ANNE VALLERY-RADOT RUBRIQUES ART & CINÉ

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FOUJITA LE PEINTRE JAPONAIS DE MONTPARNASSE

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 Du 7 mars au 15 juillet 2018, le Musée Maillol à Paris, présente une exposition consacrée à l’artiste japonais, naturalisé français, Léonard Tsuguharu Foujita. 

 

 Musée Maillol 

 

A l'occasion du 50e anniversaire de sa mort, le Musée Maillol revient sur le beau parcours du peintre Foujita, l'artiste parisien le plus dandy des années Folles, dans une exposition du 7 mars au 15 juillet 2018. Pour cette belle expo, plus de 100 tableaux et aquarelles dévoilent l'art de Foujita pendant les années 20, ses années parisiennes !

 

 

 

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Autoportrait 

 

 

 Scénographie conçue par Hubert Le Gall, 

 Ces oeuvres majeures, propriété du Conseil Départemental de l‘Essonne, installées au centre de l’exposition, marquent le point d’orgue des Années Folles, preuve de la virtuosité et de l’impact de Foujita sur son époque.

 

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Tsuguharu (Héritier de la Paix) Fujita (Foujita à son arrivée en France) est fils du général Tsuguakira Fujita2, médecin de l'Armée impériale japonaise et de Masa, qui meurt prématurément en 1891 à Kumamoto.

Tsuguharu a un frère ainé et deux sœurs qui le protègent au moment du drame. Le berceau familial est particulièrement cultivé et ouvert aux idées occidentales nouvelles.

 

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Tsuguharu étudie la peinture de style occidental aux Beaux-Arts de Tokyo, obtient son diplôme en 1910 et n'a qu'une idée en tête : aller à Paris.

En 1913, il s'embarque finalement pour Marseille et débarque à Paris dans le quartier du Montparnasse le 6 août au matin. Il s'est engagé auprès de sa famille à revenir au bout de trois ans, notamment pour épouser sa fiancée Tomiko.

 

Le lendemain, le peintre chilien Manuel Ortiz de Zarate, qui l'aborde à la terrasse d'un café, l'entraîne chez Pablo Picasso qui provoque le premier grand choc de sa vie d'artiste.

Les compositions cubistes et les peintures du Douanier Rousseau de l'atelier de Picasso le poussent à oublier ce qu'il sait et à se jeter à fond dans la bataille des avant-gardes de l'art moderne que livre une centaine d'artistes de son âge décidés comme lui à imposer leurs idées nouvelles à Paris.

Déjà bien avant la Première Guerre mondiale, l'École de Paris existe pour éclore tout à fait après 1918.

Foujita en devient l'une des stars. Amedeo ModiglianiJules PascinHermine DavidMoïse KislingChana OrloffChaïm SoutineAndré DerainMaurice de VlaminckFernand LégerJuan GrisHenri Matisse et, en général, tous ses voisins de Montparnasse, dont le peintre japonais Ruytchi Souzouki deviennent ses amis.

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Il hésite entre la danse et la peinture. Après un séjour à Londres en 1914, il revient cité Falguière, près de Soutine et Modigliani, jusqu'à ce qu'il rencontre sa première femme, Fernande Barrey en 1917, et qu'il installe son atelier dans sa cour, 5 rue Delambre, où il restera jusqu'en 1924.

 

 

 

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Nu couché à la toile de jouy (modèle Kiki de Montparnasse)


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Sa première exposition personnelle chez Chéron en juin 1917 est un triomphe ; il expose 110 aquarelles dans un genre mi japonais, mi-gothique que Picasso admire. Avec ses gains, il offre un oiseau à Fernande, qui est à l'origine de cette exposition et installe chez eux une baignoire avec l'eau chaude courante, ce qui fait aussi le bonheur des modèles, dont Kiki de Montparnasse, modèle favori, dont on admire la beauté dans le fameux Nu couché à la toile de Jouy (musée d'art moderne de la ville de Paris). En odalisque alanguie, le nu de Kiki fait sensation au Salon d'automne de 1922 et se vend l'énorme somme de 8 000 F.

En 1918, le poète et marchand polonais Léopold Zborowski entraîne Soutine, Modigliani et sa femme, Jeanne Hébuterne, avec Foujita et Fernande à Cagnes, pour s'abriter des bombes et vendre leurs peintures dans les palaces de la Côte d'Azur. C'est un moment fort pour Foujita qui peint avec ses deux amis pendant tout un été et qui rencontre Auguste Renoir juste avant sa mort.

 


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Modigliani et Jeanne Hébuterne 

 

 

 

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En 1921, il voyage en Italie. Il est impressionné notamment par les œuvres de Michel-Ange à la chapelle Sixtine. À partir de 1923, il intensifie le modelé de ses corps.

 

Il réalise des études détaillées de l’anatomie à partir d’un travail préparatoire à la mine de plomb, au fusain et à l’encre. Ses fonds semblaient aussi lisses et satinés que de l’ivoire. L’utilisation seule de teintes grisées sur un blanc opale1 fait écho à la sculpture.

L’intérêt de Foujita pour l’art de la Renaissance (les œuvres du xvie siècle et celles du Trecento) est commun avec d’autres peintres de l’entre-deux guerres. Ce retour au classicisme, à la représentation de la figure humaine et ce goût pour la fréquentation des musées d’art est défini dans la peinture comme un « rappel à l’ordre » (terme emprunté à un opuscule de Jean Cocteau, paru en 1926).

 

 

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Foujita se distingue cependant de ses contemporains en employant une technique qui ressemble à celle de la peinture sur ivoire. Sa technique se caractérise par l’utilisation du cerné noir réalisé avec un pinceau fin et l'emploi de couleurs finement poudrées posées en transparence.

