CLÉMENT ROSSET : LA JOIE OU LA FORCE MAJEUR
Clément Rosset, né le à Carteret dans la Manche, mort le à Paris, est un philosophe français.
Clément Rosset développe une philosophie de l'approbation au réel :
<<Par la joie, je prends plaisir au réel tout entier, sans avoir à m'en masquer aucun aspect, si horrible soit-il. Le paradoxe de la joie est ainsi que rien dans la réalité ne me porte à l'approuver et que pourtant, je puisse l'aimer inconditionnellement. Cette vision est dite « tragique » au sens conféré par Nietzsche à ce terme : est tragique l'amour de la vie jusque dans le déchirement et la douleur extrêmes. Être heureux, c'est être heureux malgré tout.>>
Dès son premier livre, La Philosophie tragique Rosset oppose cette vision tragique et joyeuse à la recherche d'un double qui puisse protéger du réel. Le réel étant à la fois cruel et indicible, les hommes ont tendance à lui préférer un double de substitution, une image illusoire et adoucie qui les en détourne. En particulier, la vision morale du monde repose sur l'illusion de ce double.
<< la « force majeure », pour Clément Rosset, c’est la joie. Et, plus précisément, la joie telle que la philosophie de Nietzsche permet de la penser et à laquelle cet essai bref, tranchant, éloquent, constitue une parfaite introduction.
Revenant au texte même, Rosset expose les motifs de l’éternel retour, de la primauté accordée à la musique ou du masque, et montre que la constellation conceptuelle de Nietzsche gravite autour du principe de « béatitude ».
Mais le coup de maître de Rosset, celui qui a fait de La Force majeure un livre culte, c’est d’avoir introduit son étude par une enthousiasmante méditation sur la joie : à la fois illogique et irrationnelle (d’où l’expression « fou de joie »), conscience lucide du tragique, cette force approbatrice du réel est la grande et unique règle du « savoir vivre ».>>
La force Majeur
« La joie est, par définition, illogique et irrationnelle. La langue courante en dit là-dessus plus long qu’on ne pense lorsqu’elle parle de “joie folle” ou déclare de quelqu’un qu’il est “ fou de joie ”. Il n’est effectivement de joie que folle ; tout homme joyeux est à sa manière un déraisonnant.
Mais c’est justement en cela que la joie constitue la force majeure, la seule disposition d’esprit capable de concilier l’exercice de la vie avec la connaissance de la vérité. Car la vérité penche du côté de l’insignifiance et de la mort, comme l’enseignait Nietzsche et l’enseigne aujourd’hui Cioran. En l’absence de toute raison crédible de vivre il n’y a que la joie qui tienne, précisément parce que celle-ci se passe de toute raison.
Face à l’irrationalisme de la joie, toute forme d’optimisme raisonné n’oppose que des forces débiles et dérisoires, qu’“ un misérable espoir emporté par le vent ” pour reprendre les termes de Lucrèce. Fût-il le plus parfait et le plus juste, il laisserait encore tout, ou presque, à désirer. En ces temps de prédictions volontiers catastrophiques, on se garde pourtant d’envisager la pire des hypothèses, – je veux dire celle d’un monde devenu, contre toute attente, absolument satisfaisant.
Car ce serait là un monde dont personne au fond ne veut ni n’a jamais voulu : on pressent trop qu’aucun des problèmes qui font le principal souci de l’homme n’y trouverait de solution. C’est pourquoi ceux qui travaillent sans relâche à son avènement n’attendent en fait de leur labeur qu’un oubli momentané de leur peine, et rien de plus. Et on peut parier qu’ils montreraient moins d’ardeur à la tâche s’ils n’étaient soutenus par la conviction secrète que celle-ci n’a aucune chance d’aboutir. »
Clément Rosset
Entré à l’École normale supérieure en 1961, Clément Rosset est devenu agrégé de philosophie en 1964.
Il a enseigné la philosophie à Montréal de 1965 à 1967, puis à Nice jusqu’en 1998.
Puis Il a pris sa retraite et a vécu à Paris pour se consacrer à son œuvre.
Outre l’influence déterminante de Nietzsche, celles de Lucrèce, Montaigne, Pascal, Spinoza et Hume – et, à certains égards, Bergson, Deleuze, voire Lacan – comptent également.
Plus tard, revenant sur ce qu'il considère comme une condamnation trop hâtive, Rosset voit en Parménide la voix puissante de l’idiotie du réel (Principes de sagesse et de folie) contre l’interprétation métaphysique qui en fut faite par toute une lignée de philosophes de Platon à Heidegger.
"Je ne m’intéresse qu’au réel", une grande partie de mon travail philosophique depuis trente ans a consisté à démasquer les efforts, les extraordinaires gymnastiques intellectuelles auxquels s’adonnent la majorité des gens, et les philosophes en premier lieu, pour ne pas être en contact avec la réalité."
Clément Rosset aimait la joie et les plaisirs ; et particulièrement le champagne et les bons vin ; l'ivresse était, pour lui, un moyen d'être lucide ..et je ne suis pas loin de croire que certains grands artistes , écrivains ou poètes étaient sous l'influence de quelques substances lorsqu'ils ont fais ou écris des chef d'oeuvre . Alors , en effet , la joie et la création peuvent venir d'une certaine ivresse j'en suis convaincue.
ANNE VR(-_-)xxx
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