ALFONS MUCHA = LE FER -DE LANCE DE L'ART NOUVEAU
Pour son exposition de la rentrée 2018, le Musée du Luxembourg rend hommage à Alphonse Mucha, le représentant de l'Art Nouveau trop souvent oublié.
Du 12 septembre 2018 au 27 janvier 2019, le musée réunit les grandes pièces qui ont fait son oeuvre, de ses affiches à ses planches d'illustrateur, mais aussi ses photographies, ses sculptures et ses études préparatoires, pour une belle redécouverte !
Alfons Maria Mucha est né le 24 juillet 1860 à Ivancice ,ville de Moravie qui faisait alors partie de l'Empire d'Autriche, aujourd'hui se trouve en République tchèque .
Il est mort à Prague le à 78 ans.
Mucha est un affichiste, un illustrateur, un graphiste, un peintre, architecte d'intérieur et décorateur tchèque
En 1878 Mucha pose sa candidature pour entrer à l'Académie des Beaux-Arts de Prague.
Sa demande est rejetée avec la recommandation :
« Choisissez une autre profession où vous serez plus utile. »
Après avoir réalisé quelques travaux décoratifs en Moravie, essentiellement des décors de théâtre, il émigre en 1879 à Vienne afin de travailler pour la plus grande entreprise de décors de théâtre de la ville, Kautsky-Brioschi-Burghardt, tout en continuant sa formation artistique au cours de laquelle il fut l'élève de Hans Makart. Il se rend à Mikulov où il gagne sa vie comme portraitiste.
Mucha se rend ensuite à Paris en 1887 pour continuer ses études au sein de l'Académie Julian et de l'Académie Colarossi, tout en produisant une revue, en réalisant des affiches publicitaires et en illustrant des livres, des catalogues ou des calendriers. « Pour un graphiste habile, il n'était pas trop difficile à s'employer dans un Paris à l'activité commerciale stimulée par une nouvelle Exposition Universelle — celle de 1889 ».
En 1888, il quitte l'Académie Julian et devient étudiant à l'Académie Colarossi. L'année suivante, le parrainage du comte prend fin. Il quitte l'Académie Colarossi et cherche du travail comme illustrateur.
l'Art nouveau se caractérise par l'inventivité, la présence de rythmes, couleurs, ornementations inspirés des arbres, des fleurs, des insectes, des animaux, et qui introduisent du sensible dans le décor quotidien.
C'est aussi un art total en ce sens qu'il occupe tout l'espace disponible pour mettre en place un univers personnel considéré comme favorable à l’épanouissement de l'homme moderne à l'aube du XXeme siècle.
En France, l'Art nouveau était appelé « style nouille » par ses détracteurs, en raison de ses formes caractéristiques en arabesques, ou encore « style Guimard », à cause des bouches de métro parisiennes réalisées en 1900 par Hector Guimard.
Avant la Première Guerre mondiale, ce mouvement évolua vers un style plus géométrique, caractéristique du mouvement artistique qui prendra la relève : l'Art déco (1910-1940).
Les qualités techniques et artistiques de Mucha finissent par être reconnues et il est embauché par la première grande maison d'édition parisienne Armand Colin.
Il commence à illustrer un magazine de théâtre, dans lequel paraît son premier dessin de Sarah Bernhardt en Cléopâtre. Peu après son arrivée à Paris, conseillé par son camarade de l'Académie Colarossi, Wladyslaw Slewinski,
Mucha rencontre Gauguin pour la première fois en 1891 à la Crémerie de Madame Charlotte Caron au 13 rue de la Grande Chaumière sur la rive gauche de Paris. Situé juste en face de l'Académie Colarossi où les deux artistes étaient à la fois étudiants, il était devenu un lieu de rencontre pour un cercle de bohèmes endurcis capables de manger à crédit et de payer avec leurs œuvres d'art.
Mucha s'y installe de 1890 à 1893 dans un studio -atelier au-dessus du petit restaurant .
Paul Gauguin jouant l'harmonium à l'atelier d'Alphonse Mucha, Rue de la Grande-Chaumière, Paris
Les photos prises par Mucha à cette époque témoignent de la relation étroite et conviviale qui s'est développée entre les deux artistes. Annah la Javanaise, la maîtresse et mannequin adolescente de Gauguin, accompagnera l'artiste dans l'atelier de Mucha et rejoindra la coterie d'artistes qui, lorsqu'ils ne travaillaient pas, aimaient s'habiller en costume et poser devant la caméra de Mucha.
