CHARLES PÉPIN, VIVRE AVEC SON PASSÉ.
Le nouveau livre de Charles Pépin Vivre avec son passé, une philosophie pour aller de l'avant paraît le 7 septembre 2023 chez Allary Éditions. Il sera en vente et dédicacé par l'auteur le soir de la conférence.
2023
Comment faire de notre passé une force d’avenir ?
Enfance, éducation, souvenirs heureux ou traumatiques : notre passé ne passe pas. Il est toujours présent.
Il nous appartient donc d’établir une relation apaisée et féconde avec notre mémoire. Or celle-ci n’est pas un stock de données immuables. Les neurosciences nous apprennent que, contrairement à ce que l’on pensait, la mémoire est dynamique, mouvante. Nos souvenirs ne sont pas figés, ils s’apparentent à une partition à interpréter.
Notre rapport au passé doit être repensé. C’est ce que propose Charles Pépin en convoquant sciences cognitives, nouvelles thérapies, sagesses antiques et classiques de la philosophie ou de la littérature. Il nous montre que nous pouvons entretenir un rapport libre, créatif, avec notre héritage.
Notre bonheur dépend de notre capacité à bien vivre avec notre passé.
Charles Pépin nous donnera des clés pour y parvenir.
Pour lui, le passé n'est pas que du passé. Il continue à nous hanter à travers des regrets, des remords, de la culpabilité, des habitudes, des névroses, des goûts, des dégoûts. Et donc, la question que ça pose, c'est comment faire pour bien vivre avec ? Comment trouver la bonne distance avec ce passé ?
Charles Pépin : "La définition du passé, paradoxalement, c'est ce qui n'est pas passé. C'est ce qui demeure, ce qui persiste indéfiniment, comme le dit Bergson. Ce qui va revenir à travers des réminiscences, comme le montre Proust. Ce qui reste dans notre inconscient, comme le montre Freud. Il y a un moment de l'histoire des idées incroyables, avec Proust, Freud, Bergson au début du XXᵉ siècle, où on apprend qu'en fait, on va devoir vivre avec ce passé. Et je dirais qu'il y a deux écueils à éviter. Celui de Brel, c'est ce que j'appelle l'illusion moderniste. C'est l'idée qu'on pourrait lâcher du passé comme on lâche du lest. Tourner le dos au passé, juste s'en débarrasser d'une simple décision. Et ça ne marche pas parce que les psychologues ont montré qu'il y aura un effet retour, que plus j'ai voulu l'éviter, plus ça reviendra."
Charles Pepin évoque aussi Dostoïevski qui disait que si l'on dit de ne pas penser à un ours blanc, eh bien on pensera à cet animal tout le temps : "Il y a plein d'études en psychologie qui montrent que quand on évite quelque chose, ça revient et que plus on l'évite, plus il y aura un effet rebond. Mais attention, le piège, c'est que l'évitement marche à court terme. Si vous voulez ne pas penser à la personne qui vous a quitté, ne pas penser à un trauma de l'enfance, à une humiliation, par exemple en étant un workaholic ou en prenant des drogues, ça va marcher au début. Le problème, c'est que ça marche d'autant plus au début que ça ne marche pas à moyen terme et à long terme. Et donc on va avoir cet effet rebond et on va avoir un retour du passé d'autant plus violent qu'il aura été évité."
Que faire pour éviter cet effet rebond ? Dans son livre, il s'appuie sur les neurosciences et explique qu'il y a deux choses à faire. La première est d'accueillir son passé, faire la paix avec son passé. Et ça, c'était un peu évident comme technique même si ce n'est pas forcément facile. Dans le livre, il parle aussi d'une autre possibilité, c'est d'intervenir dans son passé, de le recomposer. Selon lui, grâce à de nouvelles découvertes sur le cerveau, sur ce qu'est un souvenir, sur ce qu'est la mémoire, on peut aussi intervenir dans son passé. Le cerveau est plastique et on pourrait jouer, et donc pas seulement accepter son passé, mais intervenir, le changer. Il existe en effet de nouvelles thérapies.
Charles Pépin prend comme exemple le reparentage : "C'est de rejouer une scène traumatique en faisant intervenir, comme dans une pièce de théâtre, en cabinet de thérapie, un personnage du présent qui est bienveillant." Cela pourrait donc permettre de réparer "l'enfant intérieur".
Pour Charles Pépin, il existe cependant des difficultés à aller de l'avant : "Les principaux obstacles à ma philosophie, qui est d'aller de l'avant avec tout son passé, ce sont deux choses. C'est la douleur des deuils. Parce que quand on est dans la douleur du deuil, on voudrait revenir en arrière et que la personne ne soit pas morte. Et c'est aussi quand on n'arrive pas à pardonner."
Qu'est-ce que la récapitulation créatrice ?
Henri Bergson, philosophe, a montré que notre passé persiste indéfiniment à travers, à la fois des choses qu'on connaît, les remords, les regrets, la culpabilité, mais aussi des choses aussi beaucoup plus insidieuses, comme les perceptions du monde, l'estime que j'ai de moi-même, les goûts, etc. Et puis, surtout, il a développé ce concept qui est au cœur du livre de Charles Pépin, "la récapitulation créatrice."
