LES NABIS : MAURICE DENIS/ SÉRUSIER /BONNARD /MAILLOL / VUILLARD /ETC........
Maurice Denis "Le Paradis"
L'Art moderne est né au coeur du XIX eme siècle tout d'abord par les Impressionnistes qui bouleversèrent la peinture académique des maîtres de la Renaissance .Et particulièrement l'audace de certains comme Manet ,Van Gogh ,Cézanne ,Degas ,Renoir ,Monet .
Cependant certains jeunes peintres encore plus rebelles et inventeurs voulurent éclater complètement les règles et se libérer du réel comme Gauguin qui ouvrit la porte du futur avec " l'Art est une abstraction "ou "L'Art du tout oser" et " Le mouvement nabi" postimpressionniste d'avant-garde, né à la fin du XIX eme siècle et le début du XX eme siècle.
Les « Nabis » est le nom que se sont donnés les jeunes peintres qui se regroupent autour de Paul Sérusier vers 1888.
Le terme Nabi, ou nebiim signifie en hébreu, dans un sens actif « orateur » ou « annonciateur », ou dans un sens passif « celui qui est ravi dans une extase » ou « appelé par l'esprit ».
En occident Nabi a été traduit par « prophète », « illuminé » ou encore « celui qui reçoit les paroles de l'au-delà », « l'inspiré de Dieu ».
Bref comme un initié qui "voit" ce que l'homme ne voit pas ,et veut "réveiller" le monde et affirmer " la Spiritualité" dans L'Art .leur conviction est que : <<le sens et la tâche de tous les efforts artistiques est la libération de l'essence spirituelle des forme et des couleurs et la rupture des liens qui nous emprisonnent dans le monde des objets >>
Cette définition comblera tout l'Art du XX eme siècle , la preuve : elle est extraite du cours du professeur Itten au Bauhaus !
Dans le mouvement Nabi il y a du Fauve ,de l'Expressionniste ,du Surréaliste ,du Cubiste ,du Tachiste et de l'Abstrait . Mais les" Nabis" ne constituaient pas un vrai mouvement ni une école ,ils restèrent des individus bien séparés et finirent par faire chacun leur propre chemin artistique. Ce qui est sûre c'est que leur enthousiasme et leur fureurs de peindre ensemble pendant ces années leur procura un vrai bonheur et une véritable amitié .
Ils se donnent tous un surnom, comme un nouveau Baptême, signe de leur initiation et paraphent les lettres qu'ils échangent du sigle ETPMV et MP : « En Ta Paume Mon Verbe et Ma Pensée »
A société d'initiés ,langage d'initiés ,comme pour protéger les échanges et marquer plus encore le privilège de la différence les Nabis développèrent un vocabulaire ésotérique souvent repris de l'hébreu ou de la Bible .
Une peinture = une Icone
Un atelier = une ergastère
une bourgeois =un ignare
En 1889 le livre d'Edouard Schuré " Les Grands Initiés " devient leur livre de chevet dont l'introduction donne le ton :<< Le plus grand mal de notre temps est que la Science et la Religion y apparaissent comme deux forces ennemis et irréductibles .Mal intellectuel d'autant plus pernicieux qu'il vient de haut et s'infiltre sourdement mais sûrement ,dans tous les esprits comme un poison subtil qu'on respire dans l'air . Or tout mal de l'intelligence devient à la longue un mal de l'âme et par suite un mal social .>>
Comme toujours cela rejoint Gauguin :<< Ils cherchèrent autour de l'oeil et non au centre mystérieux de la pensée et de là tombèrent dans des raisons scientifique .>>
Ce cercle nait d'une controverse autour d'une peinture de Paul Sérusier, Le Talisman, l'Aven au Bois d'Amour, réalisée sous la direction de Paul Gauguin, rencontré en Bretagne à Pont-Aven, durant l'été 1888.
(L'école de pont Aven dont les artistes les plus connus ont été Paul Gauguin (arrivé en 1886), Émile Bernard, Paul-Émile Colin, Paul Sérusier, Charles Filiger, Maxime Maufra, Henry Moret, Ernest de Chamaillard.
Les styles de peinture les plus variés, du synthétisme de Félix Jobbé- Duval à l’impressionnisme de Maxime Maufra ont été pratiqués.)
