revenir du Brésil où il a cru prendre refuge après la Libération. Je ne sais, dans ces conditions, si je puis apporter mon témoignage à la cour de justice, mais je tiens à vous répéter ce que j’ai déjà dit tant de fois.>>
C’est par erreur que Georges Bernanos, dans sa lettre reproduite ci-dessous, indique que Robert était réfugié au Brésil, pays où Bernanos avait lui-même passé une partie de la guerre. Cette erreur était probablement volontaire pour brouiller les pistes car Bernanos savait certainement où se trouvait son ami.
<<Je connais Robert Vallery-Radot depuis bien longtemps. Lorsque le temps aura passé, je pense que des hommes de son espèce paraîtront moins des coupables que des victimes de l’effroyable équivoque nationale dont le Maréchal restera le symbole, mais dont les origines sont beaucoup plus lointaines, datent des déceptions de l’ancienne victoire, des mensonges de la paix qui suivit cette guerre de 14-18 que Robert Vallery-Radot avait faite comme moi, et qu’il avait fait magnifiquement.
Si j’avais l’honneur de témoigner devant le tribunal, il me semble que je lui lirais quelques-unes de ces lignes où le vieux Clémenceau, retiré de tout, exprime avec une amertume déchirante des sentiments, trop légitimes sans doute dans leur principe, mais qui ont poussé tant d’hommes de ma génération, et le vieux Clémenceau lui-même, à presque désespérer de leur pays.
Ce désespoir a fait beaucoup de cyniques et de profiteurs qui, ne croyant plus à rien, se servaient de tout – et il y en a eu dans tous les camps. Mais il a fait aussi des dupes généreuses comme Robert Vallery-Radot, obsédées par la crainte d’une hégémonie russe en Europe - craintes qui ont été aussi celles de Clemenceau –et qui croyaient, par un rapprochement allemand, sauver l’Europe, et du même coup la France, dont l’existence est liée à celle de l’Europe.
A un observateur superficiel, des hommes tels que celui dont je parle peuvent paraître plus coupables que certains hommes de Vichy, experts au double jeu.
Mais le désintéressement total, la bonne foi parfaite, qui allait souvent jusqu’à la candeur, de Robert Vallery-Radot ne pouvaient s’accommoder des casuistiques déshonorantes du double jeu. Il a cru au Maréchal. Il a cru le Maréchal d’accord avec l’immense majorité des français. Mais il était incapable de renier ce qu’il avait cru, lorsque les événements lui eurent démontré que sa vie était périlleuse.
Il y est resté pour ne pas se démentir, par point d’honneur, par cet entêtement d’honnête homme engagé dans un mauvais procès et qui est incapable de voir ce qui est, qui ne voit plus que ce qu’il croit voir.
Mais je le connais assez pour affirmer, pour affirmer de toutes mes forces, qu’il est de ceux envers lesquels la France doit être compréhensive et généreuse, parce qu’il n’a jamais cessé de l’être, et qu’il a certainement toujours cru la servir.
C’était un poète égaré dans la politique, voilà ce qu’il était. Il a tout perdu dans cette atroce aventure, mais je jure bien qu’il n’avait jamais compté y gagner quoi que ce soit.>>
Lettre de Georges Bernanos à Me Roger Joisson en date du 24 janvier 1947 pour être lue et produite à la Cour de justice.
Témoin Son neveu, le Dr Claude Vallery-Radot raconte :<<Sur le banc des accusés parut Robert revêtu de sa coule cistercienne.Puis se présenta François Mauriac, membre de l’Académie française et prix Nobel de littérature, qui prononça un vibrant plaidoyer.
François Mauriac
Il en fut de même d’un autre académicien, Louis Pasteur-Vallery-Radot, ardent résistant, qui déclara avoir continué à voir Robert pendant la guerre, que son cousin n’ignorait pas son appartenance à la Résistance et que jamais il ne l’aurait dénoncé si l’occasion s’était présentée. Il a laissé un récit de son intervention dans ses mémoires[1] :
« Un autre homme que j’allais défendre aussi devant le tribunal,quelques années plus tard, c’était Robert Vallery-Radot. Généreux,idéaliste, ne voyant le mal nulle part, il s’était laissé égarer dans les méandres de la collaboration. Bien que son attitude et la mienne eussent été toute différente avant et pendant la guerre, je le défendis de mon mieux, oubliant qu’il était mon cousin germain (je n’ai jamais eu l’esprit de famille). Il fut acquitté à l’unanimité ».