La métaphore qui est au cœur de son livre, c'est la passe arrière du rugby : "La passe arrière en rugby, c'est une façon d'aller de l'avant en se tournant vers l'arrière, c'est-à-dire aussi vers les autres. Et la récapitulation créatrice nous montre qu'on ne fait pas le bilan de façon statique. Être vivant, en fait, vivre avec son passé, c'est d'abord vivre. Mais comment voulez-vous ne pas vivre ? Pour vivre, vous devez être vous-même. Vous devez écouter, dit Bergson, la note qui est la vôtre, la mélodie intérieure de votre subjectivité. Mais comment faire pour savoir quelle est cette mélodie personnelle pour aller de l'avant dans la fidélité à cette mélodie ? Il faut, et c'est ça la thèse, se tourner vers ce passé et dire : 'voilà, quand est-ce que j'ai entendu ma mélodie commencer à chanter ? Par exemple, je me souviens que j'ai fait ses études, j'ai eu ce métier et ça ne m'a pas plu. Là, je n'ai pas senti ma note. Je n'ai pas entendu la mélodie intérieure de ma subjectivité. Et puis j'ai changé de voie, j'ai changé de métier, j'ai fait une belle rencontre, j'ai fait d'autres études et là, j'ai entendu résonner la note de ma singularité. Eh bien, je peux aller de l'avant dans la fidélité à cette note que mon passé me fait entendre'."
Pour Charles Pépin, le meilleur exemple d'une incarnation de récapitulation créatrice est Zlatan Ibrahimović.
Oublier son passé, parfois un besoin
Par exemple, Jorge Semprun, qui a été à Buchenwald, explique qu'il a eu besoin d'oublier. Il parle d'une amnésie volontaire : si je veux continuer à vivre, eh bien il faut que j'oublie ce qui s'est passé à Buchenwald.
Charles Pépin : "Ce que montre Semprun, comme certaines femmes violées d'ailleurs, c'est qu'on a besoin parfois pendant un moment, d'oublier pour passer à autre chose et pour avancer. Mais attention, vient le moment de se confronter à ce passé et d'essayer de faire la part des choses entre ce qui fait partie des épisodes que je dois accepter et ce qui fait partie des épisodes que je peux retraiter et recomposer, en sachant que l'ennemi, c'est le ressassement. Parce que le problème du ressassement, c'est que je reste bloqué dans le passé et je ne vis pas avec mon passé. Tout mon propos est de montrer comment on peut prendre son passé et le propulser vers l'avant."
Le Point : Qu'avez-vous découvert en vous penchant sur les neurosciences ?
Charles Pépin : Trois choses. La première, c'est la plasticité du cerveau, qui fait qu'on se demande pourquoi on devrait rester « scotché » à un événement traumatique du passé alors que notre cerveau est en évolution permanente. La deuxième chose, c'est que la mémoire est une fiction. C'est-à-dire qu'il y a des gens qui sont traumatisés par des souvenirs faux. Un souvenir peut provenir d'un vague récit déformé par l'imagination et prendre l'apparence de la vérité. La troisième chose tient au fonctionnement de la mémoire. Se souvenir, c'est aller chercher un vieux souvenir, le retraiter dans la mémoire de court terme pour le renvoyer dans la mémoire de long terme.
Nous faisons ça tout le temps, sans nous en rendre compte, sinon, on oublie. Chaque fois que l'on se souvient, on « reconsolide » le souvenir, ce qui veut dire qu'on le renvoie, non à pas à l'identique, mais changé, dans la mémoire de long terme. Et c'est là, dans ce mécanisme, que se nichent les nouvelles thérapies.
Les neurosciences permettent d'intervenir sur notre passé ?
Je vais prendre l'exemple de quelqu'un qui a souffert dans son enfance, d'avoir eu une mère froide et distante ou un père autoritaire et absent. En fait, ce qui le fait souffrir, ce n'est pas tant d'avoir eu ce passé, que d'avoir inféré de ce passé une règle de vie handicapante, à savoir, de se sentir illégitime, d'avoir peur d'être abandonné dès qu'on est aimé, de toujours mendier l'affection, d'avoir peur d'être humilié dès qu'on a un patron, etc.
Le rapport philosophique au passé, c'est d'abord d'accepter que les choses aient eu lieu, mais qu'on puisse retravailler la règle de vie, ça, c'est la découverte qui vient des neurosciences. Les souvenirs du passé se trouvent dans la mémoire épisodique, et on ne peut pas effacer ces souvenirs. En revanche, ce qui est complètement dingue, c'est que la règle de vie vient de mémoire sémantique, et ça, on peut le changer. Il y a des méthodes pour ça. Alors, c'est assez récent et il faut rester prudent, mais cela apporte un vrai espoir.
Quelles sont ces thérapies qui permettent de modifier notre rapport aux souvenirs ?
Je vais prendre un exemple dans ce qu'on appelle le « reparentage » en thérapie des schémas. Prenons un adulte, humilié publiquement par son père lorsqu'il était enfant parce qu'il faisait pipi au lit. C'est une blessure indélébile. Eh bien, en thérapie des schémas, on va faire intervenir dans cette scène reracontée, un personnage du présent en lequel le patient a confiance, à l'instant même du souvenir. Il faut que certaines conditions soient réunies, mais le cerveau émotionnel va confondre la scène vécue il y a quarante ans et celle fictive, revécue en séance de thérapie. La personne peut alors être délivrée de ce sentiment d'humiliation et de la crainte que ça recommence.