Gauguin encourage Sérusier à se débarrasser de la contrainte imitative de la peinture, à user de couleurs pures et vives, à ne pas hésiter à exagérer ses visions, et à donner à ses peintures sa propre logique décorative et symbolique.
Lorsque Sérusier revient à Paris, son tableau fait naître des débats enflammés avec les autres étudiants de l'Académie Julian (48 Rue du faubourg Saint Denis fondée en 1868 par Rodolphe Julian élève de Cabanel et de Cognier ) et de l'École des Beaux-Arts, sur le rôle sacré de l'art et de la peinture. Sérusier forme le groupe des Nabis, avec ses proches amis de l'atelier Jullian dont Gauguin était leur Dieu ,et quelques autres qui les suivirent :
Paul Sérusier 1864-1927
" le Nabi à la barbe rutilante,ou le bon Nabi, ou encore Nabi boutou coat."
Paul Sérusier avait une barbe rousse nabi boutou coat : aux sabots de bois en breton
En 1885, après avoir travaillé dans la société d'un ami de son père pendant une courte période, il entre à l'Académie Julian.D'un caractère agréable, il sympathise vite avec les étudiants et les professeurs. Son amitié avec Maurice Denis date de cette époque.
Il passe l'été 1888 à la pension Gloanec de Pont-Aven, en Bretagne, ville qui attire alors beaucoup d'artistes français et étrangers.Là, son attention se porte sur un petit groupe d'artistes qui gravitent autour d'Émile Bernard et de Paul Gauguin.Il se rapproche d'eux et reçoit même une leçon gratuite de Paul Gauguin lorsque ce dernier lui présente sonChrist jaune.
Gauguin encourage Sérusier à se débarrasser de la contrainte imitative de la peinture, à user de couleurs pures, vives, à ne pas hésiter à exagérer ses visions, et à donner à ses peintures sa propre logique décorative et symbolique.
Avec ses proches Pierre Bonnard, Maurice Denis, Henri-Gabriel Ibels et Paul-Élie Ranson, qui partagent ses idées, Sérusier forme le groupe, des nabis.
Ils se rencontrent régulièrement pour parler de théories de l'art, de symbolisme, d'occultisme et d'ésotérisme.
En 1895, Sérusier accepte une invitation de son ami Jan Verkade à visiter le monastère bénédictin de Beuron, en Allemagne.
Les moines-artistes du monastère ont des principes selon lesquels les lois de la beauté seraient divines, mystérieusement cachées dans la nature, et ne pourraient être révélées qu'aux artistes possédant un sens des proportions et de l'harmonie des formes (« Dieu fit le Saint-Esprit selon la mesure, le nombre et le poids )
Pierre Bonnard 1847-1967 "Le Nabi trés Japonard"
On trouve un peu de Mucha (1860_1939) dans le 1er et un peu de Klimt (1862-1918) dans le 2eme
Peintre de personnages, figures, nus, portraits, paysages animés, intérieurs, natures mortes, fleurs et fruits, Bonnard est un artiste postimpressionniste membre du groupe des nabis.
Il suit en même temps les cours de l'Académie Julian et est admis à l'École des beaux-arts de Paris, où il rencontre Édouard Vuillard,de qui il se rapproche. Il découvre les peintures de Paul Gauguin, Edgar Degas, Claude Monet et Paul Cézanne.
Auto-Portrait
Il est fortement influencé par les idées de Paul Gauguin et par la vogue du japonisme. Tout particulièrement marqué par cette dernière tendance et la conception différente de la perspective et de l'espace que l'on retrouve dans le kakemono, Pierre Bonnard reçoit alors le surnom de « nabi très japonard »
En novembre 1889, Bonnard prête serment d'avocat. Pendant l'année 1890, il se rend tous les jours au prétoire. Il y dessine des hommes de loi.
Cette année-là, il effectue son service militaire comme soldat de 2e classe au 52e régiment d'infanterie àBourgoin. C'est l'origine de sa toile L'Exercice, où il manie des tons purs.
Les nabis s'avèrent également novateurs dans le domaine des arts graphiques, en réalisant des albums d'estampes et des livres illustrés. Pierre Bonnard est le premier nabi à s'intéresser à l'affiche.