[1] Mémoires d’un non conformiste, Grasset, 1966 p.313
Témoignage, du général Pierre Guillain de Bénouville, grand nom de la Résistance, qui n'a cessé de rencontrer Robert même pendant l'occupation .
Le prince Xavier de Bourbon Parme, qui avait été déporté à Dachau ,tint à apporter lui-même son soutient à son ami .
Après la plaidoirie de Me Raymond de La Pradelle, l’acquittement fut prononcé et l’on épingla sur la robe blanche du moine la Légion d’Honneur du combattant de la Grande Guerre.Il retourna alors dans le couvent de Bricquebec où il fut ordonné prêtre le 5 Août 1953 , il dit sa première messe à l'autel , assisté par son fils le révérend père Francois , le 6 Août , il a alors 68 ans.
Père Irénée, Raymond de La Pradelle, Jacques Vallery-Radot et le Père Albéric.
Père Irénée bénissant sa fille , "soeur Monique", à droite son fils le révérend père François Vallery-Radot.
Soeur Catherine.
Soeur Catherine et Elisabeth Escarfail.
Michel et Sabine Maillard, Monique "Soeur Catherine-Dominique", père François , père Irénée et Jacques Vallery-Radot.
Père Irénée et deux de ses enfants, Révérent père François et Sabine Maillerd
Révérend père François Vallery-Radot, missionnaire.
A la demande du père Abbé il écrit :
"La Mission de Dom Vital Lehodey ".
édité en 1956 .
En 1956 aux Alleux Oncle Georges avec ses neveux , les enfants de Jacques: Anne ,Pascal et Bernard devant eux .
Pascal Vallery-Radot , fils de Jacques Vallery-Radot petit fils et filleul de Robert Vallery-Radot .
Père Irénée avec ses petits enfants ,enfants de Jacques :Anne et Pascal ,Benoit et Bernard .
Puis Père Irénée entreprend une oeuvre monumentale sur Saint Bernard qui paraitra en deux volumes=
Le premier :
"Bernard de Fontaine " abbé de Clairvaux
André Billy , Le Figaro :<<le culte que Père Irénée avait et garde pour sa mère est un peu à l'origine de l'admirable livre qu'il nous donne aujourd'hui , car Saint Bernard aussi adorait sa mère .>>
Le second :
" Le prophète de l'Occident "
Mauriac , Le Figaro Littéraire :<< Cette étude monumentale est le couronnement et peut-être la récompense de sa vie>>
Ces deux volumes ont été réunis en un seul volume par Pierre-Guillaume Deroux, l'arrière petit fils de Père Irénée (petit fils de Marie Brusset , fils de Jacqueline Deroux) en 1990 .
Pascal, le fils de Jacques avec son grand-Père et le Père Albéric à Bricquebec .
Le Père Irénée préparait , d'après ses notes et ses carnets , un livre qu'il voulait appeler: "Trois grandes Amitiés"
Les trois figures d'Eusèbe de Brémond d'Ars, de Georges Bernanos et du Père Albéric.Ce livre aurait permis au Père Irénée de donner les mémoires de sa vie dont il disait qu'elle était "Une Aventure " et "Un Songe continu "Ses trois amitiés représentaient sa jeunesse, son âge mûr et sa vieillesse.
Avec Lucien Farago de L'Agence France Presse
Chez François Mauriac , Père Irénée
photo de droite : Mauriac,Père Irénée ,Jean-Loup Bernanos le dernier fils de Georges Bernanos et assis devant Jacques Vallery-Radot.
Jean-Loup Bernanos
Robert Vallery-Radot , Père Irénée est mort le 23 février 1970à l'abbaye Notre Dame de Grâce de Bricquebec .