Il y a aussi la méthode du psychologue Brunet. Il s'agit encore d'intervenir dans le passé, mais avec l'aide de la chimie. Une étude faite par l'AP-HP, sur les rescapés du Bataclan et des attentats de Nice notamment, montre qu'en racontant – six fois en l'occurrence – le drame, les bêtabloquants peuvent casser l'émotion dans l'amygdale. Ce qui veut dire qu'on est habitué à revivre le trauma, sans être traumatisé. Alors, cela a l'air un peu magique raconté comme ça, mais c'est pour vous montrer qu'une brèche prometteuse vient de s'ouvrir.
La méthode, appelée EMDR, de reprogrammation par les mouvements oculaires fonctionne-t-elle sur le même principe ?
Dans l'EMDR, (une thérapie qui guérit les traumatismes et les phobies par des mouvements oculaires de droite à gauche) il y a moins une intervention dans le passé qu'une habituation. Comme chez les stoïciens – parfois, une nouvelle thérapie réactualise une sagesse antique, et c'est le cas ici. Les stoïciens l'avaient dit clairement : tu as vécu un événement traumatique ? Tu vas le convoquer et t'y habituer au lieu de le fuir. Si je vous demande quelle est votre pire peur, et que c'est de voir votre enfant mourir sous les roues d'une voiture en traversant, je vais vous demander, à 13 heures, pendant dix jours, de regarder cette idée en face pendant 10 minutes. C'est long 10 minutes. Eh bien, ça fonctionne très rapidement. En gros, au lieu d'avoir une angoisse, qui fige un effroi, vous handicape, vous allez vivre avec une image, certes atroce, désagréable, mais avec laquelle vous allez très bien pouvoir vivre, puisque ce ne sera plus traumatique.
C'est un bouleversement dans le monde des thérapies.
C'est en réalité un peu tôt pour en parler, il n'y a pas encore beaucoup d'études, mais ça s'annonce très prometteur par les psys qui pratiquent ces thérapies. Certains étaient d'anciens psychanalystes et disent que les résultats sont dingues. Et pour être honnête, ces idées me faisaient fuir au début. Moi, j'étais un freudien, et rien qu'à entendre qu'il fallait « déverrouiller les synapses »… J'étais allergique à ce vocabulaire. Mais comment ne pas accorder de crédit à cet espoir, quand on voit que certaines personnes passent vingt ans sur le divan, ressassent, parlent de leur psy comme d'un Dieu, alors qu'elles sont toujours aussi névrosées ?
Mais que va-t-il rester à la psychanalyse après tout ça ?
La psychanalyse a toujours été l'armature conceptuelle de ma philosophie et je suis passé par une expérience du divan très enrichissante. Toutefois – et je ne vais pas me faire que des amis, les psychanalystes vont dire que j'ai retourné ma veste et les chercheurs américains vont être choqués que j'invoque encore Freud « le menteur » et Lacan « le fou » –, la façon de voir le passé de la psychanalyse me semble, depuis que j'ai découvert les neurosciences, à repenser.
C'est-à-dire que là où l'approche de la psychanalyse, pourtant très nourrissante, est un peu limitée, c'est qu'elle refuse l'idée qu'une intervention dans le passé est possible. Elle dit en substance qu'il faut accepter un passé qu'on ne peut pas changer. Or certaines nouvelles thérapies nous proposent de modifier le passé pour mieux l'accepter. Et moi, je milite pour l'intégration des deux, de façon à offrir le meilleur. Il n'y a pas de raison d'opposer les thérapies nouvelles de la consolidation de la mémoire, inspirée des neurosciences, et la psychanalyse freudienne.
L'espoir, c'est vivre mieux ?
Oui, parce qu'on sait désormais que non seulement le passé est présent, mais que surtout, il est mouvant. Le passé est une matière à notre disposition, qu'on peut retraiter pour aller de l'avant et notamment aller mieux au-dedans. Alors oui, nous sommes dans une logique où l'on vise à plus de bonheur, mais cela nous demande d'avoir retrouvé le rapport au passé qui permet d'être heureux.
Il faut donc convoquer son passé ?
Il faut s'occuper de son passé, le regarder en face, lui parler, l'analyser, le questionner. La personne qui s'occupe de son passé va pouvoir aller de l'avant, et j'insiste sur ce point, avec son passé. Ce n'est pas comme si on lâchait du lest, on l'emmène avec soi. On s'allège de ce poids parce qu'on l'emmène avec soi, parce qu'on y consent. Sinon le passé qui n'aura pas été assumé va créer un frein dans le futur.
« Plus les gens vieillissent, plus ils ressassent »
Ne risque-t-on pas, à convoquer le passé, de ne plus pouvoir s'en débarrasser ?
J'ai justement écrit ce livre pour éviter deux écueils. Parce qu'on voit bien que plus les gens vieillissent, plus ils ressassent. Ils répètent tout le temps la même chose. Ce qui est lassant. On va les fuir, on n'en peut plus, et eux ne vivent plus rien, puisqu'ils sont dans le passé – et j'ai eu peur de faire partie de ceux-là ! Et de l'autre côté, il y a ceux que le passé n'intéresse pas, ce que j'appelle « l'illusion moderniste ». Cela revient à dire que, peut-être, j'ai été violé, peut-être mon père m'a abandonné, mais, au fond, c'est du passé et je vais de l'avant. On peut croire que ça fonctionne mais, comme dans les cas d'agression sexuelle, lorsque les femmes se taisent pendant 20 ou 30 ans, tôt ou tard, ça resurgit. Et si ça ne revient pas de façon directe, sous forme de flash, ça revient sous forme d'angoisse, de dépression ou divers autres troubles. Entre le ressassement et l'illusion de la page tournée, je pense qu'il y a une philosophie à proposer, celle d'emmener son passé avec soi dans le mouvement qui nous fait aller de l'avant. Comme dans la passe arrière au rugby, il faut se retourner pour aller de l'avant !