Rejetant au départ le modelé de la peinture traditionnelle en faveur d'aplats de couleurs franches, cernés par une ligne évocatrice et élégante qui vise à l'effet décoratif, il trouve progressivement une voie toute personnelle, où il emploie pour peindre des sujets intimes, intérieurs, nus;fenêtres ouvertes sur jardin, des effets postimpressionnistes servis par des palettes de couleurs légères et lumineuses, le tout soutenu par un sens très sûr de la composition et du dessin.
Puis Bonnard voyage beaucoup à l'étranger, d'abord à Venise et à Milan en 1899, avec Roussel et Vuillard, puis en Espagne en 1901, Séville,Grenade, Tolède, Madrid. En 1905 et 1906, il entreprend une croisière en Belgique et aux Pays-Bas .Il atteint sa maturité et devient indépendant et célèbre.
Il arrivait à Pierre Bonnard, devenu célèbre, de retoucher ses toiles une fois celle-ci achetées et exposées dans un musée. Ses amis appelaient ça « bonnarder » ou « bonnardiser ». Un journaliste relate, en 1943, cette attitude devenue visiblement coutumière:
« Au musée de Grenoble puis au musée du Luxembourg,
il lui arriva de guetter le passage d'un gardien d'une salle à l'autre,
de sortir d'une poche une minuscule boîte garnie de deux ou
trois tubes et, d'un bout de pinceau, d'améliorer furtivement
de quelques touches un détail qui le préoccupait. Et, son coup fait,
de disparaître, radieux, comme un collégien après une inscription
vengeresse au tableau noir »
Pierre Bonnard
"Je suis d'aucune école, je cherche uniquement à faire quelque chose de personnel."
René Piot 1866-1934
Bien que l'un des premiers (1891) et fidèles élèves de l'atelier Gustave Moreau à l'École des beaux-arts de Paris, qui fut la pépinière du Fauvisme, Piot se rattache davantage au groupe des Nabis. Il subit en effet l'influence de Maurice Denis, dont l'esprit spéculatif et religieux était proche du sien. Il assura en 1893 la première publication du Journal de Delacroix, livre clé pour tous les peintres que préoccupaient les problèmes de la couleur à la fin du siècle.
Il témoignera surtout d'un effort pour renouveler l'art sacré et ses décors muraux, peints à fresque pour Gide (le Parfum des nymphes, 1908, Paris, Montmorency) et pour B. Berenson (1910, décor de la bibliothèque des Tatti, Settignano), de ses ambitions monumentales.
Le martyre de San Sebastian
Henri-Gabriel Ibels 1867-1936
"Le Nabi Journaliste "
Élève à l'Académie Julian, il y fait la connaissance de Pierre Bonnard, Édouard Vuillard, Maurice Denis, Paul-Élie Ranson et Paul Sérusier qui constituent le groupe des Nabis autour du Talisman. Surnommé le « Nabi journaliste » pour son penchant vers la vie sociale, illustrateur politique, passant son temps dans les journaux, il est l'un des maîtres de l'affiche et du dessin. Il puise son inspiration dans la vie de la rue, des cafés-concerts, des rings de boxe et du cirque.
"Monsieur Auguste"
il collabore au journal Le Père Peinard, feuille prolétarienne de l'anarchiste Émile Pouget, à la Revue anarchiste dirigée par son frère André (1872-1932), au numéro de La Plume consacré à l'anarchie, au Mirliton, àL'Escarmouche, La Revue blanche, Le Cri de Paris, Le Courrier français, L'Écho de Paris, L'Assiette au beurre (parfois avec son frère), et enfin Le Sifflet qu'il crée pour défendre Dreyfus.Il réalise un grand nombre de programmes pour le Théâtre-Libre.
Selon Félix Fénéon en 1891, « circonscrit par de fortes lignes, le pinceau de M. H.–G. Ibels volute à la Van Gogh dans le sens de la forme.M. Ibels, dans ses dessins, dans ses eaux-fortes, exerce une verve neuve de satiriste ».
Maurice Denis 1870-1943
"Le Nabi Aux Belles Icones "
Après des études au lycée Condorcet où il rencontre Édouard Vuillard, Paul Sérusier et Ker-Xavier Roussel, Maurice Denis se forme en fréquentant le musée du Louvre où les œuvres de Fra Angelico déterminent sa vocation de peintre chrétien, marquée ensuite par la découverte de Pierre Puvis de Chavannes. Il étudie simultanément à l’École des beaux-arts et à l’Académie Julian en 1888 mais il quitte rapidement la première, la jugeant trop académique.
