DAVID HOCKNEY, COULEURS POP FLASHY, JOINERS ET NOUVELLES TECHNOLOGIES.
Fondation Louis Vuitton
Une phrase de David Hockney : “Do remember they can’t cancel the Spring” inscrit sur une façade vitrée de la Fondation LV.. Cest le titre du tableau des fleurs ci-dessous.
Le peintre David Hockney, installé en Normandie près de Beuvron-en-Auge, à 45 minutes de Bayeux, a peint ce tableau avec son I -Pad, lorsqu'il était confiné dans sa maison normande en 2020.
Au printemps 2025, du 9 avril au 31 août, la Fondation invite David Hockney, l’un des artistes les plus influents des XXᵉ et XXIᵉ siècles, à investir l’ensemble de ses espaces d’exposition. Cette présentation exceptionnelle de plus de 400 œuvres de 1955 à 2025 rassemble, outre un fonds majeur provenant de l’atelier de l’artiste et de sa fondation, des prêts de collections internationales, institutionnelles ou privées.
L’exposition réunit des créations réalisées avec les techniques les plus variées – des peintures à l’huile ou à l’acrylique, des dessins à l’encre, au crayon et au fusain, mais aussi des œuvres numériques (dessins photographiques, à l’ordinateur, sur iPhone et sur iPad) et des installations vidéo.
David Hockney s’est totalement impliqué dans la réalisation de cette exposition. Il a lui-même choisi, après avoir présenté les œuvres « mythiques » de ses débuts, d’ouvrir l’exposition sur les vingt-cinq dernières années de son œuvre, proposant ainsi une immersion dans son univers, couvrant sept décennies de création. Il a voulu suivre personnellement la conception de chaque séquence et de chaque salle, dans un dialogue continu avec son assistant Jonathan Wilkinson.
David Hockney:
« Cette exposition est particulièrement importante pour moi, car c’est la plus grande que j’aie jamais eue – les onze galeries de la Fondation Louis Vuitton ! Quelques-unes de mes toutes dernières peintures, auxquelles je suis en train de travailler, y seront présentées. Ça va être bien, je crois. »
David Hockney, né le à Bradford au Royaume-Uni, est un peintre portraitiste, paysagiste, dessinateur, graveur, décorateur, photographe et théoricien de l'art britannique. Il vit et travaille de 2019 à 2023 dans le pays d'Auge, en Normandie avant de retourner vivre à Londres.
C'est une figure majeure du mouvement pop art des années 1960, et l'un des artistes britanniques les plus influents du XX ème siècle.
Utilisant des couleurs acidulées et attirantes, David Hockney peint des portraits et des paysages où se mêlent peinture et photographie.
We two boys together clinging 1955.
L’exposition « David Hockney 25 » montre combien ces dernières années témoignent du renouvellement permanent de ses sujets et de ses modes d’expression. La capacité de l’artiste à toujours se réinventer à travers des nouveaux media est en effet exceptionnelle. D’abord dessinateur, passé maître dans toutes les techniques académiques, il est aujourd’hui un des champions des nouvelles technologies.
Portrait of my father.
En préambule, sont réunies au rez-de-bassin des œuvres emblématiques des années 1950 aux années 1970 – depuis ses débuts à Bradford "Portrait of My Father, 1955 " puis à Londres, jusqu’en Californie.
Peint en 1967, A Bigger Splash est sans nul doute l’œuvre la plus iconique de David Hockney. L’artiste est alors installé depuis trois ans à Los Angeles, où il s’est imposé comme le peintre incontournable de l’hédonisme californien. Quelques lignes et aplats de couleurs suffisent à former cette image étonnante, qui flirte avec l’abstraction. L’ordre géométrique de cette composition résolument pop est toutefois troublé par ce splash, qui éclabousse le centre de la toile. Quant au large cadre blanc du tableau, il évoque les bordures des films Polaroid que l’artiste utilise largement à partir de cette époque.
La piscine, thème emblématique, apparaît avec "A Bigger Splash", 1967 et Portrait of An Artist "Pool with Two Figures", 1972.
Sa série de doubles portraits est représentée par deux peintures majeures :
"Mr. and Mrs. Clark and Percy", 1970-1971
"Christopher Isherwood and Don Bachardy," 1968.
A Bigger grand Canyon 1998
la nature prend une place toujours plus importante dans le travail de David Hockney à partir de la décennie 1980-1990 – comme en témoigne A Bigger Grand Canyon, 1998 – avant que l’artiste ne regagne l’Europe pour y poursuivre l’exploration de paysages familiers.
Nichols Canyon 1980
My Parents
Pearlblossom Hwy, 11–18th April 1986,
Ensuite le cœur de l’exposition renvoie aux 25 dernières années, passées principalement dans le Yorkshire où il redécouvre les paysages de l’enfance, ainsi qu’en Normandie et à Londres. On y assiste à une célébration du Yorkshire, l’artiste faisant d’un buisson d’aubépine une explosion spectaculaire du printemps (May Blossom on the Roman Road, 2009). L’observation du rythme des saisons le mène au paysage hivernal monumental peint sur le motif, exceptionnellement prêté par la Tate de Londres, Bigger Trees near Warter or/ou Peinture sur le Motif pour le Nouvel Âge Post-Photographique, 2007.