Poème de son petit fils Benoit Vallery-Radot , fils de Jacques :
A Mon Grand-Père :
-Vous êtes beau dans cette robe blanche
Nous sommes tristes sous nos habits noirs
Un rayon lumineux éclaire votre corps
Perçant comme une flèche la vie et ses trésors
-Vous êtes devant nous, vous êtes allongé,
Votre visage d'homme sans haine et sans regard .
Nous sommes debout mais vous nous dominez,
Les cloches sonnent et ce n'est pas dimanche .
-Nos larmes coulent en face du bonheur.
Vous êtes arrivé nous allons vous quitter,
Votre corps descend et votre âme s'envole ,
Gracieuse et pure nous laissant votre coeur .
-La terre vous recouvre, encore un peu de peine
Dans ce beau paysage sous ce coin de ciel bleu ;
Entourés de ces moines nous n'avons plus de haine ,
Entourés de ces moines nous n'avons plus de peine .
Benoit Vallery-Radot
(Droits réservés)
La Famille de Robert Vallery-Radot
A l'arrière l'oncle Georges,Sabine,Robert, Marie et devant Monique et Le Père François .
Tableau huile de Jacques Vallery-Radot
Robert vallery-Radot au bras de sa fille Marie le jour de son mariage avec Max Brusset en 1936 à la sortie de L'Eglise St Lazarre d' Avallon .
Monsieur et Madame Max Brusset
A gauche Jacques Vallery-Radot ,le frère de la mariée,la deuxième à droite sa soeur Sabine Vallery-Radot
Face à l'église Georges Mandel devant sa voiture
le troisieme à droite :George Desvallières
de gauche à droite :Eugène Magnificat ,Madame Jean Vallery-Radot et son fils Maurice Vallery-Radot; et georges Vallery-Radot
de gauche à droite :Monique Desvallières -Isorni et Pierre Vallery-Radot à droite
à gauche Gerard Escarfail et toute à droite Marie-Madeleine Desvallières
Deuxième à partir de la gauche : Madame Jean Vallery-Radot,Troisième à partir de la gauche : Monsieur Jean Vallery-Radot
Au milieu Christiane Magnificat et Gilbert Orcel à droite
Au Premier mariage de Jacques à Marault =
Devant Eugène Magnificat,le professeur Louis-Pasteur Vallery-Radot donne le bras à Madame Jean Vallery-Radot et le Dr Pierre Vallery-Radot
Dr Pierre VR ,Dr Vaux, Jacqueline Pasteur ,Georges VR et Madame Maurice VR Tout en haut (avec le noeud papillon) Maurice VR
De l'union de Robert Vallery-Radot avec Paule Dordet († 1940) naquirent cinq enfants :
1er enfant de Robert : ##--+JACQUES VALLERY-RADOT né à Avallon le 8 Octobre 1910 mort et enterré àSeine-Port en juillet 2001, artiste-peintre marié avec Jeanine Guepratte, morte et enterrée à Seine-Port en juin 1983 .
de ce mariage sont nés 7 enfants : .
A Seine -Port avec son fils Jacques
Jacques et son fils Bernard et Père Irénée , devant François et Sabine à Seine-Port
Père Irénée avec son fils Jacques et ses petits enfants ,Sabine ,Benoit et François .
Anne ,Pascal ,Benoit,Claire ,Sabine , Bernard et François
Les 7 enfants
∞-Pascal Vallery-Radot, né en 1951, à Paris ,
Chargé de mission au CSA,
marié à Dominique Curt et divorcé ,
avec qui Il a eu 2 filles :
Marine et Lorraine
∞ -Anne Vallery-Radot, née en 1952 à Paris,
Spécialiste de la Mode, de la peinture et des Jeux
épouse et veuve de Raphaël Giroud
∞ -Bernard Vallery-Radot, né en 1953 à Paris
galleriste d'Art Beaumont en Auge et Vallauris
mort à paris en 2002 et enterré à Seine-Port
∞-Benoît Vallery-Radot, né en 1954 à paris ,
Poète et chanteur
mort en Normandie en 1994 et enterré à Seine-Port
un fils ,Frantz
∞ -Claire Vallery-Radot, née en 1957 à Paris
mariée à Emmanuel Rouanet
deux garçons :
Frédéric et Thibaut
∞-François Vallery-Radot né en 1958 à Paris ,
Libraire
mort à Fontainebleau en 2018 et enterré à Seine-Port
∞-Sabine Vallery-Radot, née à Avallon en 1959,
épouse et veuve de Robert Jarczyk.
un fils ,Jacques Jarczyk.
