ANNE VALLERY-RADOT RUBRIQUES ART & CINÉ

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WORTH, LA PREMIÈRE MAISON DE COUTURE.

 

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Le Palais Galliera s’associe au Petit Palais pour présenter une exposition exceptionnelle consacrée à la maison Worth.

Fondateur d’une maison devenue symbole absolu du luxe parisien, Charles Frederick Worth (1825-1895), né en Angleterre, est une figure incontournable de l’histoire de la mode. A l’origine de la haute couture, Worth fonde la maison éponyme au 7 rue de la Paix, dont l’histoire se déploie sur quatre générations et près d’un siècle.

Présentée sur 1100 m2 au sein des grandes galeries du Petit Palais, cette rétrospective qui rassemble plus de 400 œuvres – vêtements, objets et accessoires, peintures, arts graphiques – se présente comme une vaste fresque revenant sur les créations de la maison Worth autant que sur les protagonistes qui en ont écrit l’histoire. Elle s’annonce hors normes, eu égard à la rareté et au nombre des pièces présentées provenant de prestigieuses collections internationales.

Du Second Empire aux Années Folles, une page d’histoire s’écrit : celle de l’invention de la figure du grand couturier et des mécanismes de création et de commercialisation de la mode encore en vigueur, et dont Worth pose les bases dès la fin du XIXe siècle.

 

 

 

 

 

 

Marine Kisiel, conservatrice du patrimoine, département mode XIXe siècle au Palais Galliera :

 

<<Nous présentons dans l’exposition quelques 80 modèles dont plus de la moitié provient des collections du Palais Galliera, ce qui est exceptionnel, traduisant à la fois la richesse de nos collections et le travail de restauration que nous avons mené aux côtés de nos collègues à l’étranger, aucune de ces robes n’ayant été autant mise en valeur jusqu’ici. Leur extrême fragilité a demandé jusqu’à 50 jours de restauration, ce qui est conséquent et notamment la Robe aux lys, qui a été intégralement restaurée et ne sera plus jamais mannequinée. >>

 

 

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Émile FriantPortrait de Charles Frederick Worth, 1893.

Charles Frederick Worth, né le 13 octobre 1825 à Bourne (Lincolnshire, Royaume-Uni) et mort le 10 mars 1895 à Paris (France), est un couturier français d'origine britannique, il est « un des fondateurs de la haute couture parisienne » et de la maison Worth. C'est lui qui a créé le principe de la maison de couture.

 

Charles Frederick Worth traverse la Manche à 21 ans et s’installe dans le Paris du Second Empire (1852-1870), alors capitale bouillonnante de modernité.

 

 

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Tout commence en 1858, quand Charles Frederick Worth fonde à Paris, avec Otto Bobergh, la maison Worth & Bobergh. Installée rue de la Paix, à deux pas du Palais des Tuileries, siège du pouvoir impérial et de la cour de Napoléon III (1808-1873), la maison séduit très vite l’aristocratie, jusqu’à l’impératrice Eugénie (1826-1920).

 

 

 

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Maison Worth, 7 rue de la Paix (Paris).

 

 

 

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Très vite, la princesse de Metternich, épouse de l’ambassadeur d’Autriche en France, et l’impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, s’enthousiasment pour ses créations. Son style affirmé, sa maîtrise des étoffes, son goût du spectaculaire et son sens du pouvoir de l’image imposent un nouveau rapport entre le créateur et sa cliente : désormais, c’est le couturier qui dicte les formes et les usages. Et quand l’impératrice – la femme la plus influente de son époque - porte vos créations lors des bals officiels aux Tuileries, il n’en faut pas plus pour que la haute société parisienne se presse dans votre boutique pour suivre la mode impériale.

 

 

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Parmi les pièces emblématiques de l’exposition, on observe de magnifiques robes à transformation et à crinoline.

La robe à transformation, d’abord, illustre à merveille l’ingéniosité vestimentaire du 19e siècle.

Apparue vers 1845 et perfectionnée après 1870, cette robe se compose d’une même jupe - souvent portée avec une crinoline - et de plusieurs corsages interchangeables, adaptés aux différents moments de la journée. Fermé et couvrant pour les visites matinales, légèrement décolleté pour le dîner, largement ouvert pour le bal : chaque corsage incarne une heure et un usage. Par souci de décence comme de praticité, des éléments tels que guimpes, fichus ou boléros pouvaient venir moduler l’apparence. Une version doublement codifiée et raffinée de la garde-robe, reflet du rythme mondain et de l’étiquette bourgeoise

 

 

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Après l’ère de la crinoline, la mode féminine évolue dans les années 1870 vers la robe à tournure, aussi appelée robe à faux-cul. Le volume de la jupe se déplace alors vers l’arrière, porté par une structure souvent métallique ou rembourrée qui accentue la chute des reins et allonge la silhouette. Cette forme spectaculaire, souvent prolongée d’une traîne imposante, permet aux couturiers comme Worth d’exprimer toute leur virtuosité : jeux de drapés, cascades de rubans, superpositions de tissus brodés… Chaque dos devient un théâtre, pensé pour impressionner lors des réceptions ou des sorties mondaines.