« Aller de l'avant », tout le monde veut la recette !
À force de ne pas vouloir s'encombrer de son passé, on risque de ne pas savoir qui on est, ni ce qui compte pour soi. On ne se souvient pas des moments où la vie nous a intéressés, des métiers qui nous ont parlé, ni des moments où on a été, au contraire, laborieux. Et cela signifie qu'on va se planter ! Parce qu'il n'y a pas d'identité sans mémoire du passé. Donc vivre avec son passé, cela veut dire tout simplement être soi, être fidèle à son identité.
« Bergson dit qu'on est libre lorsque nos actes nous ressemblent »
Mais comment sait-on qu'on est fidèle à soi-même ?
Ce n'est pas une question facile. Le premier point, c'est que la mémoire du passé nous permet justement de trouver les points communs entre ce qu'on était à 8 et à 45 ans. Un autre éclairage, c'est que, à partir du milieu de la vie, parce qu'on n'a plus de temps à perdre, il faut faire des choses qui nous ressemblent, qui nous correspondent. Autrement, on va s'épuiser, on va être névrosé et malheureux. Comment savoir ce qui me plaît ? En me retournant sur mon passé. Parce que c'est là qu'on peut avoir la distance qui permet de mesurer ce qui nous a plu. Se retourner sur son passé devient la condition pour aller de l'avant. Bergson dit qu'on est libre lorsque nos actes nous ressemblent. C'est-à-dire lorsqu'ils expriment notre personnalité tout entière. Or, cette personnalité est le résultat de notre passé. Si je ne me souviens pas, je ne sais pas qui je suis.
Comment détecter ce qui est vraiment nous ?
La première boussole, c'est le plaisir qu'on prend. Le plaisir ne ment pas. L'autre, c'est la générosité. Ce que le passé a fait de moi, il m'appartient d'en faire autre chose. C'est ainsi qu'on évite le ressassement, la rumination autocentrée. Quand les rescapés des camps de la mort parlent, évidemment, ils disent être les enfants des camps de la mort, mais aussi qu'ils ne se réduisent pas à cela. Leur geste généreux, c'est de témoigner pour que ça ne se répète pas. Ils ne sont pas seulement déterminés par leur passé ; la générosité leur permet d'aller de l'avant et vers les autres.
Donc, je dirais qu'il y a deux ingrédients importants pour bien vivre avec son passé : le plaisir qui nous indique ce qui compte pour nous, et la générosité qui nous décentre.
Vous évoquez aussi l'aide trop souvent minorée de nos bons souvenirs ?
Oui, parce que pour moi, le passé, c'est aussi ce qui s'est bien passé. Or, on est tellement dans le présent, avec les sollicitations, les notifications de smartphones, dans l'angoisse de l'avenir, qu'on a de sublimes souvenirs, mais qu'on oublie de se réchauffer à leur flamme. Pire, si le bon souvenir revient, on devient nostalgique ou triste parce qu'on se dit qu'il ne reviendra pas ! Pourtant, la méthode proustienne, ou épicurienne – c'est à peu près la même chose –, existe. C'est-à-dire qu'au lieu d'être mordu par la nostalgie, au lieu de laisser le souvenir heureux repartir comme il est venu, on l'accueille, on s'arrête dessus. Mais attention, Proust dit qu'il faut faire un effort. La réminiscence ne se fait pas en deux secondes. Il faut l'accueillir et insister, se laisser envahir par le bonheur passé pour un bonheur nouveau.
Et en gros Pépin conclue :"Je suis ce que le passé a fait de moi mais je ne suis pas que cela "
2021
Dans la lignée de Les Vertus de l'échec et La Confiance en soi, un nouvel essai de philosophie pratique, où Charles Pépin montre que toute vraie rencontre est en même temps une découverte de soi et une redécouverte du monde.
Une philosophie salutaire en ces temps de repli sur soi.Pourquoi certaines rencontres nous donnent-elles l'impression de renaître?? Comment se rendre disponibles à celles qui vont intensifier nos vies, nous révéler à nous-mêmes??
Say Who :
Comment s’est passée l’année 2020 ? (année du Covid)
Charles Pépin:
J’ai trouvé cette crise violente mais j’ai réussi à surfer dessus et à rebondir. J’ai eu beaucoup de propositions de conférences. J’ai eu à cœur de réinventer un art de la conférence à distance. Je ne fais pas le vieux sage seul chez moi devant mon écran ! Et j’ai écrit une série de podcasts diffusés sur Spotify, qui devaient être à l’origine des captations de mes conférences au Mk2. C’est un rythme hebdomadaire assez soutenu. Tout ça avec trois enfants ! Bref, j’ai plutôt bien vécu cette période. Tout en ayant la chance que mes proches soient épargnés.
Vous conceptualisez la rencontre à l’heure où c’est justement l’autre qui nous est interdit. Pourquoi maintenant ?