En plus des poses plus humoristiques, comme Paul Gauguin, éponyme, jouant de l'harmonium de Mucha dans son atelier, rue de la Grande Chaumière (1893-1894), Gauguin a servi de modèle aux illustrations de Mucha pour Mémoires d'un éléphant blanc de Judith Gautier ( 1893-1894) voir plus haut "Armand Colin"
Gauguin photo de Mucha
Outre un amour marqué pour la nourriture de Madame Charlotte, des estampes japonaises et du travail de Puvis de Chavannes, Mucha et Gauguin partageaient de nombreux traits. Les deux artistes étaient extrêmement ambitieux et avides de succès et ont pris soin de cultiver une image publique qui reflétait leur esthétique unique.
Le studio était une extension de cela et a contribué à promouvoir leur travail. En janvier 1894, Gauguin s'installe dans son propre atelier au 6 rue Vercingétorix, à quelques minutes à pied de la rue de la Grande Chaumière.
Avec Slewinski, Mucha décore la façade de ce petit restaurant alors tenu par une certaine Charlotte Caron. Cette décoration subsista plusieurs années, mais est aujourd'hui disparue.
Mucha est le seul artiste disponible chez son imprimeur" Lemercier " quand Sarah Bernhardt le sollicite le pour réaliser l'affiche publicitaire deGismonda, la pièce qu'elle doit jouer au Théâtre de la Renaissance, Mucha relève le défi et dès le matin du 1er janvier 1895, Paris se couvre de grandes affiches qui ont un si vif succès que des amateurs n'hésitent pas à les découper.
Après cette réussite, Sarah Bernhardt l'engage pour un contrat de six ans. Son style délié lui vaut une certaine notoriété.
Il réalise notamment Lorenzaccio, La Dame aux camélias (1896), Hamlet et Médée (1898).
"Tout cela, dit Maurice Rheims, c'est à la fois oriental, barbare et raffiné. Cette femme, si particulière à Mucha, est en même temps si pleinement art nouveau, qu'on peut se demander s'il ne l'a pas inventée, et si la femme 1900 n'a pas essayé, avant tout, d'être un Mucha."
Claude Salvy
En 1900, il reçoit la médaille d'argent à l'exposition universelle, il est également fait chevalier de la Légion d'honneur.
L'année suivante, Mucha conçoit la bijouterie Fouquet au 6, de la rue Royale ,la boutique fut démontée en 1923 et est aujourd'hui présentée reconstituée au musée Carnavalet.
"Les moments de la journée"
La « réclame » envahit les murs des villes, et l’affiche devient un média de premier plan pour vanter les mérites des produits les plus divers.
Les grandes maisons de l’époque comme les biscuiteries Lefèvre-Utile – fabricants du déjà célèbre « Petit-Beurre LU » – ou Nestlé, les champagnes Ruinart, les cognacs et spiritueux Rémy Martin font appel aux affichistes.
Cette affiche (1898) est la seconde que Mucha réalise pour la marque de papier à cigarette Job. La première date de 1896. S’inspirant ici d’une des sibylles de la fresque peinte par Michel-Ange dans la chapelle Sixtine, il place la jeune femme au centre de sa composition et l’inscrit dans un cercle qui la cadre dans l’image. Elle porte une robe aux replis compliqués, qui dénude le haut de son buste et une partie de sa jambe gauche. Belle, langoureuse, envoûtante et aérienne, la « femme Mucha » n’est que courbes et arabesques.
Après son mariage avec Maruska Chytilova, Mucha se rend aux États-Unis de 1906 à 1910. Il y travaille aux académies de New York,Chicago et Philadelphie.
Accueilli à bras ouverts, il ne trouvera pas la réception espérée à sa peinture, considérée comme trop proche du modèle.
Mucha n’enjolive pas ou peu, et les merveilleux drapés qui faisaient son succès au cours de sa période parisienne, n’ont plus d’impact une fois retranscrits à l’huile sur la toile.
Il se tournera à nouveau vers l’affiche et l’illustration pour reconstituer ses fonds dépensés rapidement pour financer son installation aux États-Unis, mais aussi perdus à « aider » financièrement certains « amis » dans le besoin.
Il réalisera aussi la décoration du théâtre germanique de New York (disparu).
C’est sur sa proposition que le Comité des Slaves fut créé à New York.