 

 

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En 1870, la séparation avec Otto Bobergh marque le début d’un nouveau chapitre. La maison conserve son adresse, mais le nom se simplifie : Worth. Malgré les bouleversements politiques (chute du Second Empire et proclamation de la IIIe République le 4 septembre 1870), la clientèle reste fidèle.

 

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Présentée dans un espace circulaire, cette section propose un vestiaire complet rythmé par les moments de la journée d’une femme élégante. Des robes d’intérieur (comme les fameuses tea-gowns pour le thé ou les visites pour recevoir) aux robes du soir à la théâtralité assumée, en passant par les tailleurs de promenade, manteaux structurés, ou les capes du soir, la mode épouse les rites sociaux d’une époque ultra-codifiée.

 

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Spécialiste des grandes occasions, la maison Worth devient au fil du 19e siècle la référence incontournable des cours européennes. Robes de mariée, manteaux de cour, robes de présentation ou de cérémonie : autant de pièces fastueuses conçues pour magnifier la silhouette et marquer les hiérarchies. L’impératrice Sissi elle-même porte une création de Worth lors de son couronnement en Hongrie en 1867, tandis que les garde-robes des tsarines sont dévoilées à Paris avant de rejoindre les palais de Saint-Pétersbourg. Le rayonnement de la maison atteint jusqu’à Londres, où une succursale est ouverte au moment du couronnement d’Édouard VII.

 

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L'impératrice d'Autriche habillée par Worth. Portrait par Winterhalter, 1865. 

 

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Dès les années 1870, le vaste immeuble abrite près de 1 000 employés - une petite société où se côtoient créateurs, tailleurs, coupeuses, mécaniciennes, manutentionnaires ou ornemanistes. À chaque étage, un métier, une fonction, un savoir-faire : du stockage des tissus à la confection en série, en passant par l’assemblage à la machine, tout est orchestré avec une précision industrielle.


 

Au tournant du 20e siècle, la maison Worth reste au sommet. Sous la direction de Gaston Worth, fils du fondateur, elle conserve une clientèle fidèle issue de l’aristocratie, de la haute bourgeoisie et du monde artistique. Le 7 rue de la Paix accueille aussi des actrices et icônes de la scène comme Eleonora Duse ou Ida Rubinstein.

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Autour de 1910, la mode se simplifie et opère un retour au style Empire : les silhouettes se font plus droites, plus épurées, portées plus près du corps avec une élégance sobre que célèbre « La Gazette du Bon Ton ». La maison s’adapte, modernise ses lignes et répond à une nouvelle façon de vivre, sans jamais renier son raffinement.

 

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Dans cette dernière partie de l’exposition, c’est aussi l’univers olfactif de Worth qui est mis en lumière, avec une évocation sensible de ses parfums, dont les iconiques "Je Reviens" et "Dans la Nuit". Grâce à un dispositif conçu avec l’Osmothèque, le visiteur est invité à une expérience immersive autour du parfum comme vecteur d’image, de mémoire et de marque, rappelant à quel point la maison Worth, au-delà du vêtement, a inventé un art de vivre, une signature globale mêlant mode, image, senteur et désir.

 

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Dans les années 1920, la maison Worth entre pleinement dans l’ère moderne sous l’impulsion de Jean-Charles et Jacques Worth, petits-fils du fondateur. Saluée par Vogue comme l’une des maisons les plus audacieuses et inspirantes de son temps, elle multiplie les créations — manteaux, robes de jour, tenues du soir — dans une palette dominée par le fameux « bleu Worth ». Broderies décentrées, bijoux trompe-l’œil, lignes élancées : la mode du soir conserve son faste, tout en s’imprégnant d’un souffle nouveau.

Jean-Charles Worth se distingue aussi par son goût prononcé pour les arts décoratifs. Collaborations avec le sculpteur Jean Dunand, textiles dessinés par le peintre Raoul Dufy, monogrammes stylisés en guise de signature : chaque modèle devient un objet d’art à part entière. La maison, fidèle à son héritage, continue de faire rayonner l’idée d’un luxe créatif, total, résolument parisien.