Charles Pépin:
La vraie trame philosophique est antérieure à la crise. Je travaillais déjà autour d’une thèse : on ne se rencontre pas assez. Je m’intéressais aux logiques d’entre-soi, aux habitudes, aux certitudes, aux préjugés, aux algorithmes… Et à tout ce qui nous empêche de nous rencontrer. Et puis la crise est arrivée et j’ai été étrangement confirmé par l’actualité. Cela a renforcé la thèse : sans rencontre, nous sommes coupés de nous-mêmes. C’est une vie de merde, rétrécie, diminuée. On trouve des pis-aller mais ce n’est pas une vraie vie.
Pourquoi le besoin de rencontrer ce qui n’est pas soi pour devenir soi ?
Charles Pépin:
C’est la vraie question philosophique. La première lecture est anthropologique. Nous sommes des animaux inachevés. Prématurés. Si nous étions déterminés, complets, avec un instinct naturel très solide, nous n’aurions pas besoin de rencontrer les autres. On se suffirait naturellement à nous-mêmes. Mais il y a d’autres lectures plus intéressantes. En rencontrant quelqu’un – une culture, un paysage, une musique, un livre, un animal –, il y a une sorte de choc d’altérité, d’électricité, de trouble aussi. Ce contact donne une idée de ce que l’on pourrait devenir. Cela révèle des choses de soi. Notre lieu d’habitation naturelle n’est pas le « chez soi», refermés sur notre identité ou nos certitudes. Ça, c’est que j’appelle une vie étriquée. Or nous habitons le vaste monde.
Et qu’en est-il dans le domaine amoureux ?
Charles Pépin:
La partie principale du livre, c’est l’amour et le couple. Il n’y a rien de plus faux que d’affirmer « Je sais avec quel genre d’homme ou de femme je vais être heureux ». C’est assurément une attitude qui s’oppose à la rencontre. Il y a même là toutes les raisons de se tromper.
Pourquoi ?
Charles Pépin:
Parce que notre désir est obscur. La surprise surgit au contact de quelqu’un. On le voit bien sur le plan sexuel ou sensuel. C’est parfois très surprenant comme ça se passe mal, alors que l’on attendait quelque chose de génial. Et puis la rencontre prouve que non. C’est une thèse presque élémentaire que de dire qu’il faut aller voir : « j’y vais, je vois ». On est obligé de se mettre en mouvement et de sortir de chez soi; de soi, de ses croyances, de ses préjugés.
Notre époque est marquée par les crispations identitaires, et par l’affirmation tous azimuts de nos singularités. Dans son ensemble, votre œuvre oppose à chaque tentation de repli sur soi des moyens d’ouverture. Vous luttez contre ce qui enferme ?
Charles Pépin:
Je suis exaspéré par cette crispation identitaire de tous les côtés. Tout le monde veut être ceci ou cela et parler en tant que ceci ou cela. Évidemment, je ne suis pas né à la bonne époque. Notre époque est une époque de peur; le repli est une tentation légitime. Mon idée est claire : de livre en livre, je combats la crispation identitaire, et même l’identité tout court. Je pense que l’identité est un leurre. Il y a évidemment de bons côtés à l’affirmation de soi. Mais l’effet pervers est énorme. Caricaturons : si je suis sûr de moi, je sais qui je suis. Si je suis fier de moi, si tout va bien, si je n’ai aucune incertitude, je n’ai qu’à rester tranquille avec moi-même toute ma vie, sans jamais rencontrer les autres. Je combats cette vulgate de psychologie selon laquelle il faut d’abord s’aimer soi-même et savoir qui on est pour pouvoir aller vers les autres. La vraie vie, ce n’est pas ça. C’est même l’inverse : je ne sais pas qui je suis, et je compte sur toi pour l’apprendre. Ou alors : je sais un peu qui je suis mais cela ne me suffit pas. Cela ne me satisfait pas. Je ne suis pas défini par mes attributs sociaux, quels qu’ils soient. Je suis plus complexe que ça, et surtout plus ouvert.
Il y a là quelque chose de thérapeutique, d’un point de vue individuel et collectif: établir ou restaurer des liens rompus…
Charles Pépin:
Je suis à la frontière du développement personnel et de la philosophie, ce que certains philosophes me reprochent, d’ailleurs. Qu’importe. Je suis pour le décloisonnement. Je suis pour tout prendre, ou pour prendre ce qu’il y a de bon à prendre. Plus généralement, je suis un enfant de la philosophie sceptique. C’est-à-dire que je ne sais pas. Le scepticisme est aussi une philosophie esthétique. Quand on ne sait pas trop de quoi est fait le monde ni qui on est, on peut profiter des lumières, des beautés, des rencontres. J’essaie à ma petite échelle d’apporter un antidote. Dans La Rencontre, j’invite à aller à la rencontre du monde, du vivant, des animaux ! Cet hiver, par exemple, j’ai observé mon chat découvrir la neige pour la première fois. C’est une petite expérience philosophique par laquelle on apprend à disparaître, à ne plus être soi. Il en va de même lorsqu’on a une forte émotion devant un film ou au cours d’un moment sensuel qui fait que l’on s’oublie; les frontières s’effacent un peu.
Vous évoquez souvent David Bowie. Pourquoi est-il important pour vous ?