Il rencontre cette même année Paul Sérusier qui lui offre son tableau, Le Talisman.Il fonde avec ce dernier le groupe des nabis et en devient le théoricien.Détachés ou non du christianisme, les Nabis cherchent des voies spirituelles au contact de philosophies et de doctrines teintées d’Orient, d’orphisme et d’ésotérisme.
En 1892, au Salon des indépendants, il présente un tableau énigmatique, Mystère (Matin) de Pâques, signé en bas à droite du monogramme « Maud » qui ajoute encore au mystère de l’œuvre.
En 1891, il fait la connaissance d'Henry Lerolle qui lui achète un premier tableau, lui commande un plafond, et le reçoit chez lui. (voir l'article Rouart /Renoir -Lerolle /Vallery-Radot )
Le jeune peintre rencontre chez lui, le musicien Ernest Chausson qui lui commande à son tour trois plafonds pour son hôtel particulier parisien du boulevard de Courcelles, le collectionneur Arthur Fontaine, et Denys Cochin qui lui commande La Légende de saint Hubert. Henry Lerolle le présente au galeriste Paul Durand-Ruel, le jeune artiste nabi est lancé. Il entreprend une correspondance avec Jacques-Émile Blanche.
Il enseigne à l’Académie Ranson, de 1908 à 1921. Il fonde en 1919 les Ateliers d'art sacré avec George Desvallières, et forme toute une génération de jeunes peintres, côtoie le peintre fauviste Victor Dupont. Sa reconnaissance officielle atteint son apogée après la fin de la Première Guerre mondiale, plusieurs expositions rétrospectives lui sont consacrées (Biennale de Venise en 1922, pavillon de Marsan à Paris en 1924).
Mais je consacrerai un article à Maurice Denis .
Édouard Vuillard 1868-1940
"Le Nabi Zouave "
Nabi zouave : Vuillard avait une barbe taillée à la militaire Membre fondateur du mouvement nabi, il s'illustre dans la peinture de figure, de portrait, d'intérieur, de nature morte, de scène intimiste, de composition murale et de décor de théâtre.
Au mois de , il entre à l'Académie Julian, où il a pour professeur Tony Robert-Fleury. En , à sa troisième tentative, il est admis à l'École des beaux-arts de Paris. L'année suivante, pendant six semaines, il a pour professeur Jean-Léon Gérôme.Pendant ses études, Vuillard s'intéresse aux natures mortes réalistes et aux intérieurs domestiques. Les artistes allemands du XVII em siècle l'intéressent particulièrement. Plus tard, Vuillard peint aussi de grands panneaux décoratifs représentant des paysages.
En 1889, Maurice Denis le convainc de se joindre à un petit groupe dissident de l'Académie Julian, qui réalise des œuvres empreintes de symbolisme et de spiritualité, et qui s'autoproclame « confrérie des Nabis ».
Paul Sérusier développe dans le groupe nabi un amour de la méthode synthétiste, qui repose sur la mémoire et l'imagination plus que sur l'observation directe.
Vuillard, d'abord réticent à l'idée que le peintre ne cherche pas à reproduire de façon réaliste ce qu'il voit, finit, vers 1890, par s'essayer à ses premières œuvres synthétistes.
Bonnard et Vuillard en Italie en 1899
Le voyage de Vuillard , Bonnard et Roussel à Venise en 1899
Ker-Xavier Roussel 1867-1944
"Le Nabi Bucolique"
Artiste français, auteurs de peintures et d'estampes. Il fait partie du groupe des Nabis. Il était le beau-frère d'Édouard Vuillard.
De leur vivant, Bonnard-Vuillard-Roussel ne faisaient qu’une seule affiche, trois noms qui, associés à ceux de leurs amis Denis et Maillol, ont le plus incarné le mouvement nabi.Imprégnée de nature, de poésie et prenant racine dans la mythologie, la peinture de Ker-Xavier Roussel est faite de virtuosité et de puissance évocatrice.