 


 

 

 

Si Charles Frederick Worth est considéré comme l’inventeur de la haute-couture, son nom reste assez méconnu du grand public. C’est l’une des ambitions de la magistrale exposition qui vient d’ouvrir au Petit Palais en étroite collaboration avec le Palais Galliera.

 

 

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Robe d’intérieur ou tea-gown, Worth, vers 1897:
Soie façonnée à fond en satin vert et motifs en velours coupé bleu, dentelle de coton mécanique, doublure en taffetas de soie changeant vert et bleu.

 

 

Marine Kisiel, conservatrice du patrimoine, département mode XIXe siècle au Palais Galliera :

 

<<Si l’on parle de Charles Frederick, c’est un style qui évolue au fil du temps. De la crinoline sous le Second Empire pour aller vers le style tapissier dans les années 1870-1880 qui sont à la fois les modes d’une époque et qui s’incarnent à travers des créations particulièrement séduisantes et des modèles qui font florès chez Worth. La véritable invention de Charles Frederick est la ligne princesse (sans couture à la taille) qui n’est jamais mieux représentée qu’avec les tea-gowns. Nous en présentons deux dans l’exposition celle de la section des « 24 heures de la vie d’une femme » dans des tons très clairs et celle de la Comtesse Greffulhe. C’est une ligne très particulière à la maison, reconnaissable entre toutes et mise en valeur jusqu’à l’affiche de l’exposition.>> 

 


 

 

Frederick Worth est le premier couturier de Paris même si, pour moi, le premier est Christian Dior, et c'est parce que dans mon esprit Worth est plus associé à "des costumes théâtrales" alors que Dior est le premier a avoir fait des vêtements que l'on peut "porter" mais c'est bien entendu une question de "Mode" et de "génération".

 


 L’appellation Maison de Haute-Couture est encadrée par la loi :

 

 

La haute couture est une appellation juridiquement protégée depuis un décret datant de 1945 et modifié en 2001. Les pièces de haute couture sont faites sur mesure et à la main. Elles sont présentées à Paris lors de défilés deux fois par an, en janvier et en juin/juillet. Le prêt-à-porter, lui, n'est pas fait sur mesure mais peut être haut de gamme.

 

 

Une maison de haute-couture est un titre très sérieux qu’on ne peut obtenir et revendiquer qu’en suivant des règles très précises. Par ailleurs, on distingue les Maisons de Haute-Couture permanentes, celles qui doivent renouveler leur demande annuellement et les invitées. 

  

Seule 16 marques prestigieuses bénéficient de l’appellation Maisons de Haute-Couture de manière permanente. Par leur histoire et leur excellence, elles ont su démontrer un savoir-faire d’exception et une capacité à innover, à se réinventer. D’autres marques peuvent prétendre à ce titre en présentant annuellement leur candidature. Enfin les jeunes prodiges qui commencent à se faire une réputation peuvent être invités à défiler.

 

  1. Chanel,
  2. Dior,
  3. Givenchy,
  4. Jean-Paul Gaultier,
  5. Maison Margiela
  6. Adeline André,
  7. Schiaparelli
  8. Alexandre Vauthier,
  9. Franck Sorbier
  10. Giambattista Valli
  11. Alexis Mabille,
  12. Julien Fournié,
  13. Maurizio Galante
  14. Stéphane Rolland,
  15. Bouchra Jarrar,
  16. Maison Rabih Kayrouz

 

Pour obtenir le nom de Maison de Haute-Couture, il faut pouvoir démontrer :

  • qu’un atelier est situé à Paris,

  • que la confection des pièces (vêtements) est faite à la main, de manière totalement artisanale,

  • que les pièces soient réalisées sur-mesure,

  • qu’au minimum 20 artisans-couturières travaillent dans cet atelier,

  • qu’un minimum de 25 pièces est créés par saison,

  • que les collections suivent les deux saisons : automne/hiver et printemps/été.

Certaines maisons sont amenées à renouveler chaque année leur demande d’appellation, c’est le cas pour : Versace, Armani, Elie Saab, Valentino, Isabel Marant, Jacquemus, Kenzo, Louis Vuitton, Lanvin…

Enfin, il y a également les marques de créateurs émergents qui sont invitées à défiler. Pour la Paris Fashion Week automne/hiver 2025, les maisons invitées sont : Bluemarble, Aldo Maria Camillo, 3.Paradis, Feng Chen Wang, Valette Studio, etc.

 

 

La Haute couture était tout un monde à part qui est révolu; aujourd'hui il n'y a plus de couturiers à proprement parler mais plutôt des créateurs; les maison de couture vivent surtout des parfums et des accessoires;  et ensuite du prêt à porter. 

 

ANNE VR ("-_-")XXX

 


17/06/2025
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