Charles Pépin:
Parce qu’il dit « je vais jouer, je vais me travestir ». Bowie était mime. Comme lui, je vais jouer avec les autres en moi, avec mon identité multiple, et pas mon identité monolithique et parcellaire. Et puis Bowie rencontre tout un tas de gens. Quand Lou Reed, arrogant introverti intello, rencontre le glam étincelant de Bowie, ça produit quelque chose de fou. Il raconte que c’est sa force, au-delà de son talent à lui. Il montre plusieurs visages de lui-même. De ce point de vue-là, c’est un philosophe que j’aime bien.
Selon vous, la disponibilité précède la rencontre. Qu’est-ce que cela signifie ?
Charles Pépin:
Dans une vie qui fut autrefois la mienne, j’aimais vivre la nuit. Je me couchais quand le jour se levait. J’aimais même m’endormir en boîte, ce qui m’a d’ailleurs valu quelques réveils désagréables, notamment par une femme de ménage au Rex ! J’aimais aller aux Folie’s Pigalle, au Palace… Je ne cherchais pas tellement les rencontres amoureuses ou sexuelles, et encore moins à être « là où il fallait ». Je n’étais pas un mondain qui avait ses entrées partout. J’étais même gêné par un certain entre-soi. Je me suis longtemps demandé ce qui m’attirait. En fait, je voulais avoir le temps. Perdre mon temps. Sans contrainte. Pour être disponible à ce qui pouvait surgir. Cette vie de noctambule dit que la rencontre est une possibilité; liée au hasard, certes, mais que l’on peut provoquer un peu. Pour rencontrer quelqu’un, il ne faut pas être pressé. Il faut avoir du temps à perdre avec quelqu’un. Ce temps permet de le rencontrer vraiment.
Et les attentes, dans tout ça ?
Charles Pépin:
La méthode que je défends dans le livre est celle d’un aller-retour dialectique. Je sors de chez moi parce que j’ai une attente. Mais ensuite, je passe en mode observation et relâchement; je me rends disponible à l’inattendu. Et c’est dans cette alternance des deux qu’une thèse philosophique un peu plus précise se dessine : soit un utilitarisme mystique, soit une mystique utilitaire. C’est faire la synthèse entre le cadre posé de l’action volontaire et le lâcher-prise nécessaire à la disponibilité de l’observateur. C’est ma ligne philosophique. C’est très occidental d’opposer d’un côté le volontaire proactif qui poursuit un but, une target et, de l’autre côté, le renonçant, le zen, le bouddhiste, l’esthète, le dandy qui contemple.Je ne suis ni dans le volontarisme occidental, ni dans le lâcher-prise bouddhiste. C’est une synthèse des deux.
Vous évoquez la nécessité d’approfondir les liens et les choses. Plus loin, vous développez l’idée d’une responsabilité morale qui découle de la rencontre. Pensez-vous que notre époque favorise une forme de frénésie ?
Charles Pépin:
Il ne faut pas non plus trop charger la barque sur l’époque. Je pense que c’est un invariant de l’espèce humaine : on a une possibilité, une fibre morale, en soi. Simplement, l’égoïsme et l’individualisme sont plus forts. La morale chrétienne, la morale kantienne, enjoignent à être responsable des autres et à en prendre soin. Mais cette injonction est trop abstraite, trop générale. Cela ne marche pas. Nous sommes trop autocentrés. Concrètement, il m’est difficile d’établir un lien moral avec celui que je ne connais pas. Peut-on sincèrement affirmer que l’on se sent responsable de l’inuit qui vit sur la banquise ? C’est dur. D’ailleurs, nous consommons des choses qui menacent directement sa vie. Mais il suffit d’avoir rencontré un inuit une fois, et de comprendre que sa survie est mise en péril par notre propre consommation, pour se sentir responsable. Du coup, on arrive à une thèse ultra-simple : un des signes objectifs de la rencontre, c’est la responsabilité morale. Quand on se sent responsable de l’autre, on peut affirmer que la rencontre ne va pas s’évaporer du jour au lendemain. C’est aussi un signe qui permet de savoir si on aura une histoire de couple qui va s’inscrire dans la durée.
Il ne peut pas y avoir de responsabilité abstraite ?
Charles Pépin:Il y a bien sûr des belles âmes engagées, plus généreuses, qui sentent une responsabilité universelle. Mais c’est à mon avis, toujours enfanté par les rencontres. Le débat que l’on aborde oppose Kant et Levinas. Kant dit que l’on a une responsabilité abstraite. Levinas répondra un siècle et demi après par la négative. Pour lui, c’est uniquement quand il voit le visage qu’il prend la mesure de sa responsabilité. L’homme est vulnérable. C’est toute cette vulnérabilité que le terme « visage » désigne. Quand l’autre est en face, on comprend que sa vie dépend de soi. C’est la même logique qui se produit face à un SDF. On comprend qu’il peut mourir de froid cette nuit. C’est possible. Par contre, je ne me sens pas responsable avant la rencontre. En tout cas, c’est ma thèse, reprenant Levinas.
Vous puisez dans la philosophie pour en extraire des moyens de vivre mieux. D’où vous vient cette envie d’aider ?