Jeannine Vallery-Radot avec Anne ,en communiante, et François à Seine-Port
2 ème enfant de Robert : ##-- FRANÇOIS VALLERY-RADOT,
1911-2001, père du Saint Esprit
François Vallery-Radot et son père , le Père Irénée .
3 ème enfant de Robert : ##-- MARIE VALLERY-RADOT, 1913-2002, épouse en 1936 Max Brusset, directeur de cabinet de Georges Mandel, député et maire de Royan, devenue la seule propriétaire du château des Alleux à Avallon après une difficile indivision avec son frère Jacques Vallery-Radot; Le château sera vendu par les enfants de Marie en 2006.
De son union avec Max Brusset sont nés 5 enfants :
∞-Dominique , épouse Dougier.
un fils :. Emmanuel
Deux filles : Laurence et Caroline
∞-Jacqueline Brusset ,épouse Dominique de Roux
dont un fils :
Pierre-Guillaume de Roux propriétaire de l’original du tableau de la famille Sauvan peint par Le peintre (1874)
∞-Rémi Brusset Décédé
∞-Thierry Brusset Décédé
∞-Olivier Brusset
Père Irénée avec sa fille Marie à Seine-Port chez Jacques .
4 ème enfant de Robert : ##--SABINE VALLERY-RADOT, née en 1916 -2017.
épouse de Michel Maillard,
Gouverneur de la France d'Outre-Mer, sans postérité.
Michel et Sabine Maillard.
5 ème enfant de Robert : ##--MONIQUE VALLERY-RADOT
née en 1918 -1990
En religion, dominicaine de Béthanie
(vœux prononcés en juin 1940)
A la mort de Robert en 1970, son fils Jacques lui rendit un vibrant hommage dans les colonnes de la Collectanea Cistercensia suivi du témoignage de l’abbé de Bricquebec, Dom Bonpain :
<< Le Père Irénée (.....) il ne devait jamais cesser de rendre grâce à Dieu :" Je ne fais qu'un avec ma communauté monastique ; elle est ma patrie et toutes les grâces que j'ai obtenues depuis que je porte l'habit , c'est d'elle que je les ai reçues. on ne peut me séparer d'elle ni m'en distinguer,ni m'aimer sans l'aimer pour tout ce que je lui dois de bonheur inaltérable."
Francis Jammes :
François Mauriac , Le Figaro Littéraire le 9 Mars 1970:
Robert Vallery-Radot hésitait entre la prêtrise et le mariage;mais il fût comblé, il n'eut pas vraiment à choisir car les événements se déroulèrent comme déjà programmés. Dieu lui permit d'avoir deux vies :
La première où il fût Robert Vallery-Radot ,un mari , un père ,un soldat de la France , et surtout un poète , un journaliste , un écrivain catholique .
La deuxième où il fût Père Irénée ,un moine , un soldat de Dieu, et toujours un homme de lettre , un écrivain de Saint-Bernard .
Mais son parcours était pavé de souffrances : la perte de sa mère adorée puis la longue maladie et la mort de sa femme tant chérie.Robert a servi son pays en héros , cette France qu'il aimait tant ,pendant les deux guerres ,celle de 14/18 , puis celle de 39/45.
Sa naïve crédulité de poète idéaliste ,"égaré dans la politique" comme l'a si bien dit Bernanos ,l'a condamné à rendre des comptes et a subir de lourdes critiques .
Le Père Irénée est toujours présent dans mon coeur et ses "visions" de l'au delà sont, je n'en doute pas, exaucées:
<<Dieu m'a fait voir aujourd'hui ma mère et Paule le recevant avec moi, du haut de la communion des Saints où elles nous protègent .Bernanos , Eusèbe, Le Père Albéric sont avec elles .Le Baptême nous ressuscite à l'éternelle vie >> ( Bricquebec , souvenirs de René Bonpain: dialogue avec Père Irénée ).