May Blossom on the Roman Road 2009. dans le Yorkshire
Bigger Trees near Water 2007. dans le Yorkshire
Winter Timber 2009, dans le Yorkshire.
Garden 2015-2016
Portraits en série
« Trop occupé » : c’est ce que David Hockney a répondu au Buckingham Palace lorsqu’on l’a sollicité pour réaliser le portrait de la reine Elizabeth II. Il faut dire que l’artiste a très vite pris l’habitude de refuser les commandes pour ne peindre que ses proches, qu’il fige d’abord dans une saisissante série de doubles portraits. La figure humaine est pour l’artiste une source de fascination inépuisable, un insondable mystère qu’il tente de révéler sur la toile. En témoignent l’écrivain Christopher Isherwood et le peintre Don Bachardy. Avec une grande économie de moyens, Hockney parvient habilement à retranscrire la relation complexe (et surtout déséquilibrée) qui unissait les deux amants.
Autoportrait
"Les gens me fascinent, et plus précisément l'aspect le plus intéressant chez eux – le point où nous entrons en eux – à savoir, le visage. Le visage dit tout", déclarait Hockney à propos de son goût du portrait.
Dans le même temps, David Hockney poursuit le portrait de ses proches, à l’acrylique ou sur iPad, ponctué de plusieurs autoportraits. L’exposition en compte une soixantaine en galerie 4, associés à des « portraits de fleurs » réalisés à l’iPad mais insérés dans des cadres traditionnels, créant un trouble dont on retrouve l’effet dans le dispositif qui les réunit au mur, 25th June 2022, Looking at the Flowers (Framed), 2022.
L’artiste et son double confortablement installés dans un fauteuil, contemplent leur œuvre achevée. Une truculente mise en abyme réalisée grâce à un usage éclairé des outils numériques.
Gathering whith mirror 2018
Gathering with paintings.
Beuvron en Auge -Normandie.
Tout le 1er étage – galeries 5 à 7 – est consacré à la Normandie et à ses paysages. La série 220 for 2020, exécutée uniquement sur iPad, est présentée dans une installation inédite en galerie 5. Hockney y capte, jour après jour, saison après saison, les variations de la lumière.
En galerie 6, faisant suite à cet ensemble, on notera une série de peintures acryliques et le traitement très singulier du ciel animé de touches vibrantes, lointaine évocation de Van Gogh. En galerie 7, un panorama composé de vingt-quatre dessins à l’encre (La Grande Cour, 2019) fait écho à la Tapisserie de Bayeux.
David Hockney travaillant sur "La grande cour"
Ordinateur, iPhone, iPad… Depuis le milieu des années 2000, David Hockney n’a eu de cesse d’expérimenter des façons inédites de créer grâce aux nouvelles technologies. En 2021, alors qu’il est confiné en Normandie, il se saisit de sa tablette pour peindre une série de bouquets de fleurs inspirés d’Henri Matisse.
Chacun est ensuite imprimé puis intégré dans un cadre en bois finement travaillé, comme s’il s’agissait d’une œuvre datant d’un autre siècle.
La Moon Room ou Au clair de lune
Après l’éblouissement de l’arrivée du printemps en Normandie, une petite salle plongée dans l’obscurité rassemble une série consacrée au thème de la lune, inspirée par la lecture d’un conte de Guy de Maupassant intitulé Clair de lune (1882). Réalisés à l’iPad pour certains et à l’acrylique pour d’autres, ces paysages nocturnes oniriques témoignent des allers-retours constants de l’artiste entre la technologie et les techniques traditionnelles. Un dialogue en clair-obscur, aussi doux que la mélodie de Claude Debussy.
26 décembre 2020
Enfin, le dernier étage est introduit par une série de reproductions remontant au Quattrocento constituant des références importantes pour l’artiste (The Great Wall, 2000).
"La Chaise", " Les tournesols" en hommage à Van Gogh ; A droite "Le sermon sur la montagne" inspiré par Claude Lorrain
Hommage à Van Gogh
Wind on the Pond inspiré par Claude Monet.
Hommage à Monet et aux Nymphéas : "Le retour en Europe et le fait de s'être installé en Normandie ont changé son regard sur Monet, il a un rapport encore plus fort avec lui. Il a retrouvé ici, après la lumière de la Californie, le passage des saisons qui est le terreau des impressionnistes. Il se nourrit maintenant de ce terreau, de ces ondées, de ces météores, ces lumières ont changé sa quête de peinture."
La peinture de Hockney, qui se nourrit de l’histoire universelle de l’art depuis l’Antiquité, est centrée ici sur la peinture européenne, de la première Renaissance et des peintres flamands jusqu’à l’art moderne. La première partie de la galerie 9 témoigne de ce dialogue avec Fra Angelico, Claude le Lorrain, Cézanne, Van Gogh, Picasso...