 

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À une époque où beaucoup de ses contemporains mettaient en œuvre une couleur pure avec une accumulation de la matière, Foujita mettait au point une œuvre toute en transparence, plus proche du dessin que de la peinture.

 

 

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 Très rapidement, en particulier après ses trois premières expositions personnelles, Foujita connaît la gloire. Il est de tous les Salons de peinture, non seulement à Paris mais aussi à Bruxelles, en Allemagne, aux États-Unis et au Japon ; son nom et les photographies de ses exploits illustrent de nombreux articles de la presse nationale et internationale.

 

 

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Alors que Fernande se détourne de lui, Foujita rencontre à la Rotonde Lucie Badoud, qu'il surnomme Youki (« neige » en japonais), à cause de la blancheur de sa peau; elle devient non seulement sa muse mais aussi une égérie de Montparnasse. Ils sont de tous les bals et les stars des Années folles.

 

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Foujita et Youki

 

 


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 Afin d'aller y vendre ses œuvres, il retourne à Tokyo avec Youki après dix-sept ans d'absence et après avoir répudié sa première fiancée. Il doit minimiser son train de vie, vendre maison et voiture et perd Youki, follement éprise du poète surréaliste  Robert Desnos . Après avoir tenté l'expérience utopique d'une vie à trois, Foujita ne voit qu'une issue possible, quitter Paris.

 

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Youki et Robert Desnos 

 

 

Il part fin décembre 1931 avec son modèle, Madeleine, pour un voyage extraordinaire de deux ans en Amérique latine. Il se contente de laisser une lettre d'adieu à Youki et de recommandation à Desnos. Madeleine, dite Mady Dormans, l'aide à surmonter ses déboires et leurs découvertes, Brésil, Argentine, Colombie, Pérou, Mexique et Californie, lui redonnent goût à la vie et à la peinture.

 

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Sur son action dans l’armée impériale japonaise pendant cette période, l’historien J.-L. Margolin écrit que « figure de proue des peintres de guerre, il n’avait jamais manifesté le plus petit doute, même en privé, quant à la justesse de la cause impériale ». Une organisation japonaise précisant même en 1946, que Fujita « collabora de la façon la plus active et la plus énergique avec l’armée au travers de son travail artistique. S’investit par écrit dans la propagande militariste. Voix écoutée dans le monde de l’art, comme dans la société, il eut un rôle important dans les mouvements militaristes et une influence extrêmement forte sur l’ensemble du peuple ». Cela ne l’empêcha pas d’être, dès 1945, « le principal collaborateur des Américains dans le domaine de l’art […] de rassembler pour eux des peintures de guerre, sans se priver au passage de placer certains de ses propres tableaux dans les meilleures collections américaines ».

 

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"La charge suicide d'Attu "

 

Seul son départ définitif du Japon pourra l'apaiser. Après une attente de trois années pour obtenir un visa, Foujita s'envole pour New York en 1949, protégé par le général MacArthur. Kimiyo, celle qui sera sa dernière épouse, le rejoint quelques semaines plus tard.

Les peintures qu'il expose à la galerie Komor à New York demeurent parmi ses chefs-d'œuvre,dont Au Café (Parismusée national d’art moderne) =

 

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Foujita et Kimiyo 

 

 Il repart à zéro à Paris. Il mène une vie calme, laborieuse, sereine et retirée du monde. Il se rend régulièrement à la cité Falguière pour dîner son ami Tadashi Kaminagai, qui, sur sa recommandation, s'était installé pour quelques années au Brésil en 1941 et y avait rencontré le succès.

En 1955, il obtient la nationalité française.

 

 

 

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Il se convertit au catholicisme1 le ,
après avoir connu, en compagnie de son ami Georges Prade, une illumination mystique en visitant la basilique Saint-Remi, à Reims. Sa marraine est Béatrice Taittinger, son parrain René Lalou ; il prend le prénom baptismal de « Léonard », en l'honneur du bienheureux Léonard Kimura, l'un des martyrs du Japon. Le prénom évoque aussi l'amour qu'il voue à l'art de Léonard de Vinci.

En 1964, il décide avec René Lalou — son parrain, qui dirigeait la maison de champagne Mumm —, de bâtir et décorer une chapelle à Reims : la chapelle Notre-Dame-de-la-Paix, dite chapelle Foujita, commencée en 1965, et terminée en 1966. Son dernier grand chantier sera les fresques de cette chapelle en étroite collaboration avec l'architecte rémois Maurice Clauzier.

 

 

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Léonard Foujita meurt d'un cancer le , à Zurich, en Suisse. Après avoir été inhumé à Reims, puis exhumé pour Villiers-le-Bâcle (Essonne), sa dépouille mortelle repose à nouveau (depuis le ) dans la chapelle Foujita à Reims, auprès du corps de sa dernière épouse qui l'a rejoint en 2009.

 

 

<<L’exposition démontre le talent de l’artiste fou de dessin qui, après son illustre prédécesseur Hokusai, maniait le pinceau avec brio.

Le trait de Foujita se révèle d’une sureté sans faille et ses lignes d’une finesse calligraphique exemplaire avec l’utilisation du sumi (encre noire japonaise) autant sur le papier que pour ses huiles.

Il laisse à la couleur un rôle secondaire mais si décisif qu’elle en sublime le trait. La délicatesse de la gouache et de l’aquarelle emplit les formes par aplat, pour des transparences subtiles lorsqu’il s’agit de peinture à l’huile. Lorsqu’il utilise des fonds d’or, ceux-ci renforcent l’impression de préciosité et de raffinement.>> 

 

 

 

ANNE VR(-_-)xxx

 

 



28/03/2018
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