Je ne doute pas ,non plus ,des "Signes" qui nous sont envoyés .Claude Mauriac , le fils de François Mauriac , dans son livre :Le Temps Immobile VII"Signes ,rencontres et rendez-vous "parle d'un "Hasard " qui l'avait conduits , lui et sa femme Marie-Claude à Barneville:
<<(........) il y avait , par hasard encore de la place à l'Hôtel des Isles ............ou, par hasard , en sortant de table , le soir du mercredi 8 juillet 1981 ,nous fûmes hélés par Jacques Vallery-Radot et son fils aîné Pascal , qui avaient diné sans que nous nous soyons vus dans la même salle .(...............) Ayant tant de chose à nous dire .Mais lui surtout à me dire deux choses ,pour lesquelles , je suis là sans doute ? il y a doute , c'est le moins que l'on puisse dire .Et pourtant j'ai murmuré :"il n'y a pas de hasard..... "
J'appris donc de Jacques que son père ,Robert Vallery-Radot , reposait à une quinzaine de Kilomètres de là dans le cimetière de la trappe de Bricquebec ........
En second lieu ,je réappris (car il m'en avait envoyé copie et je l'avais oubliée) que, parmi les belles lettres de mon père à son ami Robert Vallery-Radot publiées dans "lettres d'une vie" rassemblées par Caroline Mauriac , il y en avait une , la dernière , datée d' Agay , 20 août 1967 , ou mon père , malade, parlait de moi avec , me disait Jacques ,un profond, un total amour. (.....).........et pour que j'aille me recueillir sur la tombe de Robert Vallery-Radot............que je revoyais avec son bon air illuminé du temps de sa dernière jeunesse où ils me semblaient si vieux son ami François et lui .......>>
Claude Mauriac
Quelle vie! !! la vie de Robert !!.......... dont une grande partie consacrée à Dieu, à la recherche de Dieu, deux de ses enfants, Monique soeur de Béthanie et François Père du Saint Esprit , tous en quête de cet absolu tant visé aussi par les amis de Robert, ces hommes de lettre , ces hommes de Dieu :
Eusèbe, François, Georges , le père Albéric ... tous réunis ,ensemble , aujourd'hui dans l'Unité parfaite de L'Amour de Dieu aux côtés de leurs femmes , de leurs pères ,de leurs épouses , de leurs enfants et de tous ceux qu'ils aiment et qui ont quitté cette terre !
Je ne doute pas qu'ils prient pour nous , nous envoient des grâces ,nous aident et nous protègent tous autant qu'ils sont dans une divine communion .
PS : Les coupures , suppressions des lettres, des textes et des photos sont choisies et voulues .
Pour cet "Hommage à mon grand-père " Je remercie :
-L'Abbaye Notre-Dame de Grâce de Bricquebec .
-Hervé Serry "Naissance de L'Intellectuel Catholique".
-Jacques Vallery-Radot "Collectanea Cisterciensa".
-Pascal Vallery-Radot
-Claude Mauriac "Signes, rencontres et rendez-vous".
-Françoise Fischer-Mauriac , fille de Luce Mauriac ,petite fille de François Mauriac, pour m'avoir restitué la correspondance entre ma grand-mère Paule Vallery-Radot et sa grand-mère Jeanne Mauriac ; et des lettres de mon grand-père Robert Vallery-Radot à François Mauriac .
- La famille de Georges Bernanos .
A sa façon ,Robert Vallery-Radot cherchait " l'Absolu", d'abord à travers l'amour de sa femme et de ses enfants ,à travers ses amitiés dans son amour pour la France, à travers la création , à travers l'énergie vitale de l'écriture , mais surtout à travers la vie monacale pour se rapprocher au plus près de Dieu .
Jacques son fils lui ,a reconnu ce qu'il ressentait , en lisant ce texte de Chateaubriand , car son amour passait aussi par une énergie divine , celle de la peinture .je les aime également ces pages ,qui évoquent la naissance , la vie , la création , la mort et la trace que chacun d'entre nous laisse derrière lui, comme une trainée de poudre, car aucune énergie ne meurt , elle se déplace , elle est en éternel et perpétuel mouvement.
Nous sommes de l'énergie alors nous ne sommes jamais morts !
ANNE VR(-_-)xxx
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