<< Il faudrait peindre comme on regarde ; il faudrait que le pinceau puisse poser, comme le regard le cueille, le fleur de la vision, avant que des éléments vains et lourds ne s’immiscent en elle ».Roussel
En 1882, il rentre au lycée Condorcet. Il y acquiert une éducation classique très solide, et rencontre Édouard Vuillard, devenant son ami (plus tard il épousera la sœur de Vuillard). Il y rencontre aussi Maurice Denis et Lugné-Poe. En 1885, Roussel entre à l'atelier Maillart. Il suit les cours de l'École des beaux-arts à partir de 1888. En 1889, il fréquente l'Académie Julian, où se forme le groupe des Nabis. Roussel et Vuillard se lient d'amitié avec Bonnard. En 1891, Les Nabis exposent chez le galeriste Le Barc de Bouteville
En 1906, Maurice Denis et Roussel voyagent sur la côte méditerranéenne. Ils visitent Cézanne à Aix-en-Provence, Paul Signac à Saint-Tropez, et Cross à Cavalaire.
Deux ans plus tard, en 1908, Roussel fait un court passage comme professeur à l'Académie Ranson.
En 1912, il peint le rideau du Théâtre des Champs-Élysées
Paul-Elie Ranson 1861-1909
"Le Nabi plus Japonard que le Nabi Japonard"
Il étudie quelque temps à l'École nationale supérieure des arts décoratifs, qu'il quitte pour entrer à l'Académie Julian en 1886-1891. Il fait partie des cinq membres fondateurs du groupe des Nabis créé en 1888, où on lui attribue le surnom de « Nabi plus japonard que le Nabi japonard ».Ils se réunissent en dans un premier temps au café restaurant L'Os à Moëlle, passage Brady, puis à partir de 1889 dans son atelier au-dessus de l'appartement familial rebaptisé Le Temple pour l'occasion,situé au 25,boulevard du Montparnasse.On y trouve Paul Sérusier, Henri-Gabriel Ibels, Pierre Bonnard, et Maurice Denis.
Passionné de marionnettes depuis son plus jeune âge, il communique sa passion à tout le groupe.
Devant ses difficultés financières et son état de santé, le groupe des nabis décident de fonder une académie au nom de leur ami en lui en confiant la direction. L'ouverture a lieu en octobre 1908, avec un nombre non négligeable d'inscriptions. Après sa mort sa femme continuera le projet de l'Académie Ranson, en la transférant rue Joseph-Bara.
Paul Ranson, Paul Sérusier et Marie-France Ranson
L'Académie Ranson ( 25 Bd du Montparnasse ) est donc une école d'art fondée en 1908 à Paris par le peintre Paul-Elie Ranson Plusieurs des artistes nabis y enseignent. Au début des années 1930 s'y rassemblent, autour de Roger Bissière, un large groupe des jeunes artistes qui seront parmi les plus actifs dans la nouvelle École de Paris.
Maurice Denis et Sérusier y donnent bénévolement leurs cours, Roussel, Félix Vallotton et Vuillard y viennent plus ou moins régulièrement, ce qui contribue à entretenir sa notoriété. Maurice Denis dira que c'est un « centre très vivant d'expansion et de vulgarisation de nos théories »
On y trouve Concetta, ancien modèle d'Edgar Degas pour Les repasseuses et d'Auguste Rodin pour Le Baiser, qui veille à sa bonne tenue. Les élèves y séjournent pour des durées très variées, d'une semaine à un an, participant aux bals costumés qui y sont organisés .
Jan Verkade 1868-1946
"Le Nabi Obéliscal"
Obéliscal : Verkade était de très grande taille
<<Après avoir connu Gauguin, je fus amené à considérer mon esprit comme le principe qui ordonne tout ce qui s'offre à nous dans la nature. C'est ainsi que l'exercice de mon art me rendit à moi même. Ma peinture fut pour moi un nouveau soutien. Elle me rendit honnête et loyal et je devins plus recueilli, plus circonspect et plus prudent.>> Jan Verkade
Jan Verkade est une figure persistante du courant nabi. En Bretagne, grâce à Sérusier, il fut probablement plus nabi que jamais.D'abord parce qu'il y réalisa des œuvres où pour la première fois, il s'appliqua à mettre en pratique un certain symbolisme, au sens où le peintre devient une sorte d'interprète de la nature, d'un message subliminal qu'un œil non exercé ne saurait transmettre.