Books and Rain 2023 (hommage à Bonnard)
Some smaller splashes
Some smaller splashes and Michel Prevotat
Puis, le public est invité à traverser l’espace de cette galerie-atelier transformée en salle de danse et de musique, comme David Hockney le fait régulièrement, accueillant chez lui musiciens et danseurs.
Passionné par l’opéra, Hockney a souhaité réinterpréter ses réalisations pour la scène depuis les années 1970 dans une création polyphonique à la fois musicale et visuelle, en collaboration avec 59 Studio, enveloppant le visiteur dans la salle la plus monumentale de la Fondation (galerie 10).
L’exposition se clôt par une salle intimiste où seront révélées les œuvres les plus récentes peintes à Londres, où l’artiste réside depuis juillet 2023 (galerie 11). Celles-ci, particulièrement énigmatiques, s’inspirent d’Edvard Munch et de William Blake : After Munch: Less is Known than People Think, 2023, et After Blake: Less is Known than People Think, 2024, où l’astronomie, l’histoire et la géographie rencontrent une forme de spiritualité, selon les propres mots de l’artiste. Il a souhaité y inclure son tout dernier autoportrait.
Parmi les toiles les plus récentes de David Hockney figure ce savoureux autoportrait. L’artiste se représente assis dans son jardin fleuri de jonquilles, en train de travailler à cette même œuvre. Un pin’s jaune soleil, épinglé à la veste de son légendaire costume en tweed, attire le regard : « End bossiness soon ». Un comble quand on sait que l’affiche promotionnelle de l’exposition, sur laquelle apparaît cette toile, a depuis a été interdite dans le métro parisien en raison de la cigarette que le peintre tient entre ses mains. Fumeur invétéré, David Hockney reste, à bientôt 88 ans, le joyeux trublion de l’art anglais.
Côté Jardin
Michel Prevotat devant la sculpture “The Flower parent and the child” de Takashi Murakami sur une malle Louis Vuitton.
Même après cette grandiose et vaste exposition nous réalisons que nous ne connaissons pas tout à fait David Hockney, ce peintre vivant le plus côté au monde; car ce génie british, californien de 1964 à 1968, retour à Londres, Parisien en 1973, puis retour à Los Angeles; retour en Angleterre en 2005; gentleman-farmer normand de 2019 à 2023; puis retour à Londres; Hockney ne cesse de surprendre; il est "lui-même une oeuvre vivante" avec sa casquette, ses lunettes et sa cigarette, avec ce petit sourire malicieux et ce regard bleu si intelligent; Hockney est un phénomène qui ne ressemble à personne d'autre.
Depuis 1970 Hockney a inventé "Les Joiners" qui recréent le processus de perception : l’image complète repose sur le collage de plusieurs petites images que notre œil saisit puis assemble. Cette image mentale repose alors sur notre capacité à nous remémorer ce qu’on a vu auparavant. Hockney s’est donc beaucoup intéressé au fonctionnement de la mémoire et a remarqué que c’est elle qui joue un véritable rôle dans la perception du monde.
Ensuite, en , Hockney achète un appareil photo classique car il veut renoncer aux collages qui forment un quadrillage à cause des cadres blancs des photographies polaroïd. Dès lors, il s’attache à créer des images qui ne sont pas limitées par un cadre comme il le dit pour l’article « Entretien avec David Hockney » de Partick Mauriès publié dans le journal Libération : « Ce que m’a fait découvrir la photographie, c’est que nous ne sommes limités que par le ciel et par nos pieds, jamais sur les côtés. »
Ainsi, même si Hockney se méfie de la photographie, il s’en sert pour créer des œuvres inédites et il est important de signaler qu’il l’utilise également comme modèle pour élaborer ses peintures.
En 2001, il publie un essai : Savoirs secrets, les techniques perdues des Maîtres anciens, aux éditions du Seuil. Il démontre, par les textes et par les images, l'utilisation d'appareils d'optique par de nombreux peintres depuis le XV ème siècle.
Vermeer , comme beaucoup de ses contemporains, avait recours à la technique de la chambre noire (camera obscura) pour réaliser ses oeuvres. Mais selon David Hockney , le maître de Delft en avait un usage bien particulier qui peut expliquer la fascination que peuvent exercer ses tableaux.
Hockney se sert de L'I-Pad comme palette électronique depuis son confinement en 2020; mais pour lui la peinture reste la clef de toutes les autres images et le dessin reste au coeur de sa pratique. L'artiste dessine du matin au soir.
Cet homme nous fait voyager dans son monde hédoniste, onirique et métaphisique dans une réalité palpable et sur-colorée. Durant cette exposition nous marchons dans son autobiographie en tableaux; dans ce monde de couleurs flashy, sur toiles ou sur écrans avec un étonnement presque enfantin sur ces oeuvres Pop inimitables à la fois réalistes, figuratives et expressives qui multiplient les points de vue à la manière des peintres cubistes.
David Hockney dans son atelier confie :
<< Je vais continuer jusqu'à ce qu'à mon tour je disparaisse mais en attendant je me porte bien, il y a suffisamment de choses dans ma maison et dans mon jardin pour m'occuper pendant des années...>>
ANNE VR ("-_-")XXX
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