Charles Pépin:Je ne sais pas. Cela doit sans doute venir d’un désir de réparation. Comme beaucoup de gens, je pense que j’ai eu, enfant, des moments de timidité ou de solitude mal vécus. J’ai aussi été très sensible à certaines figures de jeunes isolés ou rejetés en raison de leurs différences. Mais je ne me voyais pas comme ça. J’avais a priori une autre culture de la philosophie, plus intellectuelle, orientée vers la recherche, moins psy. J’ai commencé par être romancier. Ensuite, je me suis mis à faire des livres de philo et à me tourner de plus en plus vers la philosophie pratique, existentielle. Et puis j’ai été prof de philo pendant 20 ans; aider les élèves faisait partie de mon quotidien. Ce rapport « aidant » à la philosophie, que d’ailleurs j’avais aussi trouvé chez mon prof de philo au lycée, je n’en étais pas conscient. Je ne me sentais pas l’âme d’un thérapeute.
Et maintenant ?
Charles Pépin:J’ai changé. J’accepte ce retour, et j’en suis même très touché. En tant qu’Hégélien, je pense que ce que les gens nous renvoient est en partie vrai. J’ai d’ailleurs été tenté, après une très longue analyse, par l’idée de devenir psy. En fait, je me suis toujours pensé par rapport à mes amis et à mes enfants. J’ai même écrit des paroles de chanson sur ce sujet, comme quelqu’un qui aime apporter du bien autour de lui. Et finalement je me retrouve à faire ça avec mes livres. Alors j’assume de plus en plus de faire des livres qui « font du bien », même si je trouvais au départ l’expression ridicule. Et puis j’aime aussi l’idée de ne pas trop mentir. Ça aide les gens de leur dire qu’ils ont le droit d’avoir des blessures, de se tromper. Je ne sais pas trop répondre à cette question, en fait !
Pensez-vous que l’on sortira indemne, sur le plan relationnel, de cette crise ?
Charles Pépin:Je ne sais pas. J’hésite. Je vois deux forces. La première est celle du « putain, on veut vivre, ça suffit », et qui préfigurerait des sortes d’Années Folles. On serait boulimiques de rencontres, de vie audacieuse… C’est celle que j’appelle de mes vœux. Mais en face, il y a une contre-force : celle du repli, de la peur. Beaucoup d’individus ont pris goût à cette vie de merde. Ils n’aiment pas sortir. Ils n’aiment pas la rencontre. Ils aiment le petit confort, le petit vase clos, le petit univers fermé. Et voilà que l’humanité doit vivre comme eux. Cette vie étriquée est soudain légitimée. Je ne sais pas ce qui va l’emporter. Peut-être qu’il y aura deux mondes antagonistes. Mais étant de nature optimiste – et puis aujourd’hui il fait super beau ! –, j’ai envie de croire que l’ensemble du pays va être gagné par le désir de la vraie vie et de l’autre.
2018
Le livre qui éclaire les mystères de la confiance en soi. D'où vient la confiance en soi ? Comment fonctionne-t-elle ? Qu'est-ce qui la renforce ? L'affaiblit ? Pourquoi certaines personnes sont-elles plus confiantes que d'autres ? Est-ce une question de tempérament ? Le fruit d'un travail sur soi ? Un regard sur le monde ? Quelle relation la confiance en soi entretient-elle avec la confiance en autrui, avec la confiance en la vie même ? En puisant dans les grands textes de la philosophie et des sagesses anciennes, dans les travaux des psychanalyses et des psychologues, mais aussi dans l'expérience de grands sportifs, d'artistes ou d'anonymes, Charles Pépin éclaire le mystère de la confiance en soi.
Notre monde moderne fait de nous des êtres libres, responsables de notre destin. Il nous appartient de trouver notre place dans la société et pour ce faire, nous avons besoin de confiance. Or, paradoxalement, notre mode de vie nous apprend de moins en moins à gagner en confiance.Nous avons perdu le contact avec le « faire », le contact premier avec les choses. La technologie sophistiquée amène de plus en plus de gens à obéir à des « process » sans rien construire de leurs mains. Nous manquons dès lors d’occasions concrètes de trouver confiance. Or, on ne naît pas confiant, on doit le devenir.
La confiance en soi vient d’abord des autres . Et notre condition humaine nous jette dans la vie alors que nous ne pouvons survivre seuls. Nous sommes obligés d’accorder toute notre confiance à la personne qui prendra soin de nous. Le bébé sent que l’amour qu’il reçoit n’est pas conditionné par ce qu’il fait ou ne fait pas. Il est aimé pour ce qu’il est et non pour ce qu’il fait. Voilà le socle fondamental de la confiance qu’il aura plus tard, une force pour la vie.
Voilà une expérience que les comédiens expérimentent souvent: c’est en montant sur scène qu’ils prennent confiance. Pas avant. Ce n’est donc pas en eux qu’ils ont confiance, mais avant tout en l’action elle-même. Et donc, ceux qui ne veulent jamais essayer ne prendront jamais confiance en eux. En ne passant pas à l’acte, ils se privent des vertus libératrices de l’action. Et leur anxiété ne fait que grandir.
Disons-le simplement : faire confiance à la vie, c’est penser qu’elle est plutôt une bonne chose. Qu’il y a au fond du monde, malgré le scandale qu’il abrite parfois, quelque chose comme une tendresse, une lumière que nous avons tous déjà entrevue et qui ne s’oublie pas. Nous n’avons pas nécessairement besoin de savoir d’où elle vient.