Ensuite, un changement dans sa perception du métier s'accompagne d'une profonde mutation intérieure et spirituelle. Une caractéristique que nombre de Nabis partageaient, entre les théosophes Ranson et Sérusier, le très catholique Denis, et plus généralement les rites qu'ils s'étaient créés, se réclamant presque comme étant une confrérie ou une sorte de société secrète. Même en choisissant d'opérer un retrait du monde lorsqu'il part à Beuron, Verkade ne se trouve pas à jamais isolé de ses anciens compagnons. Denis et surtout Sérusier lui rendirent plusieurs visites, entretenant avec lui une correspondance toute leur vie.
Par ailleurs, en rejoignant le père Lenz et ses théories sur les mathématiques sacrées, Verkade permit à Sérusier, par ailleurs féru de numérologie, d'élargir à son tour son champ d'investigation. Si bien que dans certaines œuvres de Sérusier (L'attente à la fontaine en est un flagrant exemple), on retrouve assez clairement un hiératisme, une géométrie des corps qui ne sont pas étrangères aux lois beuroniennes.
Les échanges entre ces peintres se poursuivirent donc en amitié, en théories et pratiques artistiques, bien au-delà de la période dite nabie.
Dans ses souvenirs, Jan Verkade, artiste nabis et futur moine-peintre, témoigne une sort de l'enthousiasme partagé par des jeunes artistes vers le début de 1890 pour la peinture murale ou le panneau décoratif : « Plus de tableaux de chevalet ! A bas les meubles inutiles ! La peinture ne doit pas usurper une liberté qui l'isole des autres arts. Le travail de peintre commence quand l'architecte considère le sien comme terminé.» Intéressés plus par l'intégration de la peinture dans l'architecture que par le tableau de chevalet isolé, Vuillard et d'autres artistes nabis pratiquent de nombreuses décorations intérieures, dont le panneau décoratif.
Verkade est amené à rencontrer le père Lenz, sorte de chef spirituel et artistique du monastère de Beuron où il se rend, pour la première fois en 1892. Il y passe quatorze mois durant lesquels il s'imprègne des théories beuroniennes et de la vie monastique.
il rejoint presque définitivement Beuron, y accomplit son noviciat en tant que peintre-oblat en 1897, avant d'être ordonné prêtre en 1902, sous le nom de Dom Willibrod Verkade. Il voyage, réalisant des fresques monumentales en Suisse, en Tchécoslovaquie, en Italie et à Jérusalem, puis, après des doutes sur la rigueur de cet Art de Lenz, renonce à la peinture et se consacre à la vie religieuse.
En 1922, il publie un récit autobiographique intitulé Le Tourment de Dieu, dans lequel il nous conte son parcours depuis l'enfance jusqu'à Beuron.
Félix Vallotton 1865-1925
"Le Nabi Étranger "
Vallotton est suisse de Lausanne d'une famille bourgeoise protestante. En 1882, il entre à l'Académie Julian à Paris,aux ateliers fréquentés par de nombreux artistes postim-pressionnistes, dont les futurs Nabis. En moins de dix ans, le jeune Suisse parvient à se faire un nom auprès de l'avant-garde parisienne. Sa renommée devient internationale grâce à ses gravures sur bois et à ses illustrations en noir et blanc qui font sensation. Il participe régulièrement à différents Salons (Salon des artistes français, Salon des indépendants, Salon d'automne).
Dès 1891, il renouvelle l'art de la xylographie Ses gravures sur bois exposées en 1892 au premier Salon de la Rose-Croix sont remarquées par les Nabis, groupe qu'il rallie en 1893.
La dernière décennie du siècle est également marquée par son travail d'illustrateur, notamment pour La Revue blanche. L'une de ses affiches, La revue La Pépinière est reproduite dans Les Maîtres de l'affiche (1895-1900).
Georges Lacombe 1868-1916
"Le Nabi Sculpteur"
Ses parents lui donnent une éducation religieuse stricte chez les Eudistes à Saint-Jean-de-Béthune à Versailles.Il deviendra par la suite un anticlérical convaincu. Il possède un atelier au fond du jardin de ses parents, fréquente la société versaillaise
Georges Lacombe – Autoportrait Musée Lambinet –Ville de Versailles
Il passe l'été en Bretagne et en 1892 par des amis communs, rencontre Paul Sérusier qui peint une fresque à thème breton dans son atelier de Versailles.