L’idée qui le taraude depuis des années de réaliser vingt toiles monumentales pour illustrer l’histoire et l’essor des Slaves depuis les festivités de la Saint-Guy à Rujana jusqu’à la libération du peuple slave, va peu à peu prendre corps.
"Les Slaves dans leur première partie"
Après une période de négociations et de présentation du projet, l’homme d'affaires fortuné américain Charles R. Crane met à sa disposition les fonds nécessaires a leur exécution, et Mucha à son retour en Bohême réalise en dix ans ce qu’il considérait comme son œuvre majeure :
L'Épopée slave.
"la fête de Svantovit à Rujana "
"L'Initiation à la liturgie slave"
« De toute façon, ces toiles ont été offertes à Prague par Mucha. Il a peint gratuitement mais a trouvé un mécène américain Charles Richard Crane qui lui a payé ses dépenses parce qu’il a dû beaucoup voyager. Il est allé en Grèce, il est allé en Russie, à Moscou pour s’imbiber de l’atmosphère. Il s’est bien sûr fait payer les toiles, les couleurs mais son travail n’était pas rémunéré. »
Un élément très important dans ce cycle, c’est la franc-maçonnerie de Mucha. Donc pour comprendre ce cycle, il faut lire Masaryk et il faut s’intéresser aux Francs-maçons. Parce qu’il y a beaucoup de symboles maçonniques et d’ailleurs tout le monde à l’époque a critiqué cette œuvre à l’exception des Francs-maçons.
C’est d’ailleurs son appartenance à la franc-maçonnerie qui le conduira à la mort puisqu’en juillet 1939, les nazis l’arrêtent à son domicile pour cette raison. Il décèdera quelques jours plus tard d’une pneumonie à l’âge de 78 ans.
Charles Crane, le riche industriel rencontré à Chicago, lui permet de revenir en Bohême et de s'établir à Prague. Outre la réalisation de L'Épopée slave de 1910 à 1928.
il décore le Théâtre national :
la Maison municipale:
la cathédrale Saint-Guy:
Lorsque la Tchécoslovaquie obtient son indépendance après la Première Guerre mondiale, il conçoit les nouveaux timbres-poste.
billets de banque
Il meurt à Prague le 14 juillet 1939 d'une pneumonie à l'âge de 78 ans, quelques jours après avoir été interrogé par la Gestapoqui s'intéresse à lui du fait de son appartenance à la franc-maçonnerie. Son corps est jeté à la fosse commune. Une plaque commémorative lui est dédiée au cimetière des Grands Hommes de Prague.
À l'époque de sa mort, son style était déjà considéré comme dépassé, mais l'intérêt pour cet art est réapparu dans les années 1960 et continue périodiquement à inspirer et à influencer les illustrateurs contemporains.
Son fils, Jiri Mucha, un auteur qui a beaucoup écrit sur son père, a souvent attiré l'attention sur son travail, et a vécu dans Le Palais de la mélancolie.
La figure féminine constitue l'élément central des créations de Mucha Femmes fatales, dans le goût du symbolisme, ou « belles plantes » naturalistes, il les pare de bijoux et de vêtements chamarrés ou les vêt d'un simple voile pour incarner les saisons ou les fleurs.. Il photographie préalablement ses modèles et, malgré l'extrême épure du dessin qui résulte de la transposition de la photo, ses portraits possèdent une étonnante authenticité, contrastant avec l'aspect fabuleux du décor.
Contrairement à l'Art nouveau en général, l'œuvre de Mucha a été longtemps boudé..
Paul Morand a écrit : « Mucha et ses pâles jeunes filles qui mâchent des iris ».
Pour les japonais, l’artiste le plus représentatif de l’Art Nouveau semble être Mucha, auquel une grande rétrospective fut consacrée à Tôkyô en 1983.
Dès 1900, plusieurs de ses affiches sont d’ailleurs redessinées pour faire la couverture de magazines d’art japonais. Curieusement Alphonse Mucha leur apparaît comme un artiste représentatif de l’art occidental alors qu’il s’inspire directement de l’Ukiyo-e.
Le Japonisme englobe entre autres l’Art Nouveau, reflet de la Belle Époque qui disparaît avec elle. Comme l’Ukiyo-e, son développement est lié à l’essor de la classe moyenne et à la volonté sociale de mettre l’art à la disposition de tous. Les diverses expressions de l’Art Nouveau varient selon les particularismes nationaux et les tempéraments des artistes.
ANNE VR(-_-)XXX
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