2016
Avec son ouvrage "Les Vertus de l’échec” (Allary éditions) ,Charles Pépin est formel :"l'échec est nécessaire, et accepter de rater ne veut pas dire que l'on est un raté ".On peut apprendre de ses échecs, selon le philosophe, aussi bien que ces derniers peuvent aussi nous montrer des chemins de vie différents. Or, l'échec encore vécu très différemment selon les cultures .
En Finlande ou aux Etats-Unis, l’échec est vu comme un apprentissage, une expérience de la vie : on rate parce qu’on est entreprenant.
En France, il est vu comme une humiliation : on rate parce qu’on est coupable. L’école républicaine, normative et égalitariste, ne valorise pas assez la singularité.
Un élève qui échoue est considéré comme mauvais, alors qu’on pourrait estimer qu’il a un talent différent, original.L'échec est riche d’enseignements, pour peu que l’on s’interroge dessus. J’en distingue trois types : les échecs qui rendent plus fort, plus persévérant ;ceux qui rendent plus sage, plus humble, plus empathique ; enfin, ceux qui rendent plus disponible, pour prendre une voie alternative. A l’exemple de Serge Gainsbourg, qui a réussi dans la chanson parce qu’il avait d’abord échoué dans sa carrière de peintre. C’est ce que j’appelle la «vertu de bifurcation».
Mais il en existe dont on ne se relève pas.Trois conditions sont nécessaires pour y remédier.D’abord, reconnaître son échec.Ensuite, ne pas s’identifier à lui :
il faut différencier «rater» et «être un raté». Enfin, bien le disséquer pour en tirer les meilleures leçons. Finalement, l’échec vertueux est celui qui va de pair avec l’audace.
Qui n’a jamais connu le sentiment d’échec a raté sa vie, car cela signifie qu’il n’a pas pris de risques.
2014
Solaro traverse les épreuves de l'existence avec une force que les autres n'ont pas : il sait jouir du moment présent. Ce livre est son histoire, le roman d'un homme joyeux. C'est aussi une invitation à la réflexion, à comprendre ce qu'est la " joie ", cette force mystérieuse qui, à tout instant, peut rendre notre vie exaltante."Je lui dis que ma sortie je n'y pense jamais. Jamais. Je lui dis que j'ai cette vie là à aimer et que c'est bien assez. Je lui dis que je ne veux pas de son espoir parce que l'espoir est un poison :...
Vous le voyez comment ce verre : à moitié plein ou à moitié vide ?Solaro, lui, il trouve surtout qu'il a bon goût. Il n'est ni pessimiste, ni optimiste :il est simplement joyeux. Solaro, c'est le personnage de Charles Pépin dans son roman" La Joie" Préparez couette, tasse de thé, et enfermez-vous dans votre chambre : vous allez y passer le week-end.Le roman de Charles Pépin est un Candide des Temps modernes.Et nous, on le suit. Perplexe, on empile avec lui les emmerdes et on morfle.On trouve même qu'il est sacrément gonflé de nous dire que tout va bien.Peut-être même un peu con ? Et puis on renonce à penser à sa place. On apprend à regarder avec ses yeux. Et on referme le livre avec une interrogation qui prend racine au fond de nous : et si c'était ÇA LA JOIE ?
2013
A propos de la "Beauté" Apprendre a aimer le "Mystère " serait-ce le secret du Bonheur ??
Pourquoi la beauté nous fascine-t-elle ? Pourquoi avons-nous tant besoin du plaisir particulier qu'elle nous donne ?
Un paysage naturel vous offre l'apaisement, une mélodie vous redonne soudain foi en vous-même, un tableau vous emporte dans quelque chose de plus grand que vous, un visage contemplé vous invite à voir le monde autrement...
Chaque fois que la beauté nous touche, elle nous réapprend à nous faire confi ance, à nous écouter, à ne pas nous laisser enfermer dans notre quotidien, à nous ouvrir à la promesse d'un Absolu. Dans le plaisir esthétique, nous réussissons même à nous confronter à ce qui d'habitude nous effraie : le mystère des choses, notre propre obscurité... C'est le pouvoir de la beauté : elle nous donne la force d'aimer ce qui est, en même temps que celle d'espérer ce qui pourrait être.
Croisant la pensée des grands philosophes, l'oeuvre des artistes d'hier et d'aujourd'hui, puisant aussi dans son expérience personnelle, Charles Pépin éclaire l'énigme de la beauté et montre en quoi sa fréquentation peut nous aider à vivre.
Charles Pépin est un philosophe et romancier, agrégé de philosophie, diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris et de HEC. Il enseigne au lycée d’Etat de la Légion d’Honneur à Saint Denis, et aux « mardis de la philo », à Sciences Po Paris. Il est intervenu pendant six ans en tant que philosophe à la télévision dans « Culture et Dépendances » (France 3), puis dans « En aparté » (Canal +). Et il collabore également chaque mois à « Philosophie magazine » et à « Psychologies magazine ».
Depuis 2011, Charles Pépin débat sur des questions philosophiques le lundi soir au cinéma Mk2 Odéon.
Charles Pépin est mon Philosophe "Coup de coeur" et je l'écouterai des heures et des heures, il sait allier la réflexion, l'honnêteté, la connaissance, l'expérience, l'intelligence et la pratique avec humour, il sait aussi s'adapter à tous les changements des époques avec une aisance incroyable !! Il a ce don des comédiens qui captent l'attention à tel point que nous n'avons pas envie de lâcher le discours une seconde .
ANNEVR(-_-)xxx
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