Bas relief en Bois de Noyer " L'Existence" 1894_1896 Musée d'Orsay
Les Nabis lui rendent visite pour admirer l'œuvre. Lacombe rejoint leur groupe et expose en 1893 deux bois sculptés chez Le Barc de Boutteville. En 1893, il découvre quarante-quatre peintures du premier séjour à Tahitide Paul Gauguin à la galerie Durand-Ruel. En 1894, il expérimente le néo-impressionnisme avec Théo Van Rysselberghe.
En 1899, il reçoit son ami Paul Ranson dont la santé s'est dégradée et qui participera à la décoration de sa maison L'Ermitage. Il ne repartira qu'en 1905.
Portraits de Paul Ranson par Georges Lacombe =
Mogens Ballin 1871-1914
"Le Nabi Danois"
Mogens Ballin est le fils unique d'une famille juive très croyante.Très jeune, il peint ses premiers paysages dans le Sealand au nord du pays. En 1889, il part pour Paris avec un compatriote, muni d'une lettre de recommandation pour Gauguin remise par Mette Gauguin,l'épouse du peintre, qui lui a donné des cours de français.Au bal Bullier, il fait la connaissance de Jan Verkade.Sur les conseils de Paul Sérusier, il part pour Pont-Aven, puis Huelgoat, et rencontre le céramiste Georges Rasetti. Il lit saint Augustin, les Évangiles, entre autres lectures spirituelles.
En 1892 il participe aux réunions des Nabis. Le baptême de Jan Verkade l'ébranle et il décide de se convertir au catholicisme.Il part pour l'Italie avec Verkade et se fait baptiser le 5 janvier 1892 par les Franciscains de Fiesole. Il prend le nom de Francesco. Les deux hommes reprennent leur voyage et découvrent les fresques des moines de Beuron dans la ville éternelle. Verkade part ensuite pour Beuron et Ballin rejoint le Danemark. Il illustre avec Verkade la revue Taarnet du poète Johannes Joergensen et part en sa compagnie pour Assise.
En 1899 Mogens fonde un atelier d'arts décoratifs
Rare est la peinture de Ballin en raison de sa courte productivité, il s'est néanmoins impliqué très nettement dans les réformes plastiques des Nabis : couleurs en aplats, cernes qui chez lui sont bleus, perspective fausse ou absente, horizons hauts des paysages... Ses portraits révèlent sa quête spirituelle, son mysticisme latent, sous l'influence de Charles Filiger, il peignit des portraits comme des icônes byzantines modernes. Paul Sérusier dit de lui : « Ballin laisse entrevoir un art étrange et grave, riche et fantastique. » Il renonça trop tôt à peindre.
József Rippl-Rónai 1861-1927
"Le Nabi Hongrois"
Après avoir passé l'été à Pont Aven en en 1889 et découvert une peinture qui l'enthousiasme Joszeph vit désormais avec son modèle Lazarine Baudrion qui deviendra son épouse, il fait une première exposition personnelle au palais Galliéra en 1892 lui apporte des critiques élogieuses et de nombreuses ventes . En 1893, il expose chez Le Barc de Boutteville avec les Nabis. L'année suivante il devient le Nabi hongrois rencontre Cézanne, Gauguin, Toulouse-Lautrec. Il expose désormais avec les Nabis notamment chez Bing en 1895.
En 1899 il aura l'honneur d'une exposition personnelle de 130 œuvres.
À Banyuls-sur-Mer, chez Maillol, il prend conscience de la nature profonde et sensuelle et veut peindre sur le vif et d'après nature.
Charles Filiger 1863-1928
Charles suit des études classiques et, voulant devenir peintre,son père l'inscrit à l'École des arts décoratifs à Paris.Il y arrive vers 1886 et fréquente l'Académie Colarossi 10 rue de la Grande-Chaumière.Il expose aux Salon des indépendants en 1889 et 1890. Il gagne Pont-Aven en 1888, où il séjourne à la Pension Gloanec, un des lieu de rendez -vous des peintres de l'école de Pont -Aven
Puis au Pouldu, où il loge à l'Auberge de Marie Henry , autre lieu fréquenté par de ces même peintres
Il y retrouve Paul Gauguin qui loge dans la chambre sur cour, et Meyer de Haan, dans la grande chambre. Paul Sérusier les rejoint en 1890, il loge dans la chambre sur rue.Il chante, joue de la mandoline, Gauguin de la guitare. Ces jeunes artistes se retrouvent là dans un endroit plus tranquille que Pont-Aven, partagent une franche camaraderie et un désir d'ouvrir une nouvelle voie dont Gauguin s'impose comme chef de file.
Il poursuivit une œuvre originale et mystique. Sans vraiment faire partie du groupe des nabis, il en partage toutes les caractéristiques, et ceux-ci connaissaient son travail. Son travail est comme un feu mystique, en réaction à tout matérialisme, recherchant la spiritualité. Il peint, comme les peintres d'icônes, des visages ovales aux formes épurées, simplifiées, aux grands yeux ouverts en quête d'un absolu.
Adolf Robbi 1868-1920
Après ses études à Munich, il complète sa formation auprès de l'Académie Julian à Paris où il prend goût aux techniques de son temps et où étudie également son cousin le peintre Andrea Robbi (1864-1965). Il s'installe en 1887 au 17 rue Jacob, au cœur du Quartier Latin deParis.
À Paris, il rejoint en 1888 avec d'autres élèves, le mouvement nabi fondé par Paul Gauguin, s'engageant dans des discussions passionnées, cherchant sa voie dans des philosophies orientales, s'intéressant à l'orphisme, l'ésotérisme et la Théosophie. Dans son œuvre il utilise les couleurs vives, les figures expressives. Il se rapproche du mouvement de Pont-Aven et trouve sa voie dans l'impressionnisme. Il s'installe en Bretagne à Pont Aven, la Cité des Peintres, dans une dépendance du célèbre Hôtel des voyageurs où il paye parfois sa note en échange de ses tableaux qui décorent la salle. En 1891 il expose au Salon du Champ de Mars.
Le lac de Constance
Aristide Maillol 1861-1944
Il commence sa carrière dans la peinture et s'intéresse très tôt aux arts décoratifs : céramique et tapisserie, avant de se consacrer à la sculpture, vers l'âge de quarante ans .
Sa peinture est influencée par ses contemporains, il admire Pierre Puvis de Chavannes. Il appartient au groupe des Nabis, où il côtoie Bonnard, Vuillard et Maurice Denis, et sa rencontre avec Paul Gauguin, en 1892, est décisive.
En réaction à l'impressionnisme, au naturalisme, les Nabis ont voulu libérer leur peinture des exigences du réalisme, comme Henri-Gabriel Ibels a pu l'écrire :
« Ensemble, nous avons méprisé l'école et les écoles, les rapins,leurs traditions, leurs farces et leurs bals inutilement nudistes. Ensemble nous nous sommes sérieusement amusés ».
Pour cela il ont renoncé à la perspective , privilégié la synthèse ,le contour et l'aplat,tout sacrifié à la couleur et aux lumières insolites, éclaté l'espace ,libéré la forme et la composition , utilsé le verticale et le diagonal .
Détachés ou non du christianisme, les artistes nabis ont chercher des voies plus spirituelles au contact de philosophies et de doctrines nouvelles teintées d'Orient, d'orphisme, d'ésotérisme et de théosophie. Ils se sont appliquer à retrouver le caractère « sacré » de la peinture et à provoquer un nouvel élan spirituel au moyen de l'art . "La conscience du Sacré".
L'art des Nabis qui a continué celui de l'école de Pont-Aven, de Gauguin, de Van Gogh, de Cézanne, et d'Odilon Redon, s'imprègnait, comme les œuvres des musiciens de leur époque, Satie et Debussy, d'orientalisme et de japonisme, notamment au travers des ukiyo-e parus dans la revue Le Japon artistique. Vuillard a possédé une importante collection d'objets japonais. Ils se sont nourris des textes de sagesse orientale et des ouvrages ésotériques et « occultisants », fort en vogue à l'époque.
<<Un conseil ne peignez pas trop d'après nature .l'Art est une abstraction , tirez la de la nature en rêvant devant et pensez plus à la création qu'au résultat , c'est le seul moyen de monter vers Dieu , en faisant comme notre divin Maître : créer ........>>
Gauguin
ANNE VR(-_-